Berne: le Ministère public réclame 15 ans et l'internement du thérapeute

Quinze ans de prison assortis d'un internement ont été requis par la procureure contre le thérapeute accusé d'avoir abusé sexuellement d'enfants durant trente ans. La défense estime que les conditions ne sont pas requises pour un internement. Verdict vendredi.

18 mars 2014, 17:47
Le Ministère public a réclamé mardi quinze ans de prison assortis d'un internement contre le thérapeute bernois accusé de pédophilie.

Le Ministère public bernois a réclamé mardi quinze ans de prison assortis d'un internement contre le thérapeute accusé de pédophilie. La défense a plaidé en faveur d'une peine de dix ans de prison suspendue au profit d'une mesure thérapeutique institutionnelle.

Pour la procureure, le prévenu âgé de 57 ans a fait preuve d'une absence totale de scrupules. Il a déployé une énorme énergie criminelle.

Dans son réquisitoire, la représentante du Ministère public a parlé d'un cas de tous les superlatifs en évoquant le nombre de victimes et l'ampleur des abus commis durant une trentaine d'années. Erika Marti a souligné que ce thérapeute n'hésitait pas à commettre plusieurs agressions par jour pour assouvir ses pulsions.

Penchants pédophiles

Pour l'accusation, cet homme ciblait délibérément les institutions où il savait qu'il pouvait assouvir ses penchants pédophiles. Les victimes étaient des personnes sans défense et qui, en raison de leur handicap, n'ont pas appelé à l'aide, a ajouté Erika Marti.

L'accusé doit être reconnu coupable d'actes d'ordre sexuel sur des enfants, d'actes d'ordre sexuel sur des personnes dépendantes, de pornographie et de violation de la sphère intime pour avoir en partie filmé des scènes d'abus, a déclaré la procureure. La peine de 15 ans est la plus élevée que la justice puisse prononcer pour ces délits.

Internement requis

Mais la procureure a demandé au Tribunal régional de Berne de prononcer l'internement, car elle estime insuffisante une mesure thérapeutique institutionnelle. Elle juge incertaines les chances de succès d'une telle thérapie. L'accusé reconnaît ses actes, mais ne manifeste pas d'empathie envers ses victimes.

L'avocat commis d'office a expliqué que son client avait perdu tout repère avec la réalité peu avant son arrestation. Il estime que l'accusé doit être placé dans un établissement approprié pour exécuter une mesure thérapeutique institutionnelle comme le préconise une expertise psychiatrique.

Dix ans pour la défense

La défense estime que les conditions ne sont pas requises pour un internement. S'agissant de la peine de réclusion de dix ans, John Wyss estime qu'il faut tenir compte de l'attitude coopérative du prévenu lors de l'instruction.

Le prévenu est accusé d'avoir abusé sexuellement d'une centaine d'enfants et d'adultes handicapés. Mais seuls 33 cas ont été retenus par la justice en raison de la prescription. L'accusation repose en partie sur une vingtaine d'heures de films vidéo et de nombreuses photos. En raison de leurs sévères handicaps, seules deux victimes ont pu être interrogées.

Souffrance des victimes

Les avocats des parties plaignantes ont retracé devant le tribunal la souffrance endurée par les victimes et leurs proches. Les enfants abusés par le thérapeute ont connu l'enfer et perdu confiance dans leur entourage. Aujourd'hui encore, ils sont confrontés à des crises de panique et des troubles anxieux.

Le verdict du Tribunal régional sera rendu vendredi.