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Matches truqués: vague d'arrestations, Criscito absent de l'Euro

L'international italien Domenico Criscito a été interrogé lundi sur le lieu même où la "squadra azzurra" prépare l'Euro 2012 et plusieurs joueurs ont été arrêtés par la police dans le nouveau scandale de matches truqués qui frappe le football italien.

28 mai 2012, 17:54
Le gardien de but de Vicenza Paolo Acerbis, à gauche, fait partie des personnes interrogées.

La police est venu réveiller le défenseur du Zénith Saint Petersbourg tôt lundi matin à Coverciano, le centre d'entraînement de la sélection italienne à Florence, pour l'entendre comme témoin assisté dans le cadre du énième rebondissement d'une vaste enquête policère baptisée "Last Bet" (dernier pari), et son domicile de Gênes a également été perquisitionné.

Criscito, premier choix au poste d'arrière-gauche, ne sera pas dans la liste des 23 Italiens pour l'Euro (8 juin-1er juillet) car il souhaite "clarifier sa situation" judiciaire, ont expliqué le vice-président de la Fédération italienne Demetrio Albertini et l'agent du joueur, Andrea D'Amico.

Roberto Di Martino, le procureur de Crémone chargé de l'enquête sur ce scandale des matches arrangés par des officines de paris, appelé par la presse italienne "Calcioscommesse" (paris sur le football), avait pourtant assuré en fin de matinée que Criscito pouvait "participer tranquillement à l'Euro", mais le joueur ne serait plus assez serein pour disputer le championnat d'Europe, selon des sources proches de la Fédération italienne (FIGC).

"Qui me dédommagera si je ne vais pas à l'Euro et qu'ensuite je suis disculpé?" avait alors déclaré Criscito via son agent. Le poste d'arrière-gauche de l'Italie à l'Euro devrait être occupé par le Palermitain Federico Balzaretti ou le défenseur central polyvalent de la Juventus Turin, Giorgio Chiellini.

Une vingtaine d'arrestations

Si Criscito est seulement témoin assisté, 19 personnes ont été arrêtées lundi aux premières heures, dont dix joueurs, et parmi eux le capitaine de la Lazio Rome, Stefano Mauri. Elles sont poursuivies pour "association de malfaiteurs à des fins de tricherie et de fraude sportive".

Selon les enquêteurs de "Last Bet", les joueurs concernés sont soupçonnés d'avoir truqué des matchs contre de l'argent. Les arrestations effectuées lundi matin par la police ont visé plusieurs villes et plusieurs clubs italiens.

Le domicile de l'entraîneur de la Juventus Turin, Antonio Conte, a également été perquisitionné dans cette enquête. Les faits qui intéressent les enquêteurs remontent à la saison dernière, quand Conte entraînait Sienne en deuxième division (Serie B).

Les matches truqués pouvaient rapporter jusqu'à 2 millions d'euros (2,4 millions de francs) pour une seule rencontre, a affirmé le procureur de Crémone Roberto Di Martino, chargé de l'enquête sur le "Calcioscommesse". Pour Lecce - Lazio, sur les 2 milllions de gains, 600'000 euros ont été utilisés pour la corruption des licenciés (joueurs), a-t-il détaillé. Le procureur a cité d'autres matches de la saison 2010-2011 soupçonnés d'avoir été arrangés, parmi lesquels Bari - Sampdoria et Lazio - Genoa, ainsi que sept à huit matches de Sienne.

Craintes d'un séisme

Cette troisième vague d'arrestations, après celles de novembre 2011 et avril 2012, se produit à trois jours de la mise en action de la justice sportive. Jeudi, la commission de discipline de la FIGC doit juger 22 clubs et 61 joueurs ou ex-joueurs dans le cadre de l'enquête de Crémone. Les premiers risquent des points de pénalité, les seconds des suspensions.

L'opération "Last bet" compte trois volets, conduits par les parquets de Crémone, Bari et Naples. L'ex-international Giuseppe Signori, l'ancien capitaine de l'Atalanta Cristiano Doni ou l'ancien joueur de Bari Andrea Masiello avaient notamment été arrêtés lors de ces coups de filets. Au coeur du scandale, des mafias locales et étrangères et des joueurs qui s'arrangeaient pour influer sur le résultat d'un match, afin de parier dessus à coup sûr.

Des joueurs, des intermédiaires de toutes sortes et peut-être des dirigeants truquaient des rencontres de ligues inférieures et même de Serie A. Il ne s'agissait pas seulement d'acheter la victoire, les paris pouvant prendre différentes formes, comme l'"over", le fait de marquer plus d'un certain nombre de buts dans une rencontre.

Cinq Hongrois soupçonnés d'être à la tête d'une de ces organisations mafieuses de paris figurent parmi les 19 personnes arrêtées lundi.

L'Italie redoute désormais un séisme comme celui du "Totonero" en 1980, qui avait précipité l'AC Milan en deuxième division et coûté deux ans de suspension à Paolo Rossi, ou du "Calciopoli", le scandale des matchs arrangés qui a privé la Juventus de deux titres (2005 et 2006) et l'a laissée en Serie B à son tour.

Les optimistes préféreront se rappeler qu'à chaque fois que l'Italie a été touchée par une telle affaire, elle a remporté dans la foulée la compétition (Coupes du monde 1982 et 2006). "En 2006 aussi il y a eu un scandale, on a réagi et on a gagné", a commenté lundi matin le buteur italien de la finale contre la France (1-1, 5 tab à 3), Marco Materazzi.

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