"La demande d'extradition est accompagnée d'une documentation du parquet sur les soupçons de crimes de guerre qui pèsent" sur M. Oric, a indiqué dimanche l'agence serbe Tanjug, citant le ministère serbe de la Justice.
L'accusé a d'ores et déjà fait savoir qu'il contesterait une éventuelle extradition. Dans un message transmis par le maire musulman de Srebrenica, Camil Durakovic, qui lui a rendu visite en détention en Suisse, Naser Oric a affirmé qu'il ne se rendrait pas vivant en Serbie.
L'ancien commandant militaire bosnien a été arrêté sur la base d'un mandat d'arrêt émis par la Serbie l'an dernier. Cet homme de 48 ans est soupçonné d'avoir commis en juillet 1992 des crimes de guerre avec quatre autres personnes dans la localité de Zalazje dans l'est de la Bosnie, près de Sarajevo. Neuf personnes avaient été tuées.
Relations tendues
Le premier ministre bosnien Denis Zvizdic a critiqué cette interpellation. Selon lui, l'intéressé a été retiré de la liste de recherches d'Interpol. M. Zvizdic a aussi exhorté Belgrade à respecter les dispositions d'un accord de 2013 prévoyant que les procédures sont conduites dans le pays du suspect, soit, dans ce cas, la Bosnie.
Naser Oric avait été le commandant des forces armées bosniaques enclavées et encerclées à Srebrenica. Il avait été rappelé par ses supérieurs à Sarajevo en mai 1995. Deux mois plus tard, Srebrenica avait été le théâtre d'un massacre qui a coûté la vie à près de 8000 hommes et garçons musulmans tués par les forces serbes de Bosnie.
La décision de Belgrade de réclamer l'extradition de M. Oric risque d'envenimer davantage les relations entre les deux pays, à trois semaines des commémorations du 20e anniversaire du massacre de Srebrenica.
Naser Oric est l'un des rares musulmans de Bosnie à être jugé par le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY). Il avait été condamné en 2006 à deux ans de prison pour crimes de guerre contre des Serbes en 1992-1993. Deux ans plus tard, il avait été acquitté en appel.