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«Coronagraben» est le mot de l’année 2020 en Suisse romande

Le département de linguistique de la Haute école zurichoise des sciences appliquées s’est penché sur le vocabulaire utilisé au cours des douze derniers mois. Sans grosse surprise, ce sont des néologismes nés de la pandémie qui arrivent en tête en Romandie.

08 déc. 2020, 08:35
/ Màj. le 08 déc. 2020 à 11:08
Dans les quatre régions linguistiques, tous les mots de l'année sont marqués, de près ou de loin, par la pandémie du coronavirus.

La pandémie aura fortement marqué le vocabulaire médiatique et populaire en Suisse cette année. «Coronagraben» est le mot de l’année en Suisse romande. Viennent ensuite «gestes barrières» et «luttes», selon la Haute école zurichoise des sciences appliquées (ZHAW).

L’année de la pandémie a vu fleurir une ribambelle de néologismes tels que le ou la Covid-19, «covidiots», «coronasceptiques» et «coronagraben», indique mardi le département de linguistique de la ZHAW mardi.

Nous avons tous vécu une réalité différente selon notre région linguistique.
la ZHAW

Issu du terme «röstigraben» (littéralement: «fossé des rösti»), «coronagraben» souligne tantôt les désaccords entre cantons alémaniques et romands quant aux mesures sanitaires à prendre ou à abandonner, tantôt les fortes variations du nombre de cas selon les régions linguistiques, détaille la haute école spécialisée zurichoise.

Ce néologisme traduit en filigrane «la relation au fédéralisme suisse et à ses mécanismes». Il montre surtout que «nous avons tous vécu une réalité différente selon notre région linguistique», constate la ZHAW.

Le paradoxe des «gestes barrières»

Le terme «gestes barrières» met, lui, en avant le paradoxe incommodant qui marque la société en 2020: une barrière pour entrer en contact, un geste qui nous éloigne pour nous permettre de nous rapprocher. Porter un masque, se désinfecter ou se laver méticuleusement les mains, ne pas se serrer la main, aérer les lieux clos, éviter les foules sont autant de gestes mettant une barrière à l’infection au coronavirus.

Le troisième mot de l’année n’est, lui, pas un néologisme, mais il s’est montré omniprésent durant l’année écoulée. L’utilisation fréquente du terme «luttes» au pluriel a exprimé l’intense pluralité des combats menés en 2020: lutte – sanitaire, politique et individuelle – contre la pandémie, lutte pour le climat, lutte féministe, lutte antiraciste avec le mouvement Black Lives Matter.

«Systemrelevant» chez les Alémaniques

En Suisse alémanique, le mot de l’année est "systemrelevant" ("d’une importance systémique). Il devance le "Maskensünder" ("pécheur du masque") qui refuse ou omet de porter un masque d’hygiène. Le terme "stosslüften" ("aérer de manière conséquente"), qui complète ce podium, est lui aussi lié à la pandémie et constitue un geste barrière.

De même, le mot de l’année en Suisse italienne n’est autre que «pandemia» («pandémie») qui devance «responsabilità» («responsabilité») et «distanza» («distance»). Ce trio semble montrer à quel point le Tessin a été marqué par l’arrivée du coronavirus en provenance de l’Italie du nord.

Classement basé sur un large corpus de textes suisses

Il en va de même en romanche. Dans les vallées grisonnes où il est parlé, la première place revient à mascrina ("masque"), devant "extraordinari" (extraordinaire", comme la situation) et "positivitad" ("positivité").

Les mots de l’année sont désignés depuis 2003 pour les Alémaniques, depuis 2017 pour les Romands, depuis 2019 pour les italophones et depuis 2019 pour les Romanches sur la base d’un large corpus de textes suisses, compilé par les chercheurs de la ZHAW. A partir de cette liste, les quatre jurys régionaux font leur choix. Le jury francophone se composait de linguistes travaillant dans le journalisme, l’enseignement, la communication et l’art.

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