Un récent sondage avait établi que 82% des Français avaient une "mauvaise opinion" des Bleus. Cette mauvaise image de la sélection nationale est clairement due aux polémiques liées à la dernière Coupe du monde en Afrique du Sud en 2010, 76% des personnes interrogées reconnaissant avoir "encore à l'esprit" l'affaire du bus de Knysna, quand les joueurs avaient décidé de faire grève à l'entraînement.
Mais les joueurs français ont réussi cet automne à montrer une image plus positive sur le terrain, inscrivant 13 buts pour trois victoires de rang lors de leur trois derniers matches. Karim Benzema, chambré par le public au Parc des Princes alors qu'il venait de mettre fin à 1222 minutes sans but en Bleu, s'était montré beau joueur et avait finalement récolté des applaudissements en fin de match contre l'Australie en amical le 11 octobre.
Clochards et parasites
Et voilà que la diffusion dimanche d'une interview d'Evra datant du mardi 15 octobre, après une victoire 3-0 contre la Finlande en qualification pour le Mondial 2014, vient de nouveau brouiller l'image publique des Bleus. Le défenseur de Manchester United, qui y traite quatre consultants (Luis Fernandez, Bixente Lizarazu, Rolland Courbis et Pierre Ménès) de "clochards" et de "parasites", entre autres, ressuscite les fantômes de Knysna. Le joueur de Manchester United a obtenu l'inverse de ce qu'il cherchait, puisqu'il accusait ces consultants de raviver artificiellement les plaies de la fameuse grève en Afrique du Sud. Ainsi, les images d'archives qui tournent désormais sont celles d'un Evra, alors capitaine des Bleus, qui s'embrouille avec le préparateur sportif de l'époque, Robert Duverne, qu'il vient d'informer de la volonté du groupe de faire grève de l'entraînement ce fameux 20 juin 2010.
La FFF, qui fait de l'image des Bleus et de leur communication une priorité, a logiquement convoqué (à une date qui n'est pas précisée) le joueur de ManU pour s'expliquer. La question est de savoir si Evra peut être suspendu pour ces fameux barrages. Si c'est le cas, il faudra prendre en compte le passif du joueur, sanctionné de cinq matches de suspension en Bleu après les événements du Mondial 2010.
Qui pour le remplacer?
Une suspension d'Evra (52 sélections) poserait d'abord un problème sportif. L'ancien joueur de Monaco a montré sur les derniers matches d'octobre qu'il restait au-dessus de son concurrent Gaël Clichy dans la hiérarchie au poste de latéral gauche. Les solutions de remplacement ne sont pas légion. Lucas Digne, champion du monde des moins de 20 ans cet été, et titulaire à ce poste avec les Espoirs, n'a joué que 270 minutes cette saison avec le Paris SG, seulement en championnat, barré par la concurrence du Brésilien Maxwell chez les champions de France en titre.
Il ne faut pas négliger non plus le poids d'Evra dans le vestiaire. De nombreux joueurs français avaient insisté sur le rôle de leader et le discours remobilisateur tenu par Evra à la mi-temps de Biélorussie-France (victoire 4-2), alors que les Bleus étaient menés 1-0 à la mi-temps et que le capitaine Hugo Lloris, peu expansif en temps normal, était en train de livrer un de ses plus mauvais matches. Comment réagira le groupe bleu si Evra, très apprécié du leader technique français Franck Ribéry, est suspendu pour les barrages?