PASCAL DÉCAILLET
Quelqu'un, parmi vous, aurait-il entendu, depuis le début de l'année, la voix de la nouvelle conseillère fédérale? Personne, évidemment. Et cela pour une bonne raison: Eveline Widmer-Schlumpf se tait. Silence absolu. A côté duquel le regretté mime Marceau aurait fait figure d'impénitent bavard. La nouvelle élue n'invente rien: elle ne fait qu'observer (en plus du silence) l'une des traditions les plus ridicules, les plus dépassées, du Conseil fédéral. Cela, pourtant, porte un très beau nom, qui rappelle le vol des aigles et le retour de l'île d'Elbe: cela s'appelle les Cent Jours.
Allez savoir pourquoi, on considère, en Suisse, qu'un nouvel élu dans un Exécutif est une sorte de bleu qui doit apprendre son métier. Comme un moussaillon, sur un trois-mâts. Alors, pendant trois mois et dix jours (durée moyenne d'un gouvernement complet sous la Quatrième République!), il devrait se taire. Tous s'y sont pliés, même Blocher, dont...