Votre publicité ici avec IMPACT_medias

Egypte: Abdel Fattah al-Sissi a prêté serment ce dimanche

Près d'un an après avoir destitué son prédécesseur, l'ex-chef de l'armée Abdel Fattah al-Sissi, élu président d'Egypte avec 96,9% des votes, prête serment au Caire. Sous ses airs de civil affable, il ne peut réprimer son discours autoritaire de l'ex-chef de l'armée qu'il était.

08 juin 2014, 12:12
L'ex-chef de l'armée Abdel Fattah al-Sissi, élu président de l'Egypte avec 96,9 % des voix après avoir éliminé toute opposition de la scène politique, a prêté serment dimanche.

L'ex-chef de l'armée Abdel Fattah al-Sissi, élu président de l'Egypte avec 96,9 % des voix après avoir éliminé toute opposition de la scène politique, a prêté serment dimanche. Il a été investi près d'un an après avoir destitué son prédécesseur, l'islamiste Mohamed Morsi.

Le maréchal à la retraite a "juré au nom de Dieu de respecter la loi et la Constitution" égyptiennes devant les juges de la Cour Constitutionnelle suprême, au cours d'une cérémonie retransmise en direct sur les chaînes de télévision.

Discours autoritaire

Le nouveau président de l'Egypte Abdel Fattah al-Sissi s'efforce de peaufiner sa nouvelle image de civil affable. Mais il a du mal à réprimer le discours autoritaire de l'ex-chef de l'armée ayant renversé son prédécesseur l'islamiste Mohamed Morsi.

Jouissant d'un véritable culte de la personnalité depuis près d'un an qu'il dirige de facto le pays d'une main de fer, il a été élu sans coup férir fin mai avec 96,9 % des suffrages, mais après avoir éliminé de l'échiquier politique toute opposition islamiste puis libérale et laïque.

Ses millions de portraits qui ornent chaque rue et chaque échoppe depuis 11 mois sont passés de celui du maréchal en uniforme au regard sévère derrière des lunettes fumées à celui du civil fringant de 59 ans, sourire figé et costume bien taillé. Il a été contraint en mars de prendre sa retraite de maréchal de l'armée pour se présenter à la présidentielle.

De même, dans des interviews télévisées fleuves mais théâtrales et aux questions complaisantes durant la campagne, il ne s'est jamais départi d'un sourire parfois un peu forcé, même lorsqu'il expliquait que l'Egypte ne sera pas prête pour "la vraie démocratie" avant 20 ou 25 ans.

Homme de poigne

Même si la répression sanglante menée depuis 11 mois contre les pro-Morsi fait tordre la bouche à de nombreux dirigeants occidentaux, la grande majorité des Egyptiens applaudissent leur "héros".

Cette popularité, il l'a forgée depuis le 3 juillet 2013 lorsqu'alors chef de la toute puissante armée il a annoncé à la télévision la destitution du premier président jamais élu démocratiquement du pays, l'islamiste Mohamed Morsi, issu de l'influente confrérie des Frères musulmans.

Sous le gouvernement qu'il a mis en place et dirige de facto depuis 11 mois, soldats et policiers ont tué plus de 1400 manifestants pro-Morsi et emprisonné plus de 15 000 autres, mais pour de nombreux d'Egyptiens, il est l'homme à poigne dont a besoin le pays pour retrouver la stabilité et la prospérité.

Comparé à Nasser

La "lutte contre les terroristes" Frères musulmans est devenue sa priorité, quitte à sacrifier les libertés. Trois ans après une révolte populaire réclamant "la justice sociale" et "la dignité" des citoyens qui a mis fin à trois décennies de pouvoir autoritaire d'Hosni Moubarak, M. al-Sissi assène que "parler de libertés" ne doit pas primer sur la "sécurité nationale" et le redressement de l'économie en ruines.

Abdel Fattah al-Sissi est souvent comparé par ses partisans à Gamal Abdel Nasser - lui aussi un militaire -, le charismatique président égyptien devenu dans les années 1950 et 1960 le champion des Non-Alignés.

M. al-Sissi n'hésite toutefois pas à faire appel au sentiment religieux des Egyptiens, en très grande majorité musulmans sunnites. Celui que son entourage décrit comme pieux, affirmant qu'il met un point d'honneur à accomplir ses cinq prières quotidiennes et dont l'épouse porte le voile, a d'ailleurs publié en 2006 un document "La démocratie au Moyen-Orient" dans lequel il insistait sur le rôle de l'islam dans la législation.

Nombreuses spéculations

Mi-2011, alors chef du renseignement militaire, M. al-Sissi avait justifié les tests de virginité pratiqués par l'armée sur des manifestantes pour prouver qu'elles n'avaient pas subi de viols.

Il avait été nommé chef de l'armée et ministre de la Défense par le président Morsi en août 2012. Sa nomination avait alimenté de nombreuses spéculations sur une mise au pas de l'armée et sur une possible allégeance des militaires aux nouveaux dirigeants islamistes.

Né au Caire en novembre 1954, diplômé de l'académie militaire, M. al-Sissi a ensuite étudié en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis. Il a quatre enfants.

Votre publicité ici avec IMPACT_medias