Filip Stojilkovic bouscule l’ordre établi au sein du FC Sion. Il occupe l’unique place d’attaquant de pointe disponible dans le onze de départ contre les Young Boys. Une titularisation confirmée sept jours plus tard face au FC Bubendorf en Coupe de Suisse. Si deux matchs ne consacrent pas une révolution, ils dégagent une tendance. «Elle parle pour Filip actuellement», convient Marco Walker, l’entraîneur de l’équipe valaisanne.

Le match s’annonce serré avec Guillaume Hoarau, Gaëtan Karlen ou Roberts Uldrikis, tous postulants à un maillot de titulaire. «Je ne me considère pas du tout comme établi», confie le joueur de 21 ans, revenu en juin d’un prêt de dix mois au FC Aarau en Challenge League. «J’apprécie les changements opérés au sein du club.» Il cible notamment les arrivées de Gelson Fernandes à la vice-présidence et de Marco Walker sur le banc de touche.

Fabio Grosso l’écarte du contingent

Les deux hommes n’appartenaient pas à l’encadrement du club lorsqu’il avait débarqué de Wil en janvier 2020. «La carrière de Gelson est une référence. Je ne suis pas un homme de grandes paroles, mais je peux parler avec Marco Walker.» La barrière linguistique avait rendu le dialogue plus ardu avec Ricardo Dionisio, Paolo Tramezzani et Fabio Grosso, ses entraîneurs successifs durant son premier séjour en Valais.

«Seul celui qui se sent à l’aise dans le club et dans l’équipe peut être performant», souligne Filip Stojilkovic. Les options de Fabio Grosso l’éloignent de ce contexte favorable. Le champion du monde italien lui conseille de chercher un club, car il ne possède pas le profil recherché pour évoluer dans son système de jeu. L’attaquant file en Argovie. Il empile quinze buts et quatre passes décisives.

Ce bilan chiffré pousse le FC Aarau à retenir son buteur en série. «Cet intérêt est normal après une telle saison», commente-t-il diplomatiquement les rumeurs qui évoquent un retour contre son gré dans un club où il possède encore deux ans de contrat.

Des entraînements avec Julian Nagelsmann

Son arrivée dix-huit mois plus tôt s’était aussi opérée sur la pointe des crampons. Une photo du joueur revêtant le maillot du FC Sion était apparue sur les réseaux sociaux plusieurs jours avant la confirmation du transfert. «Il s’agissait d’un problème entre le FC Wil et le FC Sion. Ma décision était prise, Je n’avais eu aucune hésitation.»

L’enfant du quatrième arrondissement de Zurich, le quartier où il a grandi, sait ce qu’il veut. Il avait pris très tôt l’option du football plutôt que d’une formation professionnelle. Quand le FCZ, son club formateur, ne le conserve pas, il file en Allemagne.

A Hoffenheim, l’une des bonnes adresses de la Bundesliga, il claque 11 buts avec les moins de 19 ans. Il participe à quelques séances d’entraînement avec les professionnels lors des pauses internationales sous la direction de Julian Nagelsmann, l’actuel entraîneur du Bayern de Munich. «Il était sévère», se souvient-il. «Mais il nous connaissait parfaitement, même les jeunes. C’était impressionnant.»

Wil plutôt que la deuxième Bundesliga

Le club allemand lui propose d’intégrer les moins de 23 ans. L’international junior décline l’offre. Il repousse l’approche d’un pensionnaire de deuxième Bundesliga pour rejoindre Wil en Challenge League. «Je souhaitais évoluer avec des professionnels dans une équipe ambitieuse. D’autre part, les perspectives de promotion en équipe fanion n’étaient pas très grandes à Hoffenheim. Les échanges que j’ai eus avec Ciriaco Sforza ont aussi influencé mon choix. Il a tenu parole par rapport à ce qu’il m’avait présenté.»

Son passage à Wil dure six mois. Dans le besoin, les dirigeants saint-gallois accélèrent son transfert au FC Sion, prêt à investir immédiatement près d’un million de francs, dès la reprise en janvier 2020 plutôt que d’attendre l’été pour satisfaire les autres courtisans.

Ciro Immobile comme modèle
Marco Walker ne fait pas de mystère sur les progrès à réaliser par Filip Stojilkovic. «Il doit en priorité mieux gérer ses émotions sur le terrain», confie l’entraîneur du FC Sion. L’attaquant se décrit comme «une personne très tranquille et très simple». Un constat confirmé par le technicien. «Oui, il existe deux Stojilkovic. Un homme très calme et un joueur qui peut être submergé par ses sentiments sur le terrain. Je vous rassure aussi. Il parle plus avec nous qu’avec les journalistes.»
L’attaquant zurichois s’inspire de Ciro Immobile, récemment titré avec l’Italie à l’Euro. «Faire une carrière professionnelle a toujours été mon rêve. Elle s’est imposée encore plus après un match de la Coupe Danone joué avec la Suisse à Varsovie. J’avais 12 ans, j’avais marqué dans un stade plein et cela m’avait fasciné.» L’homme décisif de sa carrière est son papa. «Nous échangeons énormément, il me motive.»

FC Sion: Filip Stojilkovic s’impose comme le choix numéro un de Marco Walker en pointe

Titularisé contre Young Boys lors de la dernière journée de championnat, le Zurichois devrait être reconduit face à Saint-Gall samedi.