Votre publicité ici avec IMPACT_medias

VIH: les personnes contaminées renoncent souvent aux préservatifs

Depuis 2009, les personnes contaminées au VIH renoncent de plus en plus souvent aux préservatifs. Une mauvaise interprétation d'une annonce faite par la Commission fédérale du sida pourrait en être la cause.

16 juin 2015, 16:45
Une personne hétérosexuelle contaminée au VIH sur trois renonce au préservatif.

Le 30 janvier 2008, la Commission fédérale du sida annonçait qu'une personne contaminée par le VIH peut avoir des rapports sans préservatif sous certaines conditions très strictes. Les conséquences de cette affirmation ont été démontrées dans une étude présentée mardi par l'Université de Zurich, réalisée sur la base des réponses de 12'000 personnes infectées.

Diminution entre 2009 et 2013

L'utilisation du préservatif lors de relations sexuelles était relativement constante entre 2000 et 2009. Entre 2009 et 2013 par contre, le recours au préservatif a diminué dans trois des quatre groupes étudiés, souligne les chercheurs.

Depuis 2009, la part des gays infectés n'utilisant pas de préservatifs lors de rapports sexuels a triplé, passant de 5 à 15%. Chez les hétérosexuels infectés, une personne sur trois renonçait au préservatif en 2013. En 2009, c'était seulement une personne sur cinq.

Parmi les hétérosexuels positifs au VIH, les hommes et femmes qui ont des relations avec des partenaires occasionnel(le)s sont ceux qui se protègent le plus souvent. Malgré une légère baisse depuis 2009, plus de 97% ont recours au préservatif.

Les résultats de cette étude ont été publiés dans la revue spécialisée "Open Forum Infectious Diseases". En Suisse, on estime qu'il y a entre 15'000 et 25'000 personnes vivant avec le VIH ou le sida.

Plusieurs conditions

Pour les auteurs de l'étude, la baisse de l'utilisation du préservatif a pour origine la déclaration de la Commission fédérale du sida (CFPS) en 2008. Selon la CFPS, une personne infectée par le VIH et bénéficiant d'une thérapie antirétrovirale efficace ne transmet pas le virus lors de rapports sexuels si plusieurs conditions sont remplies.

Il faut notamment que la thérapie ait supprimé le virus dans le sang depuis au moins six mois et qu'elle soit suivie systématiquement. En outre, la personne ne doit pas être atteinte d'une autre infection sexuellement transmissible.

Cette prise de position ne concerne que les patients avec une relation stable. Selon les auteurs de l'étude, il semble que les personnes infectées avec le VIH et qui n'ont pas de relation stable se sont aussi senties concernées et renoncent depuis plus souvent au préservatif.

Moins peur du VIH

Les chercheurs ont aussi une autre explication. La peur du VIH a diminué dans la population, car, grâce aux nouvelles thérapies disponibles dans les pays occidentaux, beaucoup moins de gens meurent du sida. Le préservatif était en outre plus souvent évoqué autrefois dans les campagnes de prévention qu'aujourd'hui.

Pour les scientifiques, c'est ce qui explique que le nombre de nouvelles infections ne diminue que lentement malgré les nombreuses campagnes. On constate aussi une augmentation des maladies sexuellement transmissibles comme la syphilis, la gonorrhée ou la chlamydia entre 2009 et 2013, une hausse aussi explicable par un recours moins systématique au préservatif.

Depuis 1988, cohorte VIH étudie les différentes données sur les personnes infectées en Suisse. C'est dans le cadre de cette étude qu'une analyse de l'utilisation du préservatif a été réalisée pour les années 2000 à 2013. Infectées par le VIH, les personnes interrogées ont été questionnées tous les six mois.

Votre publicité ici avec IMPACT_medias