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Le PS veut débloquer 200 millions pour les médias

Le Parti socialiste souhaite augmenter l'aide de l'État aux médias de 100 à 200 millions de francs par an. Du côté des éditeurs, le scepticisme règne face à la crainte d'une étatisation.

23 juil. 2013, 16:04
Le Parti socialiste veut plus d'argent pour la presse.

Le PS veut qu'une somme allant jusqu'à 200 millions de francs par an soit versée pour maintenir un système médiatique "compatible avec la démocratie". Ces subventions, qui ne concernent pas la SSR, seraient financées en partie par de nouvelles taxes sur les recettes publicitaires et sur le trafic de données sur Internet. Seuls les médias montrant patte blanche en profiteraient.

Le marché ne fonctionne pas. Des monopoles privés se créent, a déploré le conseiller national vaudois Jean Christophe Schwaab mardi devant la presse. Et la tendance va en se péjorant, a ajouté son ancien collègue schaffhousois Hans-Jürg Fehr.

Selon lui, les lacunes concernent surtout la pluralité des opinions et la qualité journalistique, et frappent avant tout la presse et les médias en ligne. Pour y remédier, l'aide indirecte à la presse (50 millions) et la quote-part de la redevance versée aux radios et télévisions régionales (50 millions) ne suffisent plus.

100 à 200 millions

Dans un papier de position, les socialistes réclament un système de promotion directe englobant tous les types de médias, hors SSR. Ils souhaitent que cette réforme, qui nécessiterait une votation populaire pour modifier la constitution, puisse voir le jour en 2019.

Les besoins sont estimés à quelque 100 à 200 millions de francs par an. La majeure part devrait être affectée à l’encouragement de la production (fonds pour le journalisme) alors qu'un certain montant aiderait les médias à relever les défis liés à la conversion au numérique (fonds de transition).

Pour bénéficier de ce coup de pouce, les médias devraient remplir un certain nombre d'exigences, comme la garantie d'une autonomie rédactionnelle absolue, des conditions de travail équitables ou l'interdiction de proposer des produits journalistiques gratuits. Destinataires: la concurrence aux puissants groupes monopolistiques, selon M. Fehr qui a cité la "Tageswoche" bâloise.

Les socialistes jurent leurs grands dieux ne pas vouloir de médias étatiques. "Personne ne veut de nouvelle Pravda", a lancé M. Schwaab. Une instance indépendante, elle-même contrôlée par un second organe, déciderait à qui verser les subventions.

Nouvelles taxes

Pour trouver l'argent, le PS propose de taxer les recettes publicitaires des entreprises de presse écrite et en ligne, de radio et de télévision. Produit escompté avec un taux de 1 à 2%: entre 25 et 50 millions.

La même somme pourrait être récoltée via une taxe sur le trafic des données de services Internet exploitant commercialement les prestations journalistiques de tiers, comme le font Google, Facebook, Microsoft ou Yahoo. Avec ces deux taxes, le financement serait assuré par ceux qui profitent de la situation, a commenté M. Schwaab.

Difficile

Tout comme M.Fehr, il a conscience des difficultés d'application mais croit que des solutions sont possibles. Du côté de l'association de la presse suisse romande MEDIAS SUISSE, qui attend encore de connaître le projet socialiste dans le détail, c'est un très grand scepticisme qui prédomine face notamment à un risque d'étatisation.

Selon son secrétaire général Daniel Hammer, taxer la manne publicitaire serait suicidaire pour la presse qui a vu ces recettes fondre de dix milliards en dix ans. Quant à la taxe sur le trafic des données, elle soulève un problème de territorialité.

Avec le modèle du PS, l'argent actuellement distribué ne serait pas perdu. Les 50 millions issus de la redevance seraient réaffectés. Et les autres 50 millions de l'aide indirecte pourraient, à titre subsidiaire, continuer d'être versés par la Confédération.

Autres demandes

Les socialistes posent d'autres exigences. Ils appellent la SSR à respecter pleinement son caractère de service public. L'Agence télégraphique suisse pourait être transformée en établissement de droit public titulaire d'une concession d'Etat.

La formation continue des journalistes devrait quant à elle mettre l'accent sur le renforcement d'une profession respectueuse et promotrice de la démocratie. Quant à l'école, elle devrait enseigner l'utilisation intelligente des médias.

Conseil fédéral pas pressé

La question occupe aussi le Parlement. Ce dernier souhaite que le Conseil fédéral élabore un système d'encouragement visant à renforcer le rôle étatique et démocratique des médias et développe un concept général du paysage médiatique suisse.

Plutôt que de se voir assigner un mandat par les Chambres, le gouvernement aurait préféré attendre 2015, le temps que les médias prennent les devants. Si ces efforts ne suffisaient pas, il s'est dit prêt, il y a deux ans, à envisager certaines mesures: développement de la formation, révision des taxes postales préférentielles, allégements par le biais de la TVA, soutien direct.

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