Le thème de la santé est à l'avant-scène des votations cantonales neuchâteloises du 24 novembre. Les citoyens devront faire des choix en matière de politique hospitalière, qui pourraient attiser le clivage entre le Haut et le Bas du canton.
L'ancienne ministre de la santé Gisèle Ory avait ficelé un plan de répartition des missions hospitalières à l'horizon 2017. L'ancien Conseil d'Etat avait adopté cette voie régionaliste, dans la lignée de la mise en place de l'hôpital multisites en 2005.
Il a été choisi de concentrer à La Chaux-de-Fonds la chirurgie stationnaire (avec séjour à l’hôpital). Le Haut du canton recevait de cette façon une contrepartie après avoir perdu sa maternité et sa pédiatrie au profit du centre femme-mère-enfant de Neuchâtel.
Neuchâtel devait pour sa part accueillir un centre de chirurgie ambulatoire et un centre de l’appareil locomoteur (orthopédie en particulier). Le Grand Conseil a validé ces trois options au printemps dernier.
Plus de 9000 signatures
Mais le référendum "Sauvons Hôpital neuchâtelois" opposé à cette stratégie a remporté un franc succès avec 9190 signatures, plus du double des 4500 requises. Pour ses auteurs, ce projet n'est plus en phase avec la réalité.
Le comité référendaire juge absurde d'y investir plus de 100 millions de francs sur plusieurs années alors que la question d'un site unique pour les soins aigus n'est toujours pas tranchée. Issu du Bas du canton, il précise toutefois que la démarche n'est pas dirigée en soi contre le Haut.
"Alors que tous les cantons voisins ont pris la mesure de la révolution représentée par le nouveau financement hospitalier, seules les autorités neuchâteloises ont cru pouvoir maintenir dans le canton une organisation hospitalière clairement impraticable et dépassée", explique-t-il. Les partis opposés à ce plan hospitalier sont le PLR et les Vert'libéraux.
Quant à l'initiative populaire "Pour une médecine de proximité", elle réclame que les sites du Val-de-Travers, de La Chaux-de-Fonds et de Neuchâtel soient à nouveau tous dotés de maternités, de services d'urgences et de blocs opératoires. Mais cinq ans après son dépôt, elle est jugée obsolète par à peu près tout le monde, au vu de la réorganisation déjà en marche.
Centrale d'urgence externalisée
Enfin, les habitants du canton décideront aussi s'ils acceptent d'externaliser sur sol vaudois la gestion de la centrale d'urgence 144. Tous les partis s'accordent à dire que l'actuel dispositif neuchâtelois n'est pas satisfaisant: éclaté entre plusieurs services cantonaux et communaux, une centrale d'alarme et trois centrales d'engagement, il est jugé trop complexe.
Le Conseil d'Etat affirme que le contrat prévu avec la Fondation Urgences Santé du canton de Vaud apporte une réponse moderne, professionnelle et économique.
Les opposants, eux, estiment que cette solution n'est pas optimale sur le plan de la sécurité. Ils mettent aussi en avant l'atout de polyvalence des pompiers-ambulanciers des Services d'incendie et de secours (SIS). Le référendum lancé par les associations du personnel du SIS a récolté plus de 7000 signatures.
Les trois Villes de Neuchâtel, La Chaux-de-Fonds et Le Locle font front commun contre cette délocalisation des appels. Elles ne nient pas les carences du système actuel, mais affirment être capables de créer elles-mêmes un service d'urgence cohérent regroupant le feu et les urgences sanitaires, et ce dans des délais relativement brefs.