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Coronavirus : «Si le nombre toujours malheureux de décès reste faible, c’est bien parce que des mesures strictes ont été ordonnées rapidement.»

En répondant à vos questions, Eric Bonvin analyse plusieurs aspects liés au nombre de décès depuis le début de la pandémie en Suisse et en Valais.

12 avr. 2020, 20:14
Eric Bonvin, directeur général de l'Hôpital du Valais : "Pour la première fois depuis plusieurs semaines, nous avons moins de vingt patients aux soins intensifs."

Eric Bonvin, pour la première fois depuis plusieurs semaines, vous avez moins de vingt personnes aux soins intensifs…

Oui, Nous avons aujourd’hui 19 patients aux soins intensifs pour 107 hospitalisations. Sur les 318 patients valaisans atteints par le Coronavirus hospitalisés depuis le début de la pandémie, 14 ont pu quitter les soins intensifs et 153 sont sortis suffisamment rétablis pour rentrer chez eux. 

En savoir plus : Bilan de dimanche: quatre nouveaux morts en Valais

 

L’économie perdrait toute perspective de fonctionnement à l’avenir si la pandémie devait devenir plus meurtrière

Dans la population, on entend parfois une comparaison très délicate qui se fait entre le nombre moyen de morts par jour en Valais — entre trois et quatre — et le nombre de chômeurs que cette situation a créé. Quelle réflexion pouvez-vous faire à ce sujet ?

Cette situation est évidemment pénible à vivre pour les personnes qui se voient empêchées de travailler. Mais je crois aussi que nos autorités font tout leur possible pour n’abandonner personne. Elles apportent leur soutien partout où elles le peuvent, en adaptant le dispositif aux cas particuliers qui se font jour. Il ne faut par contre pas perdre de vue que si le nombre de personnes infectées et celui des décès, toujours malheureux, restent faibles, c’est bien par ce que des mesures strictes ont été ordonnées rapidement. Sans parler des pays touchés en premier et un peu pris par surprise, ceux qui ont tenté une approche plus laxiste se sont rendu compte que cela n’était pas tenable et se trouvent aujourd’hui en grande difficulté. Comme le disait récemment Guy Parmelin, la santé prime sur l’économie. Il faut aussi bien se rendre compte que l’économie perdrait toute perspective de fonctionnement à l’avenir et perdrait une part importante de ses forces de travail si la pandémie devait devenir plus meurtrière. Le chômage partiel a, dans ce sens, au moins l’avantage de préserver des forces vives pour reconstruire l’avenir. 

Depuis le début de la pandémie, seulement six patients ont été transférés des EMS vers l’Hôpital du Valais où un seul y est décédé.

En Valais, dans les EMS, on demande aux patients, lors de leur arrivée, s’ils veulent ou non un acharnement thérapeutique avec pour beaucoup une réponse négative. Cela a-t-il permis de ne pas surcharger l’Hôpital ? Sur les 41 de morts à l’Hôpital, combien ont-ils été transférés des EMS ?

Se soigner et, finalement, décéder à l’EMS est un choix que font la majorité des résidents par les directives anticipées qu’ils signent lorsqu’ils sont encore en pleine possession de leurs moyens. Seuls ceux qui endurent plusieurs maladies graves sont finalement hospitalisés mais cela est relativement rare. Depuis le début de la pandémie, ce ne sont que 6 patients qui ont été transférés des EMS vers l’Hôpital du Valais où 1 seul d’entre eux y est décédé.

Dans chaque région du pays, on constate aujourd’hui que des foyers importants existaient bien avant la mi-mars. Dans le Valais romand, on peut par exemple citer Verbier, Savièse ou Vétroz. Plusieurs lecteurs se demandent si, comme partout en Europe, nous avons trop tardé avant de prendre certaines mesures. 

On peut toujours le penser après-coup. L’évolution d’une pandémie et de sa propagation est difficile à suivre. Elle est intimement liée aux déplacements et aux regroupements humains qui ne peuvent être entièrement contrôlés ni arrêtés mais uniquement freinés. Ce nouveau virus, que l’on pensait cantonné à la Chine, s’est répandu très « silencieusement » dans un premier temps. À l’apparition des premiers cas symptomatiques chez nous, on peut se souvenir qu’une stratégie d’isolement des cas a progressivement été mise en place dès la mi-février, mais le virus était déjà trop implanté pour qu’elle puisse fonctionner et nous avons également été influencés par des foyers déclarés à l’étranger. Contrairement à l’Italie, nous avons ensuite eu la chance de pouvoir nous préparer à la suite de l’évolution de la pandémie tout en bénéficiant de l’expérience pionnière de ce pays qui a été réellement pris au dépourvu. 

Toute visite d’une personne ne vivant pas quotidiennement sous le même toit est à considérer comme des situations à risque de propagation de la maladie

Plusieurs grands-parents qui ont déjà eu le coronavirus nous demandent s’ils peuvent un peu baisser la garde vis-à-vis uniquement de leur famille et les accueillir chez eux en respectant les règles d’hygiène.

S’il est probable qu’une immunité se développe chez ces grands-parents, nous n’en avons aujourd’hui pas la certitude et nous n’en savons pas davantage sur la durée d’une telle immunité. La prudence recommande de ne pas baisser la garde trop vite, il nous faut savoir être patients, tout en nous protégeant au mieux. À ce jour, le seul moyen efficace d’avoir une protection sur le très long terme serait de voir s’instaurer une immunité durable chez l’être humain et celle-ci permettrait également de développer un vaccin à action prolongée. Par ailleurs, les visites, même familiales, induisent des mouvements de population que nous cherchons à éviter pour limiter la propagation du virus. Toute visite d’une personne ne vivant pas quotidiennement sous le même toit ainsi que toute sortie occasionnant des rencontres avec d’autres personnes sont à considérer comme des situations à risque de propagation de la maladie.

Vous pouvez poser vos questions à Eric Bonvin en envoyant un mail à vincent.fragniere@lenouvelliste.ch. Des réponses à vos questions se trouvent aussi sur le site www.hopitalvs.ch

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