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Daniel Rossellat: "la dimension humaine ne dépend pas du nombre de festivaliers"

A quelques heures du coup d'envoi du 40e festival, le fondateur de Paléo, Daniel Rossellat, a répondu à vos questions sur lacote.ch entre 17 et 18 heures.

17 juil. 2015, 19:19
Daniel Rosselat invité du Quotidien de La Côte et de lacote.ch.

La sécheresse risque-t-elle de conduire à l'annulation du feu d'artifice de dimanche?

Feu d’artifices. Il n’y aura pas de souci. Evidemment que l’on tient compte de la situation de sécheresse par rapport aux risques d'incendie. Nous avons prévu de restreindre les feux, notamment les foyers allumés par des campeurs seront interdits. Nous n’embraserons pas les braseros sur le terrain et les éventuels feux indispensables feront l'objet d'une surveillance rapprochée.

Le feu d’artifice du dimanche n’est pas concerné pour le moment. Si les fusées et pétards devaient être interdits dans le canton, nous obtiendrons une dérogation, car un important dispositif de pompiers est en place. Il y a davantage de soldats du feu et de tuyaux à l'Asse que dans n’importe quel village le 1er Août.

En son temps, la ville de Nyon avait voté une loi contre la fumette. A quand une loi contre le marché noir des billets?

La ville de Nyon n’a pas la compétence de voter une loi, ni contre la fumette, ni contre le marché noir. Il y a eu des interventions au niveau fédéral pour une loi qui empêche le marché noir. Mais le Conseil fédéral nous a répondu par la négative, essentiellement pour des motifs de liberté de commerce.

Ce 40e anniversaire sera-t-il l'occasion d'exploiter et mettre en valeur les archives musicales du Paléo Festival?

On a conservé tous les enregistrements audio ou vidéo des concerts, mais on a tout ça dans un classement assez « poétique » sur des supports variables et pas forcément viables aujourd’hui. Nous avons digitalisé un certain nombre de ces documents pour une éventuelle utilisation ultérieure.

Paléo a une vocation différente de Montreux, car le Montreux Jazz Festival a toujours fait de ses archives un axe important. La qualité des concerts en salle par ses lumières et son son, méritait davantage d’être gravés, collectés et mis en valeur.

Et si le poisson d’avril annonçant le déménagement du Paléo à Divonne se réalisait un jour (à cause des travaux du Nyon-St Cergue, déchetterie…), auriez-vous une solution de repli dans la région?

L’urbanisation croissante de la région de l’Asse nous pose problème. Nous essayons toutefois de trouver des arrangements ici.

Dans la région, il y a très peu d’endroits où on pourrait trouver pareils terrains de 100 hectares, équipés, proches des axes de transports.  

Qu'en est-il des bénévoles slaves qui ont disparu après des années de bons et loyaux services, de la sécurité qui s'est professionnalisée, de la collaboration avec les stups… des souvenirs de 10 ans! Bonne journée, bon plaisir. Et bon festival!

Il n’y a pas eu de changement. Excepté que nous avons eu des restrictions pour l’engagement de collaborateurs bénévoles qui ne sont pas de la zone européenne.

Pour la sécurité, nous comptons environ 1000 collaborateurs bénévoles. Et il est vrai qu’ils viennent essentiellement de Suisse et de France.

Comment dédommagez-vous les agriculteurs dont vous occupez les champs pendant le festival?

Paléo loue un peu plus de 80 hectares. Pour cela nous traitons avec 22 propriétaires et agriculteurs différents. Nous nous fendons à la fois d’une location et d’une indemnité pour perte de cultures. Nous sommes corrects avec des agriculteurs qui sont tous traités sur pied d’égalité, selon le type d’utilisation que l’on a.

Pensez-vous que Paléo pourrait s’exporter? Avec ses concepts comme le village du monde, ses différentes spécialités culinaires représentées, son sens de l’accueil… son savoir-faire en matière de sécurité et de service aux festivaliers, je ne sais pas… en France ou au Québec? Après tout, vous avez inspiré des festivals amis comme les Vieilles Charrues ou les Eurockéennes en France en matière d’accueil et de confort des festivaliers.

