La mobilisation anti-Forum économique mondial (WEF) ne s'est pas totalement essoufflée à Davos (GR). Une cinquantaine de personnes se sont rassemblées samedi sur la place centrale de la ville-station.
"Des femmes et des hommes de haut rang prennent des décisions qui touchent des milliards de personnes sans que leurs voix soient entendues. Nous sommes ici pour les faire entendre", a déclaré Hennig Zierock, président de la Société Culture de Paix, organisatrice de la manifestation. "Je n'ai pas vu un réfugié à la tribune du WEF", a-t-il fustigé.
Les participants au WEF palabrent sur des thèmes comme la guerre, la paix ou l'environnement, mais ils ne s'attaquent pas aux causes du problème. "Seules les voix des puissants sont considérées", a-t-il lancé, avant de terminer sa diatribe par un chant à la guitare, en espagnol.
"Nous ne sommes pas contre, mais pour quelque chose", a expliqué à l'ats Hennig Zierock. "Nous nous battons pour un monde pacifique et solidaire". Fondée en 1988 à Tübingen, en Allemagne, Société Culture de Paix est active dans différentes régions en conflit dans le monde. Elle participe depuis des années aux manifestations anti-WEF.
Hommage aux étudiants mexicains
Les organisateurs ont aussi profité de ce rassemblement pour rendre hommage aux quarante-trois étudiants qui ont disparu en septembre dernier au Mexique. Leurs portraits étaient accrochés sur des bonshommes de neige érigés dans un champ à côté de la place. Des activistes les ont construits pour dénoncer la pauvreté dans le monde.
D'autres militants arboraient des pancartes "Solidarité avec Iguala", en référence à la ville mexicaine où ont eu lieu les disparitions, tandis que d'autres scandaient "Nous sommes tous Iguala". Une minute de silence a également été observée en leur honneur.
Des membres de l'ONG Amnesty International, également présents, ont saisi l'occasion pour exiger la libération du blogueur et militant Raif Badawi. Le militant avait été flagellé en public de 50 coups de fouet en Arabie saoudite.
Résistance atone
Jusqu'en 2014, le flambeau des protestations était tenu par les Verts. A l’origine de la mobilisation, un meneur: le secrétaire des écologistes davosiens, Rolf Marugg. Mais le Grison a récemment pris la tête du législatif de la commune, donc pas question pour lui d'incarner le mouvement anti-WEF cette année. A noter qu'il a tout de même fait une brève apparition sur la place davosienne.
Malgré ce rassemblement, les protestations anti-WEF diminuent comment peau de chagrin à Davos. Une désaffection encore plus marquée cette année avec le retrait annoncé du Public Eye, porte-voix le plus important et le plus persévérant des anti-WEF.
Un climat bien loin de celui de 2000 et 2001, années durant lesquelles les protestations avaient conduit à une escalade de la violence, non seulement à Davos, mais aussi à Landquart (GR) et Zurich. Les rues avaient été recouvertes de débris de verre et de balles en caoutchouc.