Une petite flexion des genoux, deux bras qui se lèvent et un léger saut pour l’impulsion finale. Lorsque Clayton Le Sann réalise cet enchaînement derrière la ligne des 6 m 75, le Reposieux retient son souffle.

Et 40,5% du temps, il le relâche en laissant s’échapper une acclamation, accompagnée d’applaudissements. Grâce à cette stat, le Genevois de 26 ans s’est installé dans le top 6 des gâchettes les plus adroites de SB League et il est évidemment leader de son équipe dans l’exercice du tir primé. «La qualité de son shoot est supérieure à ce que j’imaginais cet été lorsque nous l’avons recruté», admet son entraîneur, Patrick Pembele.

Le principal intéressé, quant à lui, avoue être depuis toujours un joueur qui aime prendre sa chance. Une caractéristique que son séjour universitaire aux Etats-Unis n’a fait que renforcer. «Disons que j’ai compensé un certain déficit athlétique en apprenant à shooter davantage. J’ai ramené ça dans mon jeu ensuite.»

Quatre ans aux Etats-Unis

Mais ce n’est pas le seul bagage que Clayton Le Sann a emporté après quatre années passées dans le Massachusetts, à proximité de Boston. Le «sniper» du BBC Monthey-Chablais y a également appris toutes les déclinaisons du mot «compétition» au quotidien. «C’est un univers de malade où les gens sont fascinés par le sport. Nous étions quinze joueurs dans l’équipe de Holly Cross et chaque jour il fallait se battre pour sa place.»

J’ai joué mon premier match universitaire devant 22 000 spectateurs, le décalage avec la Suisse était énorme.

Seul «Européen» de l’effectif des Crusaders, le jeune basketteur a vécu une immersion totale dans la culture américaine, le pays de sa maman. «Même si elle vient des Etats-Unis, comme mon prénom l’indique, je n’avais jamais vécu là-bas», relève Clayton. «En arrivant depuis la Suisse, le décalage était énorme.»

A Holly Cross, l’ancien junior de Chênes, Bernex et Meyrin plonge, tête la première, dans la folie du sport universitaire. «J’ai joué mon premier match devant 22 000 spectateurs, nous avions cinq entraîneurs et les salles d’entraînement étaient presque luxueuses. C’était incroyable.»

Vevey, puis la 4e division espagnole

Son bachelor de psychologie en poche, Clayton Le Sann décide cependant de revenir en Suisse pour découvrir la SB League – qu’il avait touchée du bout des doigts avec les Lions de Genève avant son départ aux USA – mais aussi et surtout «pour gagner en responsabilités» sur le terrain. «A l’université, j’étais considéré comme un joueur de rôle, avec finalement assez peu de responsabilités. J’avais envie de continuer à évoluer et grandir.»

Il signe donc à Vevey, mais rapidement les soucis administratifs rencontrés par le club le plongent «dans la galère». «L’aventure s’est terminée après quelques semaines. J’ai ensuite eu quelques touches pour rebondir, mais une blessure au genou m’a empêché de les concrétiser.»

Malgré les défaites, j’ai toujours été confiant. Je sentais que cette équipe avait le potentiel pour se retourner.

Le poste 1-2 patiente jusqu’en février, puis s’envole pour l’Espagne et sa quatrième division. «C’était un peu une surprise de recevoir une offre de Santander, mais c’est ce dont j’avais besoin pour me relancer.» Et atterrir, quelques mois plus tard, au Reposieux.

Positif de nature

Un choix que Clayton Le Sann ne regrette pas, malgré le début de saison catastrophique des Sangliers. Un début de saison dont ils commencent à peine à se relever. «C’est clair que je n’avais pas prévu ce scénario. Mais j’ai toujours été confiant. Je sentais que cette équipe avait le potentiel pour se retourner.»

Dans ses réactions d’après-match, le numéro 10 des Chablaisiens transmettait d’ailleurs toujours ce même message. «Ce n’est pas quelque chose de feint. J’ai toujours été d’un naturel positif. A chaque fois, nous perdions sur des détails.» Des détails que Clayton Le Sann et ses coéquipiers s’appliquent désormais à faire pencher de leur côté.

Face à Swiss Central, Monthey doit confirmer son renouveau

Avec quatre victoires en dix matchs de SB League, Swiss Central a fait mieux que ce que les observateurs du basket suisse attendaient d’un néopromu. Le BBC Monthey-Chablais a d’ailleurs participé à ce bilan réjouissant en s’inclinant sur le terrain des Lucernois (86-74). Samedi à 17 h 30, au Reposieux, les Sangliers auront l’occasion de se racheter. «C’est une équipe plus expérimentée que nous, mais on peut compenser cela avec notre énergie», estime Patrick Pembele, coach des Bas-Valaisans. «On va devoir s’appuyer sur une grosse défense et amener beaucoup de courses en transition.»

Le «BBCM» devra également prêter une attention particulière au rebond, une statistique qui avait précipité sa chute à Genève dimanche dernier. «On a beaucoup insisté sur ce point ces dernières semaines. Il faut maintenant que ce travail porte ses fruits.» Pour cet affrontement, l’entraîneur chablaisien pourra compter sur le retour de Thomas Fritschi. Denzel Tchougang demeure quant à lui indisponible.

Basket: Clayton Le Sann, viser juste pour trouver sa place

Joueur au passeport helvétique le plus utilisé par Patrick Pembele, le Genevois de 26 ans a su se rendre indispensable pour les Sangliers.