Elle était gardienne de prison et sera bientôt pilote de locomotive CFF. Maryline Reghal fait partie de ces nouvelles volées formées par l’ex-régie fédérale pour combler la pénurie de conducteurs qu’elle subit. «Il y a quelques mois, j’ai entendu dire que les CFF cherchaient des mécaniciens de locomotive. Cela m’a enthousiasmée, d’autant plus que j’avais envie de changer de travail», raconte cette femme de 43 ans avec un large sourire.

Il y a quelques mois, j’ai entendu dire que les CFF cherchaient des mécaniciens de locomotive. Cela m’a enthousiasmée, d’autant plus que j’avais envie de changer de travail.

Maryline Reghal, nouvelle conductrice de train

Après une maturité en Valais et une année de droit à l’université, Maryline Reghal choisit à l’âge de 25 ans une voie peu commune: gardienne de prison. «J’avais vu une annonce dans le journal et j’ai postulé. J’ai été prise et ai même gradé. J’avais une trentaine de gardiens sous mes ordres. Mais ce n’était pas toujours facile d’évoluer en tant que femme dans un milieu d’hommes, même si j’ai un peu un côté «garçon manqué». Je ressentais beaucoup de pression et les conditions de travail étaient difficiles», témoigne-t-elle.

Des entretiens et des tests

Après avoir décidé de changer de métier, Maryline Reghal débute le processus de sélection des CFF. Un premier entretien réussi conduit l’aspirante mécanicienne à une rencontre avec les ressources humaines. La jeune femme doit également passer une évaluation de son niveau d’allemand et des tests psychotechniques (qui ont duré plus de quatre heures): orthographe, logique, aptitudes sur le simulateur et coordination sont vérifiées.

«Après cela, j’ai encore subi un examen médical avec test de la vue et de l’ouïe. On m’a aussi fait passer un électrocardiogramme. Il faut être en bonne santé pour exercer ce métier. Tout ce processus s’est conclu par un dernier entretien», détaille Maryline Reghal.

Les femmes ne sont pas encore très nombreuses, mais nous les encourageons à postuler.

Frédéric Revaz, porte-parole des CFF

Sélectionnée, la jeune femme commence sa formation en mai 2021. Ses camarades sont majoritairement masculins. «Les femmes ne sont pas encore très nombreuses, mais nous les encourageons à postuler», souligne Frédéric Revaz, porte-parole des CFF. Au niveau géographique, la diversité est bien plus forte, avec des candidats de toutes les régions de Suisse et des frontaliers. «Au total, 81 nationalités sont représentées au sein des CFF», indique le responsable.

Un cursus de 15 à 18 mois

La formation de pilote de locomotive dure de 15 à 18 mois et se clôt par un examen réalisé sous les auspices de l’Office fédéral des transports, avec une partie technique impliquant de savoir réparer rapidement différentes sortes de panne. Mais avant cela, les étapes sont nombreuses.

«Au début, il y a beaucoup de théorie. Nous avons différents modules: manoeuvres, conduite, préparation des trains, etc. Chacun d’eux se conclut par un examen. Nous apprenons par exemple à conduire selon différentes conditions météo. La pluie et la neige modifient en effet la manière de freiner, notamment. Il faut également apprendre à gérer l’arrêt dans une gare en dévers, comme celle de Palézieux», développe Maryline Reghal.

En mars prochain, ce sera la première fois que je vais conduire – accompagnée – un train de ligne.

Maryline Reghal, nouvelle conductrice de train

Rapidement cependant, les aspirants mécaniciens passent à la pratique. «En juillet, j’ai pu commencer à faire des manoeuvres en gare, en étant accompagnée des personnes référentes. J’étais excitée, avec un mélange de joie et de peur. C’est assez impressionnant de conduire un train! Cela demande beaucoup d’attention. J’ai aussi eu l’occasion de m’entraîner plusieurs fois sur un simulateur», explique la jeune femme pour qui le grand jour approche. «En mars prochain, ce sera la première fois que je vais conduire – accompagnée – un train de ligne. Mais avant cela, j’aurai des entretiens réguliers avec mes trois personnes de référence, afin de juger si je suis prête à le faire. Je dois aussi passer un examen.»

Une amélioration en cours

Maryline Reghal n’est de loin pas la seule à suivre cette formation de pilote de locomotive. Entre octobre 2021 et mars 2022, environ 200 personnes ont terminé ou termineront leur formation et seront opérationnelles, indique ainsi Frédéric Revaz. «En termes de personnel, nous avons déjà noté une amélioration depuis la fin du mois d’octobre. Cette tendance va se poursuivre et fin 2021, la situation sera détendue dans presque toute la Suisse», ajoute le porte-parole. Selon les CFF, la pénurie de mécaniciens est due à des erreurs de planification commises ces dernières années.

Les candidats issues de reconversions sont nombreux. Nous avons ainsi d’anciens banquiers.

Frédéric Revaz, porte-parole des CFF

L’ex-régie fédérale est plutôt confiante quant à l’intérêt vis-à-vis de la profession de mécanicien. «Il est facile de trouver des candidats. Il suffit d’être en possession d’une maturité ou d’un CFC. Il n’y a pas de limite d’âge, mais des prérequis médicaux», explique Frédéric Revaz. «Les candidats issues de reconversions sont nombreux. Nous avons ainsi d’anciens banquiers»... et une ex-gardienne de prison qui, d’ici quelques mois, aura passé les examens pour conduire neuf types de locomotive différents.

Sevan Pearson

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