Je pense que notre festival est considéré comme un modèle par beaucoup d’autres organisateurs par rapport à la qualité d’accueil, le choix de nourriture, les installations artistiques. Les autres organisateurs sont suffisamment malins pour reprendre les idées qui leur semblent bonnes. Et chez nous, il n’y a rien de breveté.

Peu à gagner, beaucoup à perdre. Le modèle Paléo est beaucoup lié à Nyon et à sa région. Beaucoup d’autres festivals peuvent s’en inspirer, mais nous n’avons pas de brevets à déposer sur ces qualités. Et nous n’avons pas de volonté de prestige, ni l’ambition de faire de Paléo une marque mondiale.

Des gens se plaignent dans le centre-ville, pourquoi Paléo a fait sa fête dans le centre-ville et pas sur le terrain. Ça bloque les parkings?

Beaucoup d’autres commerçants regrettent qu’il n’y ait pas davantage de Paléo en ville. Manifestement, on ne peut pas plaire à tout le monde.

Vous allez battre un record de fréquentation cette année en étendant le festival à une semaine pleine? Y-a-t-il un seuil critique de spectateurs à ne pas dépasser pour ne pas dénaturer le Paléo?

Ce qui est important, c’est la capacité du lieu. Et la dimension humaine ne dépend pas du nombre. On peut avoir quelques milliers de personnes et se trouver dans une situation très inconfortable. C’est comme pour une ville. La qualité du cadre de vie n’est pas directement proportionnelle ou inversement proportionnelle au nombre d’habitants.

Payez-vous encore vos places pour aller voir un concert?

C’est vrai que je ne paie pas souvent (rires…). Que ce soit pour assister à un conert ou à un autre type d’événements. Car il y a des relations entre organisateurs de festivals, concerts ou autres événements basées sur l’échange d’invitations.

Je vais voir des festivals dans le monde entier et je suis toujours accrédité.

Vous êtiez une bande de potes à avoir créer le Paléo, est-ce qu’avec le temps, l’amitié et la passion commune pour la musique reste intacte?

Au premier festival, on était 35. Aujourd’hui, on est 5000… Evidemment que les gens ont pris des chemins un peu différents. Il y en a qui sont là depuis le premier festival certes – et ils seront là cette année particulièrement. Le nombre de collaborateurs a rapidement beaucoup augmenté. Nous ne sommes plus qu’une poignée à compter 40 festivals au compteur.

Et côté artistes, hormis Malicorne, il n’y en a plus beaucoup qui sont encore en vie.

 

 

Quelle est, à votre goût, la plus belle affiche de l'histoire de Paléo ? (au niveau graphique...)

Une qui est très belle est celle de 1986, avec sa guitare stylisée en couleurs. A la fois simple et très forte, elle ne vieillit pas.

Celle de 2004 avait aussi un impact visuel très fort.

Les festivités à Nyon comme le Château illuminé, les TPN gratuits… c’est la commune qui paye ou le Paléo?

L’illumination du château, c’est Paléo qui paie. La fête en ville, c’est un cadeau du festival à la ville. Comme c’est un cadeau, je ne vais pas en révéler le prix. Quant aux transports publics, c’est la commune qui les met gracieusement à disposition, tout comme la mise à disposition de la place Perdtemps. C’est ainsi depuis vingt ans, à raison d’un rendez-vous au centre-ville tous les cinq ans.

Pourriez-vous installer un «tronc» dans le périmètre de l’Asse pour permettre de «sauver» le foot local via les dons anonymes ?

Nous avons sur le terrain le bar du Stade et nous n’avons pas prévu de le rebaptiser « Le Stade se barre ». Ceci dit, la situation du Stade Nyonnais me préoccupe car je suis persuadé que Nyon a besoin d’une équipe de football de bon niveau.

Allez-vous installer des points d’eau gratuits à tous les endroits stratégiques du festival?

Oui, il y a des points d’eau gratuits. Ceux-ci sont indiqués par des panneaux Palé’eau. Ceux-ci se situent tant sur le terrain qu’au camping. Ces dispositions avaient été prises après la canicule de 2003 et nous les avons toujours concernés.

En outre, cette année, nous allons renforcer des mesures de sécurité lié à la sécheresse, notamment dans la prévention des incendies.

Comment répondez-vous aux critiques que pour le 40e Paléo vous avez programmé beaucoup d’ «anciens» donnant l’impression d’un déjà-vu?  Est-ce que vous avez mis le nez dans les choix de programmation? Avez-vous assisté de manière directe vos programmateurs?

Nous assumons un côté nostalgique de la programmation, parce que justement un 40e est l’occasion de porter un regard sur le chemin parcouru. Ce que je sais, c’est que beaucoup de spectateurs sont extrêmement contents de ces choix.

Pour la programmation, c’est Jacques Monnier qui est responsable et qui a ma totale confiance, même si on s’entretient souvent sur le sujet.

A propos du problème des ventes de billets. En étant habitant de Nyon, je n'arrive plus à obtenir de billets car le concept actuel de ventes de billets me dégoûte. Je ne veux pas acheter un abonnement à Noël mais tout simplement un pour un ou deux soirs. Donc est-ce que c'est prévu à l'avenir de proposer une vente de billets individuels à Noël pour les habitants de Nyon?

On ne peut pas vendre des billets à Noël pour un soir ou un autre, car la programmation est inconnue et les acheteurs demanderaient certainement à modifier. Nous avons étudié le problème de la frustration exprimée là, mais nous n’avons pas trouvé de solution préférable à l’usage actuel, car dans tous les cas, la solution proposée sert uniquement la catégorie de population qui la demande. On pourrait imaginer un quota pour les Suisses-allemands, pour les vieux, pour les Nyonnais, pour les jeunes. Finalement, la solution actuelle du premier arrivé-premier servi est la moins mauvaises.

Il faut savoir que l’on vend 60000 billets à des gens qui résident dans la région nyonnaise qui compte 90000 habitants. Cette année, on a vendu environ 7000 habitants à Noël en réservant la vente à Nyon. Mais évidemment, comme cela se sait, le bassin de clients intéressés s’accroît d’année en année.

Quelle sera la note d'impôts après cette édition 2015?

C'est un peu tôt pour le dire. En moyenne, 500000 à 600000 francs d’impôts dont une bonne partie d’impôts à la source. L’association Paléo paie des impôts sur la fortune et sur le bénéfice. Après l’exercice 2014, légèrement déficitaire, je n’ai pas encore les chiffres.

Est-il possible d’organiser un festival sans assurance ?

Paléo privilégie un système d’auto-assurance. Nous n’avons pas d’assurance contre le mauvais temps. Un fonds de réserves de deux millions a été constitué pour des situations graves, liées à la météo ou une annulation, par exemple. On a des franchises très élevées, mais nous sommes assurés pour les principaux risques d'une telle manifestation.

Comment vivez-vous l’avant festival ? Etes-vous angoissé, serein, impatient, au four et au moulin ?

Serein, angoissé et au four et au moulin. Je suis d'un naturel pas angoissé, mais comme j'ai la chance d'avoir une équipe bien rôdée, je peux rester serein.

Comment se passe la vie d’un Fondateur de Paléo qui fête ses 40 ans, laissez-vous votre casquette de syndic aux consignes du festival ?

Non, on ne peut pas. C'est sûr que j'ai un programme allégé pour la ville, mais je reste en charge des affaires communales. Je passe un petit moment tous les jours pour regarder les dossiers courants. Nous avons une séance de municipalité ce lundi après-midi, mais après, nous ne siégeons pas les trois lundis suivants. Donc c'est déjà un peu allégé.

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