Et de trois pour Andreas Seewald! Ce samedi, l’Allemand s'est offert un troisième succès sur le Grand Raid après 2021 et 2019. Côté féminin, c’est l’Italienne Claudia Peretti qui a réussi la grande traversée de 125 kilomètres et 5025 mètres de dénivelé le plus rapidement. Valaisan le plus inspiré sur le grand parcours, Arnaud Rapillard a signé l'une de ses meilleures performances lors de sa 17e participation en terminant 16e en 6 h 33'01 alors que Laura Tissières et Céline Tornay ont intégré le top 15 en finissant 9e et 12e.

Des centaines d’autres amateurs de VTT se sont élancés sur le grand parcours. D’autres ont préféré le départ d’Hérémence, d’Evolène ou de Nendaz. Parmi eux, les puristes. Mais aussi des amateurs d’e-bike. En tout, ce sont un peu moins de 2000 concurrents qui ont participé à la 32e édition du Grand Raid.

Loin des éditions bloquées à 4000 concurrents

Ce chiffre réjouirait n’importe quel organisateur d’un nouvel événement. Mais le Grand Raid a un passé. Un riche passé qui a vu l’épreuve, victime de son succès, devoir limiter la participation à 4000 concurrents dans ses toutes grandes années. Et on ne comptait pas là-dedans les e-bikers. Ou les participants de la balade gourmande, qui étaient présents ce samedi.

«Mais en 2019, ils étaient encore 2800», tente de rétorquer le grand patron de l’épreuve Jean-Pierre Fournier, qui marque une pause. Avant de reconnaître.

On est effectivement loin de notre objectif qui était de 3000 concurrents.

Jean-Pierre Fournier, patron du Grand Raid

«On est effectivement loin de notre objectif qui était de 3000 concurrents. La pandémie nous a fait mal. Les gens ont changé leurs habitudes. Mais on n’est pas le seul événement à en souffrir.»

Plus de stands de vélos

D’autres fins connaisseurs du Grand Raid reconnaissent également une tendance à la baisse. Et cela même si les têtes d’affiche étaient là ce week-end. «La flamme est en train de s’éteindre», regrette avec des mots assez forts Fred Pont, suiveur de l’épreuve marathon depuis qu’elle existe. «Aux contrôles techniques vendredi, il n’y avait pas un stand de vélos. A l’époque, il y en avait de nombreux», ajoute-t-il.

La flamme est en train de s’éteindre.

Fred Pont, suiveur du Grand Raid depuis ses débuts

«Les marques n’ont plus d’argent et encore moins de personnel», répond Jean-Pierre Fournier. «Et ce n’est pas comme si on n’allait frapper à leur porte. Mais ils ne veulent pas venir. Le directeur d’une marque a même avoué que le VTT marathon ne les intéressait pas.»

Déserté ou presque, le Pas de Lona... © Keystone

Le public, lui, semble aussi moins nombreux aux bords des sentiers. Le Sierrois Christian Bénet, qui a pris le départ des 32 éditions du Grand Raid, se souvient des années où «après Mandelon, il y avait du monde sur la descente. Il y en a de moins en moins.»

Plusieurs photographes qui suivent l’épreuve depuis de longues années ont, eux, relevé les gens présents au mythique Pas de Lona, toujours moins nombreux selon eux.

Ce n’est plus la référence en termes de