Il lui reste un match. A Genève, samedi, face à Bâle. Sans enjeu, certes. Mais pas sans intérêt. Dans quelques heures, Valérie Gillioz touchera ses derniers ballons en compétition, adressera ses dernières passes, effectuera ses dernières interventions. Puis elle soulèvera la coupe de champion de Suisse avant de prendre congé de ses coéquipières et du foot au plus haut niveau.

A 34 ans, la Sierroise s’apprête donc à tourner une page. Dans quelques semaines, elle ouvrira un autre livre. Retour sur les moments forts de sa carrière.

Le titre national: un aboutissement avec Servette FC Chênois

Le Covid-19, en 2020, avait privé Servette FC Chênois d’un premier titre national. Ce n’était donc que partie remise. Valérie Gillioz et ses coéquipières ont mis fin à une attente de quarante-quatre ans pour le foot romand en remportant, voilà quelques jours, le titre de champion de Suisse. «Il est historique, à titre personnel et pour le club. Il reflète surtout le travail effectué en très peu de temps. En quatre ans, Servette FC Chênois est passé de la LNB au titre national.»

«J’attends de toucher la coupe, samedi, pour vraiment réaliser.»

Valérie Gillioz, elle, évoluait en 1re ligue voilà deux ans. «J’avais déjà tourné la page. D’ailleurs, je ne jouais même plus; je me contentais de m’entraîner. J’ai repris pour rendre service, pas plus. J’avais mis une croix sur le sport de haut niveau. J’ai accepté l’idée de revenir en Super League pour tenter de gagner ce titre même si, au départ et en toute franchise, je n’y croyais pas trop. Le club a grandi très vite. C’est le titre qui me manquait. Sans lui, je n’aurais pas eu la même rétrospection sur ma carrière. L’émotion est difficile à décrire. Elle est plus forte encore du fait de l’avoir gagné avec des amies que je côtoie depuis plus de quinze ans. J’attends de toucher la coupe pour vraiment réaliser.»

La Ligue des champions: la consécration face à l’Atletico Madrid

Servette FC Chênois était en tête, avec 1 point d’avance sur Zurich, lors de l’arrêt du championnat en 2020. La ligue a néanmoins validé cette position afin de permettre aux Genevoises de disputer la Ligue des champions. Une double confrontation face à l’Atletico Madrid – 2-4 et 0-5 – qui, malgré l’élimination, restera bien placée dans l’armoire à souvenirs. «C’est le Graal», sourit le milieu de terrain. «C’est le rêve de tout footballeur. Pour moi, d’ailleurs, je n’osais même pas en rêver. Ça me paraissait totalement illusoire d’y prendre part un jour. Je me suis mise à y croire quand j’ai vu comment le Servette FC Chênois évoluait et grandissait. Du coup, nous nous sommes mis d’autres objectifs. Au printemps passé, quand le championnat a été arrêté, il y a eu un gros moment de doute. Heureusement, la ligue nous a octroyé cette récompense.»

Sur le terrain, la marche était toutefois trop haute. «Il n’y a aucun regret. L’Atletico Madrid était intouchable. Je n’avais jamais affronté une équipe aussi forte. A tous les niveaux. Je ne retiendrai que le positif de cette expérience, la chance d’avoir pu nous confronter au professionnalisme. C’était magique.»

La Coupe: un premier sacre avec Yverdon

Voilà plus de dix ans, déjà, Valérie Gillioz avait soulevé deux fois la Coupe de Suisse avec Yverdon. Pour elle qui évoluait au sein de l’élite depuis 2005, il s’agissait de ses deux premiers titres en 2010 et 2011. «Les émotions ne sont pas identiques. Mais déjà là, nous n’étions pas attendues en tant qu’équipe romande. Ç’a donc fait plaisir de démontrer qu’on pouvait aussi gagner. En tant que Valaisanne, c’était aussi spécial. A cette époque, le FC Sion n’avait toujours pas perdu de finale. J’avais donc une autre perception de la Coupe de Suisse que mes coéquipières vaudoises.»

L’équipe nationale: une petite parenthèse

Elle jouait encore à Vétroz, en LNB. Valérie Gillioz n’avait que 16 ans lorsqu’elle a reçu sa première convocation avec les M19. «J’ai trouvé ça complètement fou qu’on vienne me chercher, une petite Valaisanne qui joue en deuxième division. Plus tard, j’ai eu droit à quelques convocations avec l’équipe A. C’était une énorme fierté. J’aurais probablement dû partir à l’étranger pour intégrer plus régulièrement l’équipe nationale. J’ai eu des offres mais je ne suis même pas entrée en matière. J’avais envie de construire ma vie professionnelle en Suisse.»

«Ces heures de route entre Leytron et Genève, je les vois comme une chance plutôt qu’un sacrifice.»

En termes financiers, le foot féminin, en Suisse, a encore une grosse marge de progression. «Grasshopper entend franchir le pas et salarier ses joueuses. Servette FC Chênois, aussi, veut devenir professionnel à brève échéance. C’est nécessaire pour jouer un rôle sur la scène internationale. Mais l’argent, dans le sport, n’a pas que des bons côtés non plus. J’étais amateure; dans la vie de tous les jours, ce n’était pas évident. Mais je n’ai pas de regrets.»

Sa profession: enseignante au CO de Leytron

Enseignante au CO de Leytron, à 70%, Valérie Gillioz effectue plusieurs fois par semaine l’aller-retour jusqu’à Genève pour s’entraîner. Quelque quatre heures de route. «Je vois ça comme une chance de pratiquer ces deux activités, de jouer à Servette, plutôt qu’un sacrifice. Là, je sens que mon corps m’envoie des signaux. De petites blessures, par exemple. Il est temps de lever le pied et de passer à autre chose.»

En parallèle, elle fait un master en pédagogie. «Ça va me faire bizarre de ne plus avoir le foot dans mon quotidien mais je me réjouis aussi de cette nouvelle vie.»

Son avenir: la promotion du foot féminin

Dans quelques semaines, la Sierroise intégrera le staff du FC Sion féminin en 1re ligue, aux côtés de David Vernaz. «Je serai surtout responsable du foot féminin à Sion», précise Valérie Gillioz. «J’aspire à développer cette activité. Le FC Sion est le seul club qui peut évoluer en Super League. C’est notre objectif. Le Valais a besoin d’une locomotive et d’une certaine visibilité. Aujourd’hui, par rapport à d’autres cantons, il est à la traîne. La priorité, c’est d’entraîner tous les clubs à travailler pour une même cause afin de faciliter l’éclosion de cette formation élite. Seul, le FC Sion n’y arrivera pas. J’avais besoin de ce challenge après ma carrière sur les terrains.»

Fin de collaboration entre Valérie Gillioz et le FC Sion féminin

La Vétrozaine n’est plus responsable du secteur féminin du club sédunois. Des divergences de vision sont à l’origine de cette séparation.