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L’addiction à l’activité physique existe aussi

L’addiction à l’activité physique existe aussi. Elle s’appelle la bigorexie. Décryptage d’un phénomène.

27 sept. 2018, 19:00
Le sport peut aussi conduire à l'addiction en multipliant les efforts.

Dans l’esprit collectif, faire du sport, c’est bien. C’est même indispensable pour préserver sa santé. Les bénéfices sont en effet indiscutables, tant sur le plan physique (entretien musculaire, respiratoire et cardiovasculaire) que psychologique (lutte contre le stress et l’anxiété, sommeil, bien-être). Mais ce dont on parle peu, c’est du risque, certes faible mais possible, d’addiction.

L’addiction au sport suit plus ou moins le même processus que n’importe quelle autre addiction. En pratiquant une activité physique intense, l’organisme libère de la dopamine et des endorphines, hormones du plaisir, du bien-être. Le plaisir devient alors une «récompense» répétée, apportée par la pratique sportive. Peu à peu, l’organisme peut développer une accoutumance à cette récompense: il lui faudra pratiquer du sport plus souvent, de façon plus intense, pour en ressentir les effets neurobiologiques.

Une frontière claire

Pour autant, tout le monde ne devient pas accro. Certains profils sont plus prédisposés que d’autres: «Ce sont d’ailleurs à peu près les mêmes que pour les addictions aux substances», explique le Dr Gabriel Thorens, médecin adjoint agrégé du service d’addictologie des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG). «Il y a probablement des facteurs biologiques, sociaux (environnement compétitif, sport de haut niveau) et psychologiques (troubles, recherche de sensations ou de valorisation, anxiété) qui entrent en jeu.»

Comment savoir alors si notre amour du sport relève de la passion ou de l’addiction? La frontière est claire: lorsque la pratique de l’activité devient non raisonnée et non raisonnable, c’est-à-dire que l’investissement émotionnel et en temps devient accru, que les précautions de fréquence, d’intensité et de récupération ne sont plus suivies, qu’il y a un sentiment d’obligation ou une souffrance perçue par l’individu ou son entourage, alors on parle d’addiction.

Quels risques?

Si l’addiction au sport est rare, elle n’en est pas moins lourde de conséquences. Car comme le rappelle le physiothérapeute Christophe Leclerc, «l’excès nuit en toutes choses, une règle valable même pour le sport ou la consommation de légumes»! Le principal risque: l’épuisement. En ne respectant pas les périodes de récupération, l’organisme se fatigue. Cela peut alors altérer toute la musculature et le squelette, et provoquer, à terme, des blessures. «Tendinites, déchirements musculaires, fractures de fatigue… L’excès de sport peut s’avérer très néfaste, surtout si la pratique n’est pas encadrée», explique le physiothérapeute.

 

La première étape sur le chemin du traitement d’une addiction quelle qu’elle soit est la participation du patient.
Dr Gabriel Thorens, médecin adjoint agrégé du service d’addictologie des HUG

Outre l’aspect physique, l’addiction au sport a également des répercussions psychologiques. En cas de blessure et d’impossibilité de pratiquer, les sensations de bien-être et de confiance en soi générées par la sécrétion d’endorphines disparaissent, entraînant parfois un effondrement psychique. Certaines études relèvent des cas de troubles de l’humeur, de perte de l’estime de soi ou encore de dépression lors d’un arrêt brutal du sport chez les personnes dépendantes.

Heureusement, le sevrage est possible. «Il passe par un accompagnement global, comme pour n’importe quelle addiction», explique Christophe Leclerc. «C’est absolument nécessaire pour réorganiser le comportement.» Un suivi psychologique pour amener le patient à une prise de conscience ou traiter un éventuel trouble à l’origine de l’addiction ainsi qu’une modification progressive de la pratique doivent être mis en place. A condition que la personne touchée le veuille, explique le Dr Thorens: «La première étape sur le chemin du traitement d’une addiction quelle qu’elle soit est la participation du patient et sa motivation à entreprendre un changement.»
 

Le chiffre

4%: C’est le pourcentage de la population générale sportive qui serait susceptible de devenir dépendante à l’activité sportive. Une prévalence faible, qui semble néanmoins plus importante chez les hommes que chez les femmes. Les sportifs professionnels seraient également plus vulnérables. La fréquence et l’intensité d’une pratique n’engendrent en revanche pas, à elles seules, une addiction.

«Attention, ce n’est pas parce que l’on fait beaucoup de sport que cela signifie qu’on est addict! Tout est question de modération», explique le Dr Gabriel Thorens, médecin adjoint agrégé du Service d’addictologie des HUG.
 

 

Clémentine Fitaire/Planète Santé
clementine.fitaire@planetesante.ch

 

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