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Coup de pouce aux futurs infirmiers grâce à la crise du Covid-19

Le Conseil des Etats a adopté ce mercredi le contre-projet indirect du National à l’initiative sur les soins infirmiers. Une enveloppe de 469 millions de francs pour huit ans serait allouée à la formation et les compétences renforcées.

10 juin 2020, 14:11
Les infirmiers devraient pouvoir fournir certains soins sans qu’ils soient prescrits par un médecin et les facturer directement à l’assurance-maladie (illustration).

Les infirmiers doivent bénéficier de compétences supplémentaires et les futurs étudiants d’un coup de pouce financier de la part de la Confédération. Le Conseil des Etats a adopté mercredi le contre-projet indirect à l’initiative sur les soins infirmiers.

La décision a été prise par 36 voix contre 4. Le Covid-19 a convaincu les sénateurs du rôle important joué par le personnel soignant dans la lutte contre la pandémie. Leur engagement au cours des derniers mois a été salué. Il mérite notre reconnaissance, a souligné Erich Ettlin (PDC/OW) au nom de la commission.

La Suisse forme seulement 43% du personnel infirmier dont elle aurait besoin chaque année pour couvrir la demande. Selon des estimations, 65’000 soignants manqueront d’ici 2030. «C’est énorme», a rappelé le ministre de la santé Alain Berset. Au printemps, 11’000 postes étaient vacants.

Offensive sur la formation

Le contre-projet indirect élaboré par le National est marqué par une offensive sur la formation des infirmiers. «Si la Suisse ne forme pas assez de personnel soignant, elle sera dépendante de l’étranger», a avancé Pirmin Bischof (PDC/SO).

La Confédération devra soutenir financièrement les cantons qui octroient une contribution aux étudiants en soins infirmiers pour les aider à subvenir à leurs besoins durant leur formation. Un crédit d'engagement de 369 millions de francs est alloué à cet effet pour huit ans. La gauche aurait souhaité obliger les cantons à verser ces aides. La proposition a été rejetée par 32 voix contre 13.

Ces aides sont une mesure de promotion qui avantage un groupe professionnel, mais elles sont justifiées.
Alain Berset, ministre de la santé

Pour Josef Dittli, les cantons sont responsables du financement et non la Confédération. «C’est ouvrir la boîte de Pandore», a-t-il plaidé en vain. Ces aides sont une mesure de promotion qui avantage un groupe professionnel, a reconnu Alain Berset. Mais elles sont justifiées. «C’est un engagement très fort. Et nous le faisons avant tout pour notre société». Il a été suivi de justesse par 23 voix contre 22.

Les cantons devront également verser des contributions à leurs écoles supérieures. Ces aides doivent garantir une offre suffisante de places de formation pour les étudiants en soins infirmiers dans une école supérieure et pour les étudiants qui suivent un bachelor en soins infirmiers dans une haute école spécialisée.

Renforcement des compétences

Par 32 voix contre 10, la Chambre des cantons est aussi favorable à un renforcement des compétences des professionnels des soins infirmiers. Ces derniers devraient pouvoir fournir certains soins sans qu’ils soient prescrits par un médecin et les facturer directement à l’assurance maladie. Cela évitera de la bureaucratie et fera gagner du temps, a argué Pirmin Bischof (PDC/SO).

Une convention avec les assurances maladie sera nécessaire, ont décidé les sénateurs par 28 voix contre 16. Le gouvernement définira les prestations qui peuvent être fournies par un infirmier sur ordonnance et celles qui peuvent l’être sans prescription.

Le Conseil fédéral n'était pas prêt à franchir ce pas. Cela pourrait mener à une hausse des coûts. La situation peut être corrigée sans passer par la facturation directe, a plaidé en vain Alain Berset. De plus, le Conseil fédéral a déjà élargi les compétences. Pour environ 70% des prestations fournies, les infirmiers peuvent travailler de manière autonome.

Soins infirmiers forts

Pour Peter Hegglin (PDC/ZG), les médecins ont un meilleur aperçu des besoins des patients que les infirmiers. Si ces derniers peuvent décider de soins de manière autonome, les patients en supporteront les conséquences, selon le Zougois.

Le contre-projet, qui repasse au National, reprend les demandes essentielles de l’initiative populaire «Pour des soins infirmiers forts». Ce texte demande aux cantons et à la Confédération d’investir davantage dans la formation, d’améliorer les conditions de travail et surtout de renforcer les compétences du personnel soignant.

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