Fabrice A., l'assassin présumé de la sociothérapeute genevoise, a été interpellé alors qu'il circulait au volant de la voiture blanche dans laquelle il roulait depuis jeudi, jour de sa disparition, selon le Ministère public genevois. Il avait été aperçu pour la dernière fois jeudi matin sur la place du Marché, à Carouge. Le détenu avait besoin de faire quelques courses. Parmi la liste de trois objets, validée par trois personnes, figurait un couteau destiné à nettoyer les sabots des chevaux. C'est avec cette arme qu'Adeline M. a été égorgée.
Chasse à l'homme européenne
La traque qui avait pris une ampleur européenne avait débuté à Weil am Rhein (D), près de Bâle, où avait été localisé vendredi le téléphone portable de la victime. Un chien policier a flairé la trace du fugitif mais les fouilles menées dans cette région frontalière n'avaient rien donné.
Des informations recueillies par la brigade criminelle de la police judiciaire ont permis l'interpellation du fuyard à Kolbaskowo, localité polonaise près de la frontière allemande, à quelque 150 km au nord-est de Berlin, ont précisé les autorités judiciaires et policières allemandes. Celles-ci ajoutent que l'arme présumée du crime a été retrouvée dans la voiture du suspect.
Une demande d'extradition sera adressée dans les prochaines heures aux autorités judiciaires polonaises, a annoncé le procureur genevois Olivier Jornot au "19:30" de la RTS. Celui-ci a précisé qu'un mandat d'arrêt international a été lancé dès jeudi, mais qu'il a été étendu à l'assassinat par la suite.
Vers un durcissement du régime des sorties
Cette tragique affaire qui fait suite aux meurtres de Lucie et de Marie par des récidivistes force la classe politique à s'interroger sur la pertinence du système d'exécution des peines. De nombreuses voix se font entendre pour durcir le régime des sorties.
Les délinquants violents ne doivent pas bénéficier de sorties éducatives alors que leur libération est prévue des années plus tard, estime la conseillère d'Etat vaudoise en charge de la sécurité Jacqueline de Quattro dans la "NZZ am Sonntag". " Même si ces sorties se font sous escorte policière. "
Selon l'élue libérale-radicale, seuls les prisonniers ayant clairement fait des progrès, et de surcroît considérés unanimement par plusieurs experts indépendants comme n'étant plus dangereux, devraient pouvoir se réhabituer à la liberté vers la fin de leur peine de prison.
Justice trop souple en Romandie
Fabrice A. qui purgeait une peine cumulée de 20 ans pour viol aurait pu demander une libération conditionnelle en 2015. Il avait intégré le centre de sociothérapie de "La Pâquerette" pour se préparer à un retour progressif à la liberté. C'est dans cette optique qu'il se rendait jeudi avec Adeline, sa sociothérapeute, dans un centre équestre de Bellevue (GE) quand tout a basculé. Jacqueline de Quattro juge partiellement fondées les allégations formulées à l'encontre du système d'application des peines en Suisse romande, qui serait plus souple. " En Suisse alémanique, il est par exemple précisé dans un concordat d'exécution des peines que ce type de délinquants ne peut être accompagné en sortie que par des hommes ", a précisé la conseillère d'Etat.
La magistrate vaudoise entend présenter ses revendications à la Conférence des directeurs des départements cantonaux de justice et police (CCDJP). Cette Conférence a la capacité d'adopter des concordats, qui peuvent ensuite être ratifiés par tous les cantons suisses.
Le vice-directeur de la CCDJP, le Zougois Beat Villiger, tire à la même corde que Jacqueline de Quattro dans une interview au "SonntagsBlick". Il préconise aussi que les détenus ne doivent être accompagnés que par des hommes et mise sur un système homogène au niveau national.
Changement du code pénal
A Genève, l'encadrement des sorties à "La Pâquerette" avait été renforcé suite à l'évasion d'un délinquant sexuel en 2003. Le procureur général avait notamment imposé une présence policière. Mais ce régime plus strict avait été annulé quelques années plus tard faute de base légale.
La conseillère nationale Natalie Rickli (UDC/ZH) va plus loin, dans "Le Matin Dimanche" et le "SonntagsBlick". Pour la politicienne, après la première récidive, un délinquant sexuel ou violent ne devrait plus bénéficier de sortie jusqu'au terme de sa peine de prison. Elle prépare une motion pour changer le code pénal.
La mort d'Adeline, a soulevé une vague d'indignation, surtout après les meurtres de Lucie et de Marie.La sociothérapeute âgée de 34 ans était maman d'une petite fille qui a eu huit mois samedi. Cette Genevoise, criminologue et psychologue de formation, travaillait depuis six ans à "La Pâquerette"."A la naissance de sa fille, elle a commencé à avoir peur. Elle était moins confiante", raconte la mère de la défunte dans "Le Matin Dimanche". Adeline comptait donner sa démission, selon sa maman.
Un rassemblement est annoncé en sa mémoire aujourd'hui en fin d'après-midi devant l'Hôtel-de-Ville de Genève.