Crans-Montana accueille un hôte de marque supplémentaire. Zinédine Zidane découvre la station valaisanne durant un rapide séjour en milieu de semaine. Il en profite pour publier quelques photos de balade sur les réseaux sociaux avant d’effectuer l’incontournable détour par un terrain de football. Les éducateurs du Zidane Five Club (ZFC), l’école de foot créée à son nom, y travaillent sous la direction de Patrick La Spina, le Valaisan qui dirige le ZFC.

Ils partagent le site avec les enfants engagés en camp d’été durant une semaine sous la bannière de Foot-Lab, la société de Patrick La Spina. La visite surprise donne l’occasion au champion du monde d’évoquer son approche de la formation.

Zinédine Zidane retrouve-t-il les images de ses débuts en côtoyant des enfants sur un terrain de football?

Oui, ce contexte me projette vers ce que j’ai vécu. Je viens voir Patrick, les entraîneurs et les jeunes pour les féliciter et pour leur dire de continuer. Le message n’a rien d’extraordinaire. Les choses simples sont les plus intéressantes. Les remarques des gamins avec leur sincérité sont plus importantes que les miennes: signe au PSG, signe à Marseille, viens manger chez nous, on peut jouer ensemble. Le message essentiel est de prendre du plaisir et d’écouter leur entraîneur. Le chemin à suivre est l’élément le plus important au-delà de la finalité. Personne ne sait ce qui se passera pour eux dans dix ans.

Vous mentionnez l’éducation et le plaisir comme facteurs essentiels à cette période-là. Le football actuel n’a-t-il pas tendance à oublier ces deux notions?

Deux mondes existent: le milieu professionnel et celui qui vit ici. Nous ne changerons pas le premier qui évolue parallèlement à la société. J’ai commencé par le deuxième dans lequel on s’amuse et qui donne de l’importance à tout le monde. Plus on monte, plus la pression augmente. C’est la vie. A tous les échelons, la réussite passe par le travail. J’ai beaucoup amélioré ma technique en tapant avec le ballon dans un mur. Ensuite, j’étais à l’écoute des entraîneurs dès mon arrivée dans le centre de formation de l’AS Cannes. J’y ai nettoyé les vestiaires quand je m’entraînais avec les pros à 16 ans. Ça marque le chemin.

On ne peut plus le demander aujourd’hui, mais bosser et être à l’écoute demeure essentiel. Des gens bienveillants m’ont accompagné comme Jean Fernandez, Guy Lacombe ou Jean Varraud. Des personnes qui donnent un pied dans le derrière quand c’est nécessaire.

Certains entraîneurs de juniors déplorent la tendance du football à former d’abord des athlètes, puis des joueurs. Partagez-vous cette approche?

Ils ont un peu raison. On a l’impression qu’il faut sortir d’un moule précis pour réussir aujourd’hui. La différence est intéressante. Elle ne l’est pas uniquement dans le foot. Comme ils le disent, il ne faut pas regarder que la dimension athlétique.

Les encadrements des équipes professionnelles sont toujours plus larges avec un recours massif aux données. L’entraîneur est-il toujours au cœur du groupe?

Même si tous ces éléments sont présents, l’entraîneur doit conserver sa place au centre de la structure. Toutes ces données n’ont pas modifié mon approche. La dernière touche m’appartient. Plus j’arrive au match, plus je dois sentir le truc. Mes sensations, la manière d’aborder le match importent et non les statistiques. Cela ne s’explique pas trop. C’est à l’intérieur de chacun.

Les séances prolongées de vidéo ne vous passionnent pas…

Aujourd’hui, vous enchaînez les vidéos sur l’adversaire pour une analyse qui n’était pas aussi pointue quand j’étais joueur. Au bout de dix minutes, je décrochais devant une vidéo. Il ne fallait pas me remplir la tête. On joue un match de foot, on va s’amuser. Connaître les points forts et faibles de l’adversaire est bien, mais sans exagération. J’en suis resté à ce modèle. Le dialogue a changé entre joueurs et entraîneur. Au Real, je n’ai pas expliqué à Modric comment faire une passe. L’échange se fait entre hommes en parlant aussi de foot.

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