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Etats-Unis: les stations de Park City et de Vail se font la guerre

Aux Etats-Unis, le ski est une vaste industrie touristique qui brasse des millions. Et, comme toute industrie qui se respecte, on parle fusion, absorption, rachat. En ce moment, c'est Vail, dans le Colorado, qui fait le forcing pour prendre le contrôle de Park City, dans l'Utah. Et ça se passe plutôt mal.

11 avr. 2014, 16:07
Vail veut racheter Park City, mais Park City ne veut pas. La semaine dernière Park City a assuré que s'il devait vendre, il partirait avec ses télésièges.

A côté de ça, les petites guéguerres qui ont secoué (secouent encore?) les stations des Quatre Vallées, ce n'est vraiment pas grand-chose. A l'échelle américaine, on achète une station de ski comme on achète une voiture. Ou presque.

Depuis plusieurs années, Vail, dans le Colorado, le géant américain du ski, cherche à prendre le contrôle de Park City, le coeur même des Jeux Olympiques de Salt Lake City, dans l'Utah. Plus qu'une station très huppée (Will Smith et Mitt Romney y ont un "chalet"), un symbole. Un symbole qui appartient lui aussi à une grosse société privée, Park City Mountain Resort (PCMR), en charge depuis tout juste 50 ans.

Le problème, d'après Businessweek, c'est que PCMR ne possède de loin pas toute la montagne. Elle n'a que le bas de la station, là où l'on trouve principalement le départ des installations et les parkings. Le reste, la montagne elle-même, est loué à la Compagnie des mines locales. Une société qui a été rachetée en 2003 par...Talisker, le propriétaire actuel de Vail. Vous suivez? Depuis lors, Talisker louait à PCMR les terrains pour 137'000 francs par année. Un bail de 20 ans, renouvelable jusqu'en 2051.

Fâcheux oubli

Et jusqu'en 2011, tout allait bien. Cette année-là, PCMR et Talisker devaient renouveller le bail. Malheureusement, une erreur humaine a fait basculer le destin de Park City. Jenni Smith, la directrice générale de PCMR, dans la société depuis 34 ans, envoie le contrat de prolongation de bail...deux jours après l'expiration officielle! Mais elle ne s'en rend pas compte. Et Park City continue d'investir comme si de rien était, un peu plus de 6 millions de francs durant l'été pour moderniser ses installations.

Mais en décembre, le PDG de Powdr, à qui appartient PCMR, reçoit une lettre de Talisker qui lui dit tout simplement que la montagne ne lui appartient plus. Sa société va passer 18 mois à tenter de trouver une solution, y compris en proposant d'augmenter le loyer de plusieurs millions, mais Talisker n'a rien voulu entendre.

Pire, il a confié la gestion des ces terrains et de la station voisine de Canyons, à Vail pour les 50 prochaines années. Le montant du loyer? 22 millions de francs. Un monstre dans cette industrie touristique. Vail contrôle entre autres Beaver Creek ou Breckenridge. Et quand on écrit "contrôle", ça comprend bien évidemment les remontées, mais aussi les restaurants, les hôtels, les commerces...Plus d'1,6 million de skieurs s'y rendent chaque année (Verbier en attire environ 1 million). Et pourtant, en haute saison, le forfait peut coûter plus de 120 francs. Pour une semaine en famille, vous vous en tirerez difficilement à moins de 9'000 francs.

"On part avec nos télésièges"

Ces 22 millions ont beaucoup fait tiquer dans le monde de la finance. Les spécialistes estiment que c'est très cher payé pour une station comme Canyons qui n'atteint même pas les 500'000 skieurs par année. Ces mêmes spécialistes confient au DenverPost que, dans le deal, Talisker pourrait bien avoir glissé la gestion future de la station de Park City, qui, elle, pourrait rapporter gros à Vail. Cette dernière a donc décidé de proposer de racheter les infrastructures de Park City.

Comme toujours aux Etats-Unis, tout ça va se terminer au tribunal. Les audiences ont lieu cette semaine. PCMR, qui ne possède au final plus que 15% de la montagne, est bien mal prise. Elle essaie visiblement de négocier une sortie honorable. Et elle a quelques arguments: dans ces 15%, il y a notamment les parkings, les bureaux et surtout l'accès à l'eau. Et sans eau, pas de neige. Son dernier coup d'éclat? C'est sa directrice générale, Jenni Smith qui a assuré que si elle perdait au tribunal, elle partirait avec ses télésièges!

Une menace qui ne démonte pas les responsables de Vail, qui doutent de la légalité d'un tel procédé, mais qui, le cas échéant, assurent qu'ils reconstruiront des télésièges flambants neufs.

 

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