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Le Parlement enterre le salaire minimum

L'initiative populaire pour l'introduction d'un salaire minimum n'a pas passé la rampe devant le Conseil national ce mercredi. Le Conseil des Etats avait déjà dit non.

27 nov. 2013, 11:24
Le Conseil national se penche aujourd'hui sur le budget fédéral 2012.

L'introduction d'un salaire minimum de 4000 francs par mois ne trouvera pas grâce au Parlement. Après le Conseil des Etats, le National va rejeter l'initiative populaire de l'Union syndicale suisse (USS). Les députés ont commencé mercredi à en débattre, sur fond de clivage gauche/droite.

L'initiative "pour la protection de salaires équitables" veut encourager les conventions collectives de travail (CCT). Mais pour les secteurs où cela n'est pas possible, un salaire minimum de 22 francs de l'heure devrait être introduit, soit une rémunération mensuelle de 4000 francs pour 42 heures hebdomadaires.

En sus des représentants des commissions et des groupes, pas moins de 72 députés se sont inscrits à titre personnel pour défendre leurs arguments à la tribune. Les discussions se prolongeront donc toute la matinée de jeudi, même si l'issue du vote ne fait aucun doute.

Sondage favorable

Trois jours après l'échec de l'initiative 1:12 en votation populaire, la gauche a fait part de ses espoirs de voir cette fois ses propositions rallier une majorité du peuple. Neuchâtel et le Jura ont déjà franchi le pas. Et un sondage commandé par l'USS donne 74% d'opinions favorables.

Imposer un salaire minimum permettra d'assurer la prospérité de l'économie en renforçant le pouvoir d'achat des Suisses, a affirmé Corrado Pardini (PS/BE). Actuellement, beaucoup ne peuvent joindre les deux bouts à la fin du mois.

Assurer un revenu correct

Plus de 300'000 personnes travaillent à plein temps sans recevoir 4000 francs par mois. Il s'agit surtout de femmes, employées comme vendeuses dans le commerce. En leur assurant un revenu décent, on leur éviterait de se tourner vers l'aide sociale, a noté Louis Schelbert (Verts/LU).

Le partenariat social actuel tant vanté par la droite est loin d'être la panacée, a estimé le syndicaliste Corrado Pardini. Depuis des années, des employeurs refusent de combler les lacunes et deux tiers des employés, comme dans le commerce de détail, ne connaissent pas de CCT et sont exposés à l'arbitraire.

Les bas salaires sont l'apanage de branches comme l'hôtellerie, le jardinage, la coiffure et l'agriculture et non pas des secteurs d'exportation. Le spectre d'une délocalisation des emplois est donc un leurre, a affirmé Ada Marra (PS/VD).

Enfin, selon Adèle Thorens (Verts/VD), les revendications de l'initiative sont d'autant plus justifiées qu'il faudra convaincre les Suisses, lors des prochaines votations, de ne pas renoncer à la libre circulation des personnes avec l'Union européenne.

Pas touche au parteneriat social !

Mais la droite a fait bloc contre le texte de l'USS. La Suisse doit son succès, notamment son taux de chômage bas et ses salaires plutôt élevés, à la souplesse de son marché du travail, a fait valoir Hansruedi Wandfluh (UDC/BE). La négociation des salaires entre employeurs et employés permet de tenir compte de particularités régionales et par branches.

Un salaire minimal mettrait à mal le système de formation dual. Plus personne ne voudra faire un apprentissage, s'il est sûr de gagner ailleurs 4000 francs par mois directement après sa scolarité, ajouté Sylvia Flückiger (UDC/AG). Ce serait aussi un appel d'air pour les immigrants, a quant à lui prédit Hansjörg Hassler (PBD/GR).

Smic trop élevé

Les partis bourgeois jugent en effet exagérées les prétentions syndicales. Le "smic" helvétique, - le plus élevé du monde, selon Andrea Caroni (PLR/AR) - serait nettement supérieur à celui des pays voisins. La France pratique un plancher de 9,43 euros par heure (11,80 francs) et l'Allemagne s'achemine vers 8,5 euros.

Avec 22 francs horaires, les entreprises suisses, notamment les PME, ne seront plus compétitives. Le tourisme en particulier en ferait les frais, a lancé Jean-René Germanier (PLR/VS).

Et à quoi servent 4000 francs par mois à une personne qui, faute d'emploi, ne les reçoit pas?, a demandé le patron de l'Union des paysans Markus Ritter (PDC/SG). La droite a en outre brandi la menace d'une hausse des prix et d'un développement du travail au noir.

Le camp bourgeois n'est d'ailleurs pas prêt à faire autant de concessions que le Conseil des Etats, qui, dans une motion, a appelé le Conseil fédéral à présenter un plan pour remédier aux lacunes dans l'application des mesures d'accompagnement. Il refuse d'accélérer les procédures en matière de CTT, jugeant ce point superflu.

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