Les critiques continuent de pleuvoir après la collision mortelle entre deux trains fin juillet à Granges-près-Marnand (VD). Président du Syndicat des mécaniciens de locomotives, Hubert Giger regrette ainsi dans des interviews que la "culture de la punition" l'emporte sur la culture de la sécurité aux CFF.
On n'a pas aux CFF une même conscience de la culture de la sécurité ou de l'erreur que dans le transport aérien ou les hôpitaux. "Des erreurs sont punies administrativement et ainsi liquidées, a déclaré M.Giger dans des interviews publiées lundi dans le "St-Galler Tagblatt" et la "Neue Luzerner Zeitung".
Il existe certes un système d'annonces confidentiel, mais il n'est que peu utilisé. Il faudrait pour cela avoir confiance dans la hiérarchie et dans l'entreprise. Aussi longtemps que ce climat n'est pas atteint, un système d'annonces confidentiel ne sert à rien, affirme Hubert Giger, le président du Syndicat suisse des mécaniciens de locomotive et aspirants.
Plutôt que d'aspirer à un nouveau climat de confiance, la culture de la sécurité est pour le moment "torpillée par des mesures aux effets diamétralement opposés". Et M.Giger de critiquer, en plus des projets pilotes d'arrêts par secteur dans les gares, de nouvelles directives, des prescriptions et autres nouveautés partiellement discutables.
Solitaire et responsable
Cela d'autant plus que c'est toujours la culture de la punition qui domine, au point que toute faute est sanctionnée, même si elle ne porte préjudice à rien ni personne. "Nous sommes en même temps tenus d'annoncer toute erreur, ce qui est un paradoxe qui ne va jamais encourager la confiance".
Hubert Giger est conscient qu'il faut des années pour atteindre une culture de la sécurité comme celle que connaît le transport aérien. C'est même encore plus difficile pour un mécanicien de locomotive qui, contrairement à un pilote d'avion, est toujours seul. Il est donc aussi seul responsable, critique M.Giger.
Système de sécurité en question
Fin juillet à Granges-près-Marnand, un mécanicien de locomotive a perdu la vie dans une collision avec un train arrivant en sens inverse, qui a fait en outre 26 blessés. Le mécanicien qui a survécu est soupçonné de n'avoir pas respecté un feu rouge. Constatant, trop tard, son erreur, il a tout juste pu sauter de la locomotive avant la collision.
Les systèmes de sécurité des CFF sont aussi au centre de l'enquête. Celui utilisé à Granges-près-Marnand est en effet encore un ancien système. Directeur des CFF, Andreas Meyer a cependant contesté que son entreprise connaît un problème général de sécurité. Il n'empêche qu'il envisage d'accélérer le renouvellement des installations signalétiques et des systèmes de sécurité sur les trains.