Les Suisses n'ont pas pris de gants avec la première initiative populaire du Parti vert'libéral. Ils ont balayé dimanche avec un score quasiment historique (92% de non) le texte visant à remplacer la taxe sur la valeur ajoutée par une taxe sur l'énergie. Aucun canton ne l'a soutenu.
Il faut remonter à 1929 pour trouver un moins bon résultat. L'initiative pour l'approvisionnement du pays en blé n'avait alors récolté que 2,7% de "oui".
Mauvais augure
Le PLV n'a de loin pas atteint la barre des 30% visée par son président Martin Bäumle. Cette gifle est de mauvais augure pour les plans du Conseil fédéral. Celui-ci compte dévoiler prochainement ses propositions en matière de taxes énergétiques.
La taxe sur le CO2 sur les combustibles devrait être maintenue et rehaussée périodiquement. Rayon carburants, deux variantes sont à l'étude, avec ou sans taxe. Une taxe sur l'électricité devrait en outre être introduite.
L'initiative vert'libérale "remplacer la taxe sur la valeur ajoutée par une taxe sur l'énergie" visait à augmenter la part de courant vert grâce à une réforme fiscale écologique à réaliser en cinq ans. La TVA aurait dû céder la place à une taxe sur les énergies non renouvelables afin d'inciter les Suisses à changer leurs habitudes pour économiser de l'argent.
Seuls les Verts ont apporté leur soutien au texte du PVL. Parlement et Conseil fédéral estimaient la réforme beaucoup trop risquée. La nouvelle taxe ne frappant, que peu de biens contrairement à la TVA, ses taux devraient être très élevés pour rapporter autant d'argent, ont-ils averti. Le prix de l'essence et de l'énergie se seraient envolé et auraient dopé un tourisme d'achat en pleine crise du franc fort.
Plus de 90% de "non" presque partout
La très large majorité des Suisses n'a pas hésité. Seuls quelque 175'700 citoyens ont glissé un "oui" dans l'urne alors que plus de 2 millions ont voté "non". Les moins sceptiques ont été les Bâlois de la Ville avec quand même 86% de refus. Ils sont suivis des Schaffhousois et des Zurichois (89,1% dans les deux cas).
Partout ailleurs le rejet dépasse les 90%. Ainsi Genève a repoussé l'initiative par 90,1% et Berne par 91,5%. Les adversaires les plus virulents se sont retrouvés en Valais (96,1%), en Appenzell Rhodes-Intérieures (94,9%) et à Fribourg (94,4%). Le refus est aussi très clair dans le canton de Vaud (94,3%) ainsi que dans le Jura et à Neuchâtel (94,1% dans les deux cas).