"L'offensive sur Marioupol a débuté aujourd'hui, a déclaré le dirigeant de la république autoproclamée de Donetsk Alexandre Zakhartchenko.
La conquête de cette ville industrielle d'un demi-million d'habitants permettrait un pont terrestre entre la Russie et la Crimée. Cette région a été annexée en mars par Moscou mais elle est très dépendante de Kiev pour ses approvisionnements en eau, électricité et produits alimentaires.
M. Zakhartchenko ne s'est pas prononcé sur les tirs au lance-roquette multiples Grad dans la matinée dans un quartier densément peuplé. D'autres responsables séparatistes ont nié leur responsabilité en dénonçant une "provocation" des forces de Kiev.
Mise en garde lancée par l'UE
Le président ukrainien Petro Porochenko a affirmé de son côté dans un communiqué que son pays allait se battre jusqu'à la "victoire totale" contre les séparatistes prorusses.
La représentante de la diplomatie européenne Federica Mogherini a prévenu que cette escalade allait "inévitablement provoquer une grave détérioration des relations entre l'UE et la Russie", déjà lourdement frappée par les sanctions européennes et américaines. Moscou dément toute implication dans le conflit.
A Kiev, le Premier ministre Arseni Iatseniouk a exigé la convocation d'une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU. Il a appelé la communauté internationale à "arrêter l'agresseur russe qui menace l'Ukraine, l'Europe et la sécurité mondiale".
Le bilan de bombardements au lance-roquettes multiples Grad contre un quartier est densément peuplé de Marioupol a atteint 30 tués, selon la mairie qui a souligné qu'il pourrait encore s'alourdir. Des dizaines de personnes ont aussi été blessées.
Plus de 5000 tués au total
Jusqu'à présent cette ville industrielle sur les bords de la mer d'Azov a été à l'abri de combats qui éclataient sporadiquement dans ses environs.
L'attaque sanglante contre un quartier de Marioupol qui est intervenue quelques jours après l'abandon par l'armée ukrainienne de l'aéroport de Donetsk, site hautement symbolique, marque un tournant dans le conflit qui a fait plus de 5000 tués en neuf mois.
Sur place, trois maisons ont été entièrement détruites et dans trois immeubles de neuf étages les vitres ont été brisées par une onde de choc, a constaté un journaliste de l'AFP sur place.
Le ministre de la Défense Stepan Poltorak a de son côté annoncé que les rebelles déployaient autour de Marioupol des lance-roquettes multiples et que la présence militaire ukrainienne avait été renforcée dans ce secteur.
Poutine ciblé par Kiev
"La situation s'est nettement dégradée au cours des dernières 24 heures" partout dans l'Est séparatiste prorusse, a-t-il déclaré.
"Les rebelles n'ont pas besoin de la paix, ils exécutent les ordres du Kremlin pour une escalade de la situation dans le Donbass", bassin minier en proie depuis avril à une rébellion armée prorusse, a déploré l'armée ukrainienne.
Le secrétaire du Conseil de sécurité nationale et de défense Olexandre Tourtchinov a déclaré samedi que le président russe Vladimir Poutine était "personnellement responsable" du drame.
Kiev dénonce depuis le début de la semaine l'entrée de bataillons russes sur le territoire de l'Ukraine et des attaques tous azimuts contre les positions de l'armée ukrainienne.