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Santé: les erreurs médicales ne sont toujours pas répertoriées systématiquement en Suisse

Aucune liste nationale des accidents graves qui pourraient être évités n'existe actuellement en Suisse, selon une enquête. Les erreurs médicales ne sont ainsi pas toujours systématiquement enregistrés.

10 juin 2020, 15:26
De nombreux projets sont restés en suspens ces dernières années. (Illustration)

Qu’il s’agisse de chirurgie incorrecte de la jambe, de grosses pièces métalliques oubliées dans l’abdomen ou d’une erreur dans la prescription de médicament, les dysfonctionnements dans les hôpitaux, qui causent parfois des dommages irréparables, ne sont toujours pas systématiquement enregistrés en Suisse. Cette lacune est mise en évidence dans une récente enquête de la Fondation pour la sécurité du patient.

A fin 2019, la Fondation a écrit à 174 responsables qualité d’hôpitaux, dont 95 ont répondu. Les résultats de cette enquête, rendus publics mardi soir par le Tages-Anzeiger, sont disponibles sur le site internet de la fondation. Ils sont 73% à avoir constaté que les «Never Events» avaient une signification importante ou centrale dans leur hôpital.

Pas de liste nationale

Dans le jargon international, les «Never Events» sont des accidents graves «qui pourraient être presque complètement évités» si les mesures préventives appropriées étaient mises en œuvre. Plus couramment, on parle d’erreur médicale, au sens large. 81% trouvent très important que les «Never Events» soient systématiquement enregistrés pour améliorer la sécurité des patients. Aucun d’entre eux ne les a jugés sans importance.

Cependant, 54 pour cent des directeurs qualité qui ont répondu n’ont jamais été confrontés à des «Never Events» dans leur propre clinique, et si c’est le cas, uniquement par des canaux non officiels. 62% apprécieraient que les «Never Events» puissent être signalés de manière anonyme à un organisme neutre, et 45% estiment qu’il devrait y avoir une obligation de les déclarer.

Il n’existe pourtant à ce jour en Suisse ni liste nationale de ces «Never Events» ni exigences impératives de les notifier. Les pays anglo-saxons ont en revanche plus de dix ans d’expérience dans la sélection, la définition adaptée et la gestion de tels événements.

Peur du pilori

David Schwappach, directeur de la Fondation pour la sécurité des patients, voit la raison du développement hésitant d’un tel dispositif en Suisse – mais aussi en Allemagne, où la discussion ne fait que commencer – dans la crainte des hôpitaux ou des médecins d’être mis au pilori.

Cette attitude est contraire à la responsabilité qu’a le secteur de la santé vis-à-vis de la population, a ajouté M. Schwappach, contacté mercredi par l’agence de presse Keystone-ATS. «Une telle attitude serait impensable dans l’aviation, un secteur où prévaut l’intérêt à améliorer la sécurité de l’ensemble du système.»

Pas de consensus

Dans le rapport national «Améliorer la qualité et la sécurité des soins en Suisse», publié l’an dernier et disponible sur le site de l’Office fédéral de la santé publique, il est constaté que, ces 20 dernières années, de nombreuses démarches importantes et utiles ont été lancées mais un profond désaccord a émergé quant à la responsabilité de la qualité et de la sécurité des soins dans le système de santé suisse.

A plusieurs reprises, la création de centres et de programmes nationaux ambitieux a été proposée mais ces projets sont restés en suspens, par manque de consensus sur la nature d’un organisme national de coordination et par crainte d’un contrôle central trop important.

Peu d’initiatives ont été menées afin de comprendre ou d’améliorer l’expérience des patients et les organisations suisses de patients ne semblent avoir que peu de poids dans la stratégie nationale. Si les organisations suisses de sécurité et de qualité réalisent un très bon travail à titre individuel, il semble difficile de mettre au point des programmes nationaux coordonnés.

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