La sécheresse continue de progresser en Suisse. Elle pourrait provoquer des conséquences importantes si la pluie ne vient pas prochainement compenser le déficit de précipitations qui s’accentue depuis plusieurs mois. Dans un communiqué publié mercredi, MeteoNews tire la sonnette d’alarme et estime que la situation devient de plus en plus préoccupante dans le pays.

Le service météorologique privé raconte que depuis le mois d’août 2021, les précipitations se sont toujours situées en dessous des normes, sauf en décembre. En conséquence, « les nappes phréatiques n’ont pas pu se reconstituer totalement et les sources sont largement en dessous de leurs niveaux habituels, ajoute-t-il.

Déficit élevé en Valais

Aucune région n’échappe à ce constat. Entre le 1er janvier et le 15 mai 2022, la région lausannoise a reçu 195 mm de pluie, alors que la norme est fixée à 350 (-33%). Sur la même période, il a plu 158 mm à Genève pour une norme de 300 (-47%).

Parmi les principales villes romandes, le manque d’eau le plus élevé a été enregistré à Sion. Il atteint 57%, ce qui signifie que sur les quatre premiers mois et demi de l’année, il n’y est même pas tombé la moitié de la quantité de précipitations attendues en moyenne sur cette période. Neuchâtel s’en sort mieux, puisque le déficit atteint «seulement» 33%.

Des améliorations en vue?

Les météorologues espèrent que des épisodes pluvieux viendront freiner la sécheresse. Pour cette semaine, ces espoirs semblent d’ores et déjà douchés, si l’on se fie aux prévisions de MeteoNews. Ces prochains jours seront en effet «marqués par une chaleur exceptionnelle pour la saison et certains records pourront localement être battus», affirment les spécialistes de l’entreprise basée à Zurich.

Cependant, les précipitations pourraient bien faire leur retour en début de semaine prochaine. Selon MeteoSuisse, la phase de haute pression laissera la place à des zones de basse pression à partir de lundi sur le continent européen. Les experts de la Confédération ajoutent qu’il est pour l’instant difficile de déterminer où et quand la pluie tombera.

Ils considèrent que 20 à 40 mm pourraient arroser la Suisse de lundi à mercredi, mais appellent à ne pas «crier victoire trop vite». L’Office fédéral explique que ces estimations sont plutôt optimistes et que la probabilité de recevoir ces quantités est encore faible. Il faudra attendre pour préciser les cumuls attendus.

Ailleurs aussi

La Suisse n’est évidemment pas le seul pays concerné par un déficit de précipitations important. La plus grande partie de l’Europe, dont la France, l’Espagne et le nord de l’Italie, se trouve dans une situation préoccupante.

La semaine dernière, dans une interview à France Info, Christiane Lambert, présidente de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) affirmait que l'état de sécheresse des sols est le pire «depuis 25 ans sur les premiers mois de l’année» en France.

Dans certaines régions, la sécheresse est susceptible de s’aggraver. Comme l’indique le quotidien Midi libre, le manque d’eau affecte directement les agriculteurs et des pertes de 30 à 40% de la production de blé sont envisagées par endroits. Les cultures de maïs et de tournesol pourraient également en pâtir, puisqu’elles sont habituellement semées à cette période de l’année.

De son côté, l’Espagne a déjà souffert d’un hiver très sec. En mars dernier, José Martinez Fernandez, professeur de climatologie et géographie physique à l’Université de Salamanque, assurait que les réserves hydriques du pays étaient au plus bas. 20 % du territoire, soit 90’000 km2 présente un risque de désertification élevé. La situation ne s’est donc pas améliorée durant les deux mois écoulés.

D’après un reportage sur place réalisé la semaine dernière par la radio RFI, le ¾ de l’Espagne est désormais en zone sèche. Gageons que la péninsule, comme la plupart des pays d’Europe, scrutera attentivement le ciel à partir de lundi, même si la pluie espérée ne comblera pas le déficit accumulé depuis des mois.

Météo: trop chaud, le printemps 2022 fait tomber les records

Les températures ont dépassé la norme d’environ 2,5 degrés de mars à mai et les précipitations se sont faites rares. Pour compenser, il faudrait des précipitations importantes et répétées en été.