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Didier de Courten: des fourneaux à Sierre-Zinal

Didier de Courten participera dimanche à son 28e Sierre–Zinal. Le célèbre chef étoilé sierrois figure année après année en tête de liste des coureurs «touristes».

10 août 2017, 14:48
/ Màj. le 10 août 2017 à 16:30
Le Chef Didier de Courten s’entraîne à la course à pied comme un professionnel. Ses chronos aux alentours des 3 h 10 sur Sierre - Zinal depuis une dizaine d’années en attestent.

Didier de Courten est un homme pressé. Et pas uniquement derrière ses fourneaux lorsqu’il concocte l’un de ses nombreux plats raffinés. Le célèbre chef sierrois est un athlète averti. Bien loin du conventionnel sportif du dimanche qui se laisserait tenter par une partie de pétanque après un repas copieux, le cuisinier de 49 ans court. Et plutôt vite. Son chronomètre recense un record personnel de 2h58’57 en 2012 sur Sierre-Zinal, une course qu’il arpentera pour la 28e fois dimanche prochain. «J’avais 16 ans lors de ma première», se souvient-il. «Je me rappelle que notre seul but était de courir comme des dératés.»

Comme dans sa marmite, Didier de Courten est rapidement tombé dans la course à pied. Un sport devenu «une addiction» et «une échappatoire» dans une vie menée à mille à l’heure. «J’en ai besoin pour décompresser. C’est ma soupape. Sans la course, j’aurais eu beaucoup de mal dans mon métier ou du moins à continuer à faire ce que je réalise tous les jours.»

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Sur l’asphalte bordant le cours du Rhône entre Sierre et Sion ou les chemins pédestres de son val d’Anniviers qu’il parcourt lors de l’un de ses six entraînements hebdomadaires, le chef se vide la tête aussi facilement qu’il garnit ses assiettes. «Ce sont des moments précieux, à moi, où je me retrouve dans ma bulle. C’est même le meilleur moment pour créer, puisque l’on n’est pas pris dans notre travail.»

Perfectionniste et drogué à la course

Si par le passé le Sierrois avait pris l’habitude de participer à diverses courses de montagne durant l’été, il se réserve désormais exclusivement pour la course des Cinq 4000 «J’ai besoin de me fixer des objectifs pour m’entretenir et pour progresser.» C’est son côté «perfectionniste» qui le pousse continuellement à se dépasser. «Mais la perfection n’existe pas. C’est une quête que je tente de suivre dans mon travail ou lorsque je cours.»

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Il y dix ans, Didier de Courten accueillait l’équipe de Suisse de course de montagne dans son hôtel. La rencontre avec Tarcis Ançay, qui est devenu son coach, a agi comme un déclic dans son ambition de progression. «Pendant des années, je m’entraînais tout faux. Tarcis m’a réalisé des programmes d’entraînements précis qui m’ont permis de me perfectionner.» Désormais, il vit pratiquement à un rythme de sportif professionnel, recensant parfois deux entraînements quotidiens. Le goût de l’effort n’a aucune amertume. «Pour moi, courir n’est pas une contrainte et reste donc une passion.»

 © SABINE PAPILLOUD

La course à pied agit sur le cuisinier comme des petits champignons hallucinogènes. «C’est une drogue. Je n’ai pas besoin de fumer pour voir les éléphants roses. A Sierre-Zinal, il y a des passages où on est euphorique, puis on pleure de douleurs et enfin on pleure de joie à l’arrivée. Ce sont ces moments intenses  que je recherche dans la pratique sportive.»

Une course contre soi

Aussi rapide soit-il année après année sur les hauteurs anniviardes – avec des temps qui tournent autour des 3h10, il se classerait toujours autour de la 50e place –, Didier de Courten écarte la notion de classement. C’est dans cette optique qu’il concourt avec les touristes et non les élites. «Au-delà de du chrono et de l’aspect sportif, Sierre-Zinal est une course contre soi-même tout en étant en communion avec la nature. Il me plaît de partir à cinq heures du matin avec la lampe frontale, me retrouver seul au monde, de voir le lever du soleil en faisant ma course, puis de vivre la compétition des élites une fois à l’arrivée.»

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A l’aube de fêter son demi-siècle, le cuisto envisage toutefois de participer à la célèbre manifestation parmi les élites en 2018. «Je l’ai suggéré à Vincent Theytaz (ndlr: le président du comité d’organisation) puisque je pourrai pour la première fois concourir dans la catégorie Vétérans II avec, pourquoi pas, la possibilité de remporter la course.» Une fois. Pour voir. Avant de rêver à un nouveau défi, histoire de rajouter un étage à la pièce montée: «Participer au marathon de New York». Avec toujours le même goût: celui de l’effort.

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