Votre publicité ici avec IMPACT_medias

Les doutes ont profité à Laurent Ségalat

Le président Jean-Pierre Lador a rappelé que le fardeau de la preuve incombe à l'accusation. Si à l'issue des débats, le juge ne parvient pas à se forger une conviction, le doute doit profiter au prévenu.

22 juin 2012, 17:18
03

 Le Tribunal criminel de Nyon a publié  vendredi son jugement détaillé sur le drame de Vaux-sur-Morges. La  Cour n'a pas pu se forger une intime conviction sur la culpabilité  de Laurent Ségalat, généticien français accusé du meurtre de sa  belle-mère. Dans ces conditions, l'acquittement s'imposait.
Dans ses considérants, le président Jean-Pierre Lador rappelle  que le fardeau de la preuve incombe à l'accusation. Si à l'issue des  débats, le juge ne parvient pas à se forger une conviction excluant  tout doute sérieux, la présomption d'innocence doit s'imposer. Cette  présomption d'innocence est violée lorsque le magistrat rend un  verdict de culpabilité au seul motif que l'accusé n'a pas prouvé son  innocence.
 

Convaincu de l'agression
En l'espèce, le tribunal est «convaincu» que la belle-mère de  l'accusé, municipale de Vaux-sur-Morges, a «bel et bien fait l'objet  d'une agression» qui a provoqué une importante hémorragie, puis son  décès le 9 janvier 2010. Mais il existe «un doute sérieux» sur le  déroulement des faits et sur l'implication du prévenu dans ce drame,  un doute qui doit profiter à l'accusé.
Certes, le soir du drame, le prévenu a tardé à appeler les  secours et a nettoyé le sang avant leur arrivée, se changeant à deux  reprises. Il a aussi modifié sa version sur l'origine des griffures  qu'il portait au visage et au cou. Mais ces éléments ne sont «de  loin pas suffisants» pour établir un «faisceau d'indices pouvant  emporter l'intime conviction du tribunal», écrit le président.


Chute écartée
Le tribunal écarte d'un revers de la main l'expertise du  professeur Dominique Lecomte, qui concluait à une chute dans les  escaliers. Ce document, commandé par l'accusé, «répond manifestement  à ce qu'en attendaient les avocats de la défense». Mais la Cour reprend les conclusions du professeur Michael Fried,  gastroentérologue zurichois, qui n'exclut pas que la victime soit  décédée avant l'arrivée de Laurent Ségalat au moulin de Vaux-sur- Morges. «Déjà à ce stade, un doute sérieux et irréductible  s'impose», estime le tribunal.
 

Traces ADN
Au passage, le tribunal lance une pique aux enquêteurs qui n'ont  «pas jugé utile» de procéder à des contrôles ADN sur le contenu du  lave-vaisselle ou les objets posées sur l'évier. «Il en résulte  qu'aucun ADN de tiers n'a été analysé», les spécialistes se limitant  à analyser les traces de sang visibles sur les lieux.
De plus, l'arme du crime n'a pas été retrouvée. Il n'est pas  certain que le marteau retrouvé avec des traces de sang soit l'arme  de l'agression. Le mobile est également inexistant, souligne la  Cour. Ce Noël 2009-2010 était une période heureuse pour le prévenu,  dont le livre avait eu beaucoup de succès en France.

Pas de dispute
L'accusé s'apprêtait à reprendre la librairie de livres anciens  créée par son père, à Lausanne. Mais ni les témoignages de deux  témoins, ni les explications des parties civiles n'amènent  «d'éléments probants suffisants» pour attester d'une dispute entre  l'accusé et sa belle-mère, liée à cette reprise de la librairie.
Au final, le Tribunal a décidé de libérer le prévenu du chef  d'accusation de meurtre, comme il l'avait sommairement annoncé le  1er juin.
Le Ministère public et les parties civiles - le frère et les  soeurs de la victime représentées par Me Jacques Barillon - ont  vingt jours pour faire appel de ce jugement. Ils annonceront  ultérieurement leur décision. Laurent Ségalat est sorti de prison  quelques heures après l'annonce du verdict, le 1er juin au soir.

Votre publicité ici avec IMPACT_medias