Breel Embolo n’est pas homme à fuir ses responsabilités. Il n’est pas de ceux qui se cachent derrière des phrases comme «je veux rester dans ma bulle» ou «je dois éviter de me disperser» avant un rendez-vous important.

Mon choix, je l’ai effectué en son temps en faveur de la Suisse, certainement pas contre le Cameroun.

Breel Embolo, attaquant de l’équipe de Suisse

Un rendez-vous capital même: affronter la sélection de son pays de naissance, le Cameroun, pour le premier match de la Suisse en Coupe du monde au Qatar, jeudi à 11h (heure suisse). Pourtant, l’attaquant de Monaco, se sachant le joueur le plus attendu de son équipe nationale, accepte de se présenter devant la presse suisse et internationale au terme de l’entraînement de mardi.

Il le reconnaît d’emblée: «Jeudi, je ressentirai des émotions spéciales.» Comment pourrait-il en être autrement pour lui qui est né au Cameroun, avant de partir avec sa mère à l’âge de cinq ans en direction de la Suisse? Un moment d’autant plus fort que «mes deux parents devraient être présents au stade. Si tout fonctionne bien.»

Fan numéro un

Il sait aussi qu’il sera attendu de pied de ferme par ses «autres» compatriotes. Ceux qui lui reprochent, notamment sur les réseaux sociaux, de ne pas représenter son pays natal. «Chacun est libre de penser ce qu’il veut. Mais mon choix, je l’ai effectué en son temps en faveur de la Suisse, certainement pas contre le Cameroun.»

Une sélection dont il assure «être le fan numéro un. Enfin, après le match contre nous!» Dans les rangs africains, on a d’ailleurs identifié le Bâlois comme le principal danger. «Ce serait une faute professionnelle grave de ne pas connaître les grandes qualités de Breel Embolo», affirmait par exemple lundi Sébastien Migne, adjoint du sélectionneur camerounais Rigobert Song.

Il y aura de la pression. Mais ce sera une bonne pression, avant tout due au fait qu’il s’agira d’une rencontre de Coupe du monde.

Breel Embolo, joueur de l’équipe de Suisse.

Toutefois, à 25 ans, Breel Embolo sait relativiser. «Il y aura de la pression. Mais ce sera une bonne pression, avant tout due au fait qu’il s’agira d’une rencontre de Coupe du monde. Je saurai rester calme.»

Il ne se considère assurément pas comme l’homme providentiel. «Il y a d’autres Suisses qui se sont imposés dans les principaux clubs du monde, comme Fabian Schär, Manuel Akanji ou Granit Xhaka», rappelle-t-il.

Un autre statut

Avant de reconnaître avoir quand même acquis un autre statut en équipe nationale. «C’est une évolution naturelle. J’ai 25 ans, je prends part à ma deuxième Coupe du monde. Des leaders naturels comme Gelson Fernandes ou Valon Behrami ont arrêté. Entretemps, j’ai beaucoup appris. Les blessures m’ont aidé à mieux connaître mon corps. Chaque joueur, chaque coach a contribué à mon évolution.»

Breel Embolo a l’avantage de très bien connaître ses adversaires de jeudi. «Je sais que le président de la fédération camerounaise, Samuel Eto’o, a fixé comme objectif la victoire en Coupe du monde. C’est logique. Il a été un joueur phénoménal, un gagnant.» Quant aux réelles possibilités d’atteindre ce but des plus ambitieux, le Bâlois est plus nuancé. «Quand on commence une compétition, c’est toujours pour gagner chaque match, l’un après l’autre. Il n’en va pas autrement pour la Suisse.»

L’élève mieux que le maître?

Il tient toutefois à préciser: «Beaucoup de personnes nous voient nettement supérieurs. Personnellement, je ne le pense pas. Le Cameroun est une équipe avec de fortes capacités physiques mais pas seulement. Plusieurs joueurs ont un très bon niveau.»

Il glisse un mot en particulier pour Eric Maxim Choupo-Moting, l’attaquant du Bayern avec lequel il a joué en 2016-2017 dans les rangs de Schalke 04. «C’est un grand joueur, qui sait presque tout faire. J’ai beaucoup appris à ses côtés.»

Il est désormais en mesure de prouver que l’élève a dépassé le maître. «J’espère marquer plusieurs buts dans le tournoi, mais le plus important est de respecter les consignes tactiques. Mon rôle sur le terrain jeudi – pour autant que je sois titularisé – dépendra aussi de mes partenaires en phase offensive. J’espère être un buteur altruiste!»

Switzerland's forward Noah Okafor, left, and Switzerland's forward Breel Embolo, right, plays at Rock Paper Scissors during a closed training session of Swiss national soccer team in preparation for the FIFA World Cup Qatar 2022 at the University of Doha for Science and Technology training facilities, in Doha, Qatar, Sunday, November 20, 2022. The Swiss national soccer team will play in group G of the upcoming FIFA World Cup Qatar 2022. (KEYSTONE/Laurent Gillieron)

Petit pierre-papier-ciseaux entre Noah Okafor et Breel Embolo. Photo: Keystone

Mbappé ou Tchouameni auraient pu jouer pour le Cameroun
Plusieurs autres joueurs participant à cette Coupe du monde au Qatar auraient pu endosser le maillot du Cameroun. Mais ils en ont décidé autrement.

Le plus célèbre d’entre eux est sans conteste l’attaquant français Kylian Mbappé. La star du PSG est certes née à Paris mais son père Wilfried vient de Douala. Toujours dans les rangs tricolores, le milieu de terrain du Real Madrid Aurélien Tchouameni est né à Rouen de parents camerounais.

Milieu défensif de l’équipe de Belgique évoluant à Everton, Amadou Onana aurait même pu choisir entre trois sélections différentes, puisqu’il est né à Dakar, d’une mère sénégalaise et d’un père camerounais. Il est arrivé enfant en Belgique.

Enfin, deux joueurs de la Mannschaft auraient pu devenir des «Lions indomptables»: Youssoufa Moukoko (attaquant de Borussia Dortmund né à Yaoundé) et Armel Bella Kotchap. Ce dernier, défenseur de Southampton, aurait aussi pu choisir (comme Onana) entre trois équipes nationales, puisqu’il est né à Paris et son père Cyrille, ancien attaquant pro, compte quatre sélections avec le Cameroun.

Football: Breel Embolo éloigné des terrains pour une longue période

Blessé au genou, Breel Embolo sera privé de terrain pendant plusieurs semaines. L’attaquant de l’AS Monaco et de l’équipe de Suisse souffrirait d’une entorse.