Chez elle, à Minsk, capitale de la Biélorussie, dans l’imposante barre d’immeubles où elle réside depuis des décennies, Svetlana Alexievitch, 67 ans, affirme être surveillée. Courrier ouvert, téléphone sur écoute, voisins qui disparaissent: qui a dit que la dictature soviétique était morte Quel danger représente donc cette petite femme ronde au regard malicieux?
Svetlana Alexievitch a écrit une poignée de livres en trente ans, mais sa prose, qui ne relève ni de la fiction, ni du journalisme, ni du travail d’historien mais des trois mélangés, est de la dynamite. Son arme, c’est son oreille. Depuis l’enfance, elle écoute les récits des femmes (tant d’hommes sont morts) et de cette grand-mère (l’autre a été assassinée par les nazis) qui a connu et la famine voulue par Staline en 1933 et la longue guerre contre les nazis. Des récits à donner des cauchemars.
Des conditions horribles
Dans sa Biélorussie, un habitant sur...