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La Corée du Nord commémore Kim Jong-II et rêve d'avenir

Un an jour pour jour après la mort de Kim Jong-II, la Corée du Nord pleure son ancien leader et le salue, lui attribuant la réussite scientifique et technologique du pays, cristallisée par le lancement d'un satellite la semaine dernière. Son fils ne suscite en revanche pas l'enthousiasme promis lors de son accession au pouvoir.

17 déc. 2012, 07:15
Une foule nombreuse pour suivre les obsèques de Kim Jong-Il en Corée du Nord.

La Corée du Nord commémorait lundi le décès il y a un an jour pour jour de Kim Jong-Il. L'homme fort du régime communiste pendant 17 ans est crédité de la marche en avant scientifique et technologique ayant permis la semaine dernière le premier tir de fusée réussi du pays.

Kim Jong-Il a succombé à une crise cardiaque le 17 décembre 2011 à l'âge de 69 ans. Sa mort avait été gardée secrète pendant deux jours.

Flanqué de dignitaires du régime, son fils cadet Kim Jong-Un, qui lui a succédé, s'est rendu avec son épouse Ri Sol-Ju au mausolée Kumsusan de Pyongyang où reposent les corps embaumés de Kim Jong-Il et de son père Kim Il-Sung, fondateur en 1948 de la République populaire démocratique de Corée (RPDC).

Jong-Un, jeune homme replet de moins de trente ans, s'est incliné devant deux imposantes statues de son père et de son grand-père, selon les images retransmises en direct par la télévision d'Etat.

Précédant les officiels vêtus de noir, des soldats au pas de l'oie portaient une gerbe de fleur ceinte d'un ruban imprimé: "Les grands camarades Kim Jong-Il et Kim Il-Sung demeurent à jamais auprès de nous".

Hommage des scientifiques

Un groupe de scientifiques ayant travaillé au développement de la fusée nord-coréenne lancée la semaine dernière avec succès ont été parmi les premiers à leur rendre hommage.

"Ce sont ces scientifiques qui ont grandement contribué au lancement réussi de notre satellite Kwangmyongsong-3 et ainsi participé à exposer au monde entier le savoir-faire technologique de la nation", a expliqué un commentateur de la télévision.

Sur la place principale de la capitale, les anonymes déposaient des fleurs au pied des statues géantes des deux dirigeants dont les portraits monumentaux ornent les édifices publics sur tout le territoire nord-coréen.

Selon les médias officiels, 750'000 personnes au moins se sont recueillies pour la seule journée de dimanche.

Peu d'espoir à l'avenir

Un an après la mort de son "grand leader" Kim Jong-il, le mince espoir suscité par l'arrivée de son jeune fils Kim Jong-Un aux commandes du régime communiste a fait long feu: la Corée du Nord demeure aussi hermétique, isolée et indigente.

Agé d'à peine 30 ans, formé en Suisse, son fils a pu faire illusion et laisser penser qu'il apportait le vent du changement dans son pays paria, à l'économie sous perfusion chinoise et où des millions de personnes souffrent de la faim. Mais ce changement n'a été jusqu'ici qu'anecdotique.

Pire, Pyongyang a humilié les "forces hostiles" qui la combattent en déjouant les systèmes d'observation et d'espionnage les plus modernes pour faire décoller une fusée que le monde entier pensait défectueuse, en cours de démontage.

Images satellite en main, les experts américains et sud-coréens affirmaient sans douter que la mise à feu subirait d'importants délais et pourrait même être annulée.

Moins de vingt-quatre heures plus tard, la fusée s'envolait bel et bien, et le Nord réalisait une première historique en mettant en orbite un satellite météo. Officiellement. Car Washington et ses alliés y voient, eux, un énième essai de missile balistique.

Il parle

"Le jeune dirigeant a suivi les enseignements de son père s'agissant des essais de missiles, tout en essayant de trouver son style de dictateur", ironise Cheong Seong-Chang de l'université Sejong à Séoul.

Certes, il prononce des discours. Son premier, au bout de quatre mois seulement à l'occasion du centenaire de la naissance de son grand-père Kim Il-Sung, fondateur en 1948 de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), nom officiel de la Corée du Nord.

Kim Jong-Il, lui, ne se serait exprimé qu'une seule fois lors d'un grand événement public en 17 ans de pouvoir, pour prononcer une phrase unique.

Mais sur le fond, "je ne crois pas qu'on puisse dire qu'il fasse quoi que ce soit de vraiment différent", estime Aidan Foster-Carter, spécialiste de la Corée à l'université de Leeds (Grande-Bretagne).

Pas de changements

Il reste toujours aussi difficile de connaître le quotidien enduré par la population nord-coréenne, en particulier dans les campagnes, en dehors de Pyongyang, vitrine policée du régime.

Bien que Kim Jong-Un ait mis ses pas dans ceux de ses prédécesseurs en faisant de l'armée sa "première, seconde et troisième" priorités, ce jeune homme replet a également promis que les Nord-Coréens n'auraient "plus jamais à se serrer la ceinture".

Quelques mois plus tard, la "directive du 28 juin" semblait confirmer le nouveau volontarisme du régime en matière de réformes économiques et agricoles. On évoquait alors la possibilité pour un paysan de garder une partie de ses récoltes pour la vente privée, au lieu de tout remettre à l'Etat, aux fins d'améliorer la productivité. Depuis, rien.

"Il n'était pas question de croire à un paquet de réformes, Kim Jong-Un venant dire 'bon, d'accord les gars, on s'est trompé sur toute la ligne depuis toutes ces années'", souligne Aidan Foster-Carter, selon une lecture récente à l'International Institute for Strategic Studies (IISS) de Londres.

Des millions d'affamés

Selon les agences des Nations unies, des millions de Nord-Coréens vivent dans des conditions de grandes précarité en raison des pénuries alimentaires qui sévissent dans les pays à cause des sanctions internationales, de la vétusté des structures agricoles et des intempéries.

La principale récolte de 2012 et les récoltes précoces de 2013 devraient produire 5,8 millions de tonnes de céréales, une hausse de 10% par rapport à 2011-2012, selon l'Organisation pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et le Programme alimentaire mondial (PAM).

Mais ces chiffres, soulignent les agences, "ne doivent pas masquer le combat continu contre la sous-nutrition et le déficit en protéines vitales et en graisses, surtout pour 2,8 millions de personnes réputées vulnérables".

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