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Kerry et Lavrov fixent un calendrier à Damas, l'opposition syrienne dénonce

L'Europe a salué l'accord conclu samedi à Genève par la Russie et les Etats-Unis pour éliminer les armes chimiques de la Syrie, contrairement à l'opposition syrienne qui le condamne.

14 sept. 2013, 22:17
Une rencontre tripartite entre les chefs de la diplomatie russe et américaine Sergueï Lavrov (gauche) et John Kerry (dr.) avec l'émissaire spécial de l'ONU Lakhdar Brahimi (centre) doit commencer incessamment, a annoncé vendredi une porte-parole de l'ONU.

Les capitales européennes ont salué l'accord conclu samedi à Genève par la Russie et les Etats-Unis pour éliminer les armes chimiques de la Syrie. Ce plan en six points fixe un calendrier précis pour que Damas obtempère. Il a été vivement critiqué par l'opposition au régime de Bachar al-Assad.

L'accord, annoncé par le secrétaire d'Etat américain John Kerry et son homologue russe Sergueï Lavrov, donne une semaine aux autorités syriennes pour présenter la liste de leurs armes chimiques. Il prévoit un accès en Syrie pour des inspecteurs "pas plus tard qu'en novembre" afin d'inspecter tous les sites du pays.

Le but est d'avoir retiré toutes les armes chimiques de la Syrie à la mi-2014, a précisé M. Kerry, insistant à plusieurs reprises sur la nature vérifiable et crédible du processus. Selon un responsable américain, Damas détient 1000 tonnes d'armes chimiques sur 45 sites.

La procédure de ratification par la Syrie de la Convention de l'ONU interdisant les armes chimiques sera en outre accélérée. Les Nations unies ont confirmé samedi avoir reçu un dossier complet d'adhésion de Damas à cette Convention, qui sera effective dans 30 jours.

Menace de sanctions

"Il n'y aura pas de place pour des manoeuvres ou rien d'autre qui ne soit pas une complète application" du plan par Damas, a dit M. Kerry. L'accord prévoit l'adoption d'une résolution de l'ONU "se référant au chapitre VII" de la Charte de l'ONU. Ce texte prévoit l'adoption de sanctions en cas de non-respect des obligations. Mais le type de sanctions appliquées doit faire l'objet d'un consensus.

Sergueï Lavrov a confirmé que le Conseil de sécurité réagirait "selon le chapitre VII de l'ONU" au cas où les exigences ne seraient pas appliquées "par qui que ce soit". Il a toutefois souligné que l'accord de Genève ne mentionne pas l'usage de la force ni le recours automatique à des sanctions.

Plus généralement, les deux ministres ont exprimé leur espoir que le conflit puisse être réglé par la diplomatie. Ils souhaitent donner un nouvel élan à la conférence internationale de Genève II, évoquée depuis des mois. M. Kerry a toutefois répété que Washington se réserve toujours le droit de recourir à la force si nécessaire.

Rejet de l'opposition

Réunis à Istanbul pour élire un Premier ministre par intérim, les principaux dirigeants de l'opposition syrienne ont rejeté ce plan. L'accord n'aidera pas à résoudre la crise et peut même être considéré comme un coup porté à l'insurrection, a critiqué le général Selim Idris, chef du Conseil militaire suprême de l'opposition syrienne.

"Nous avons dit à nos amis que le régime (de Damas) avait commencé à transférer une partie de son arsenal chimique au Liban et en Irak. Nous leur avons dit de ne pas se laisser berner", a-t-il ajouté. "Au diable ce plan Kerry-Lavrov!", a renchéri un autre chef militaire rebelle, Kassim Saadeddine.

Le nouveau chef du gouvernement intérimaire de l'opposition, l'islamiste modéré Ahmad Tomeh, n'a quant à lui pas directement commenté l'accord de Genève. Il a promis l'instauration d'une "nouvelle république, où il n'y aura pas de place pour les tueurs et les criminels".

Satisfaction européenne

Le ton était tout autre en Europe. L'Union européenne, la France, la Grande-Bretagne et l'Allemagne ont salué l'accord de Genève. Londres a toutefois estimé qu'"un travail urgent d'application va commencer".

Même satisfaction en Suisse. Berne a une nouvelle fois proposé son concours aux investigations de l'ONU sur l'usage présumé d'armes chimiques en Syrie et à leur destruction. Elle est en outre prête à soutenir la préparation et la tenue d'une éventuelle conférence internationale à Genève.

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a, lui, espéré que cet accord "prépare le chemin à une solution politique qui mettra un terme aux souffrances affreuses infligées au peuple syrien". M. Ban a récemment accusé Bachar al-Assad de "crimes contre l'humanité".

Quant à l'Iran, allié de Damas, il a estimé que les Etats-Unis n'avaient désormais plus de "prétexte" pour frapper la Syrie.

Poursuite des combats

Sur le terrain, l'aviation syrienne a bombardé samedi des quartiers de Damas contrôlés par les rebelles. Les combats se poursuivaient aussi pour le contrôle de la localité chrétienne de Maaloula, près de Damas.

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