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Renvoyer les réfugiés en Italie est "intenable"

Renvoyer les requérants vers l'Italie est "intenable" selon l'organisation suisse d'aide au réfugié qui plaide pour une aide à l'Etat lombard.

10 oct. 2013, 18:18
Portrait eines Migranten mit einem Ausweis fuer Asylsuchende N (Livret pour requerants d' asile, Permesso per richiedenti l' asilo, Permess per requirents d' asil), aufgenommen am 22. April 2004 in Zuerich.  (KEYSTONE/Gaetan Bally)     ,      : DIA] === SAT2 ===

L'Organisation suisse d'aide aux réfugiés (OSAR) met en garde contre les renvois qualifiés d'"intenables" de requérants vers l'Italie. Comme le système d'asile italien présente de "graves manques", les personnes particulièrement vulnérables ne doivent plus y être renvoyées.

Les autorités helvétiques doivent mener des investigations concrètes pour déterminer ce qu'il adviendrait en cas de renvoi, écrit l'OSAR jeudi. Il faut en particulier veiller à la situation des femmes et des familles avec enfants.

L'aide aux réfugiés exige la fin de la "politique européenne de cloisonnement". Les Etats de l'Union européenne et la Suisse doivent faire preuve de solidarité avec des pays comme l'Italie, confrontés à un nombre disproportionné de réfugiés.

La Suisse est de loin le pays qui renvoie le plus de requérants - près de 84% - dans la Péninsule, rappelle l'OSAR. Sur 3551 personnes de tous les Etats Dublin ayant dû repartir en Italie, 3000 venaient de la Suisse.

Ces renvois sont intenables: les personnes pouvant prétendre à une protection n'obtiennent aucun soutien en Italie et finissent dans la rue ou dans des maisons abandonnées, dans la criminalité ou la prostitution. "Les structures d'accueil et d'hébergement sont surchargées", a expliqué le porte-parole de l'OSAR Stefan Frey.

Près de 64'000 réfugiés statutaires vivent déjà en Italie. Par rapport à ce nombre élevé, celui des places d'accueil est insignifiant. Quant à l'accès à la procédure d'asile, il laisse toujours à désirer.

Drame de Lampedusa

La tragédie survenue sur l'île de Lampedusa la semaine dernière montre que le système doit être amélioré d'urgence, souligne l'OSAR, qui demande davantage de moyens financiers pour remédier aux manques.

Un arrêt général des renvois en Italie n'est toutefois pas réaliste, précise Stefan Frey. "Il faut veiller aux personnes qui sont particulièrement sous pression". L'OSAR demande donc aux autorités helvétiques de pratiquer une "appréciation différenciée" des renvois vers l'Italie.

Contacté, l'Office des migrations (ODM) n'entre pas dans le détail des exigences de l'OSAR. L'ODM observe la situation en Italie avec attention et le contact avec les autorités italiennes est permanent, a précisé sa porte-parole Sybille Siegwart.

La Suisse renonce déjà ponctuellement à des renvois, par exemple dans des cas de maladie grave ou de personnes dépendantes de proches se trouvant en Suisse. Il s'agit cependant de cas isolés, souligne la porte-parole.

La pratique de l'ODM est basée sur le Tribunal administratif fédéral (TAF). La plupart du temps, celui-ci rejette les plaintes contre les renvois en Italie. Dans ses arrêts, le TAF observe certes quelques manques dans le système d'asile italien. Jusqu'ici toutefois, aucune infraction systématique aux consignes de l'UE de la part de l'Italie n'a été constatée.

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