Depuis quelques saisons, alors que les joueurs étrangers font les beaux jours de ses adversaires, Viège peine à recruter des mercenaires qui parviennent réellement à faire la différence. Cela pourrait changer. Quand Klasen et Paré ont quitté le club il y a quelques semaines, la direction viégeoise a annoncé avoir mis sous contrat pour la saison prochaine Gary Nunn.

Quand on a dit à Nunn qu’on était en discussion pour faire venir Virtanen, il ne nous croyait pas.

Sébastien Pico, directeur général du HC Viège

Le Canadien d’Olten, parmi les meilleurs compteurs de la ligue depuis quatre ans, a terminé meilleur compteur des play-off l’hiver dernier. Et comme si ce n’était déjà pas assez costaud, le HC Viège a mis sous contrat dès ce jour et pour la saison prochaine Jake Virtanen. «Quand on a dit à Nunn qu’on était en discussion pour faire venir Virtanen, il ne nous croyait pas», sourit le directeur général du club Sébastien Pico.

Plus de 100 points en 300 matchs de NHL

Jake Virtanen? Un beau bébé de 100 kilos pour 186 centimètres qui évoluait l’hiver dernier en KHL avec le Spartak de Moscou et en NHL lors des six saisons précédentes. En 333 matchs dans la ligue la plus prestigieuse du monde, il a signé plus de 100 points. L’ailier canadien, qui possède aussi un passeport finlandais, n’a certes pas été drafté en première position comme Nico Hischier en 2017. Il n’empêche qu’il a été le sixième choix du premier tour de 2014, lui qui avait été drafté par les Vancouver Cannucks.

Sébastien Pico, directeur général du HC Viège. © Sacha Bittel

Il a également évolué́ dans toutes les sélections juniors canadiennes et remporté le titre de champion du monde U20. «Sur le papier, c’est assurément l’un des meilleurs coups de l’histoire réalisés par le club», se réjouit Sébastien Pico. «Mais à Viège, on a quand même appris à se méfier des statistiques», sourit le directeur général.

D’ailleurs, même si toutes les statistiques parlent largement en sa faveur, le club s’est quand même bien renseigné sur le jeu de sa nouvelle star. «On a pris des renseignements auprès de joueurs qui ont évolué avec ou contre lui. En l’évoquant, tout le monde parlait le même langage, à savoir que c’est un très bon patineur avec un bon shoot, également au bénéfice de finesses techniques», note notamment le directeur sportif Daniel Wobmann.

C’est comme avec Alex Kovalev à l’époque, personne n’aurait pensé qu’il viendrait en LNB.

Sébastien Pico

Mais comment Viège a-t-il donc pu attirer un attaquant de sa trempe? «Il faut être audacieux. Si vous n’essayez pas et que vous n’y croyez pas, c’est sûr que ça ne pourra jamais arriver. C’est comme avec Alex Kovalev à l’époque, personne n’aurait pensé qu’il viendrait en LNB, même s’il était en fin de carrière. Il y a aussi un peu de chance, il faut faire la demande au bon moment.»

Accusé de viol puis jugé non-coupable

Et c’était peut-être effectivement le bon moment pour approcher Virtanen. L’an dernier, il a été libéré par les Vancouver Canucks après qu’il a été accusé de viol par une jeune femme sur des faits de 2017. Direction la KHL, où il a évolué une saison avant de retenter sa chance en NHL cet été. Bien parti en préparation avec les Edmonton Oilers, il n’a finalement pas passé le cut.

Viège, le, 7 avril 2022
HC Viege
Daniel Wobmann directeur sportif.

Daniel Wobmann, directeur sportif du HC Viège. ©Sacha Bittel

Durant ce même été, il a aussi été innocenté pour cette affaire de viol par la Cour suprême de la Colombie-Britannique. En signant en Valais, Jake Virtanen entend peut-être s’offrir un nouveau départ.

Alex Kovalev était aussi venu à l’époque chez nous pour rechercher un peu plus de calme et moins se retrouver sous les projecteurs.

Daniel Wobmann, directeur sportif du HC Viège

«Alex Kovalev était aussi venu à l’époque chez nous pour rechercher un peu plus de calme et moins se retrouver sous les projecteurs», note Daniel Wobmann, qui était déjà le directeur sportif quand l’étoile russe avait illuminé le Valais. «Il peut se recentrer sur le hockey même si, comme vous le savez, il a été blanchi. Ce calme lui fera du bien parce que, jusqu’à il y a quelques semaines, il y a eu un énorme battage médiatique autour de lui et de cette affaire», ajoute Sébastien Pico.

«En signant chez nous, il peut recadrer sa carrière avec un défi sportif différent de ceux qu’il a connus jusqu’à ce jour. Il a fait ce choix à tête reposée. Il a fait des sacrifices économiques et de ligue pour accepter un nouveau défi.»

Le salaire qu’il touche ici reste anecdotique et marginal par rapport à ce qu’il percevait jusqu’à ce jour.

Sébastien Pico

Des sacrifices économiques pour le joueur, certes, mais Viège a-t-il dû casser sa tirelire? «Ce n’est pas le moins cher des joueurs, effectivement. Mais le salaire qu’il touche ici reste anecdotique et marginal par rapport à ce qu’il percevait jusqu’à ce jour», assure Sébastien Pico qui se réjouit de le voir porter le maillot viégeois dès la semaine prochaine après la trêve internationale.

S’adapter à une ligue particulière

Reste encore à savoir s’il s’éternisera en Valais en cas de performances de premier choix qui taperaient dans l’œil d’un autre club, de National League notamment. «Il n’y a pas de bon de sortie inscrit dans son contrat. Mais après, on sait tous comment fonctionne le business», note Daniel Wobmann avant que Sébastien Pico ne conclue. «Il doit déjà s’habituer à la Swiss League, une ligue très particulière et où on attend presque d’un étranger qu’il fasse la pluie et le beau temps. Ce rôle sera nouveau pour lui.»

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