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Assassinat d'Adeline: Fabrice A se savait criminel, menteur et manipulateur

Lundi devant le Tribunal criminel de Genève, Fabrice A.après avoir longtemps nié toute préméditation dans le meurtre d'Adeline, la sociothérapeute qui l'accompagnait lors d'une sortie le 12 septembre 2013, a reconnu avoir prévu de l'égorger.

03 oct. 2016, 18:48
/ Màj. le 03 oct. 2016 à 20:49
Le prévenu a indiqué à la cour regretter ce qui s'est passé.

Lundi, au premier jour du procès de Fabrice A. devant le Tribunal criminel de Genève, Fabrice A. a longtemps nié toute préméditation. Ce n'est qu'en soirée qu'il a admis qu'il avait prévu d'égorger la sociothérapeute de La Pâquerette qui l'accompagnait le 12 septembre 2013.

Accusé d'assassinat, Fabrice A. est entré lundi matin dans une salle d'audience bondée et absolument silencieuse. Vêtu d'une chemise grise à motifs folkloriques, le crâne rasé et les branches de ses lunettes traçant des marques sur ses tempes, il avait enfoncé sa casquette sur sa tête afin que son visage soit partiellement dissimulé par la visière.

Fabrice A. a expliqué qu'il avait demandé à intégrer l'établissement de sociothérapie La Pâquerette, à Genève, pour fuir l'ambiance pesante du pénitencier vaudois de Bochuz. Incarcéré pour viol, il y avait pour voisins Claude D., l'agresseur de "Plume" et le "sadique de Romont". Il était fasciné par le droit de vie ou de mort qu'ils s'étaient arrogé, par le "sentiment de domination extrême".

"Ce qui tournait autour de la mort m'intriguait", a-t-il déclaré à la présidente de la cour qui l'interrogeait sur ses recherches en ligne sur la veine jugulaire et l'artère coronaire. Il est alors tombé sur le film "Braveheart". La scène d'égorgement l'a interpellé, mais pas excité, a-t-il précisé. Il avait pourtant affirmé aux psychiatres regarder la scène en boucle en se masturbant.

Un but: tuer Adeline

Suivre une équithérapie était initialement une "démarche sincère". Il s'était ensuite rendu compte que "c'était un argument béton pour obtenir une sortie accompagnée" dans un lieu isolé. Il avait réussi à imposer l'achat d'un cure-pied, avant de se procurer un couteau de la marque Victorinox, sa "passion".

Sur l'insistance de Simon Ntah, avocat de la famille de la victime, il a finalement admis lundi soir avoir indiqué à des experts son intention de tuer Adeline, 34 ans. Pendant la journée, il a affirmé que la situation avait "dérapé", que l'idée de l'égorger n'était venue que parce qu'il était obsédé par son plan de fuir en Pologne où il voulait retrouver son ex-petite amie.

Le prévenu a dit à la cour regretter ce qui s'est passé. "Il ne se passe pas un jour sans que j'y pense, c'est très lourd à porter", a-t-il déclaré, tout en reconnaissant l'immense peine qu'il a infligée à la famille d'Adeline. Quant à son trouble, il constate qu'il doit "faire du mal aux femmes", "malgré moi".

"Pathologie trop lourde"

Fabrice A. avait souligné dans le livre "La Psychologie pour les nuls" les termes qui lui correspondaient: talents criminels, utilisation pathologique du mensonge, tendance à l'escroquerie et à la manipulation. Il n'a pas profité de l'encadrement de La Pâquerette pour en parler, a déploré Me Ntah.

Au début, le prévenu voulait s'investir "sincèrement" dans l'établissement de sociothérapie. "Mais cela n'a pas duré longtemps". "Je pense avoir une pathologie beaucoup trop lourde pour La Pâquerette", a-t-il relevé. Avec le psychiatre qui le suit à présent, "c'est une autre musique". Lundi, il a déclaré être volontaire pour une castration physique.

L'ex-directrice malade

Interrogé sur son enfance par son avocat Yann Arnold, Fabrice a résumé sa mère en trois mots: mégalo, égocentrique et despotique. Deux mots lui ont suffi pour décrire son père: "pervers et alcoolique." Sa situation familiale lui était tellement insupportable qu'il a fait une tentative de suicide à 10 ans.

Dans la matinée, la cour a rejeté les demandes préjudicielles de la défense comme celles de la partie plaignante, suivant ainsi les conclusions du procureur général Olivier Jornot. Au bénéfice d'un certificat médical transmis vendredi, l'ex-directrice de La Pâquerette ne témoignera pas lors de ce procès. La journée de mardi sera consacrée à l'audition des experts psychiatres.

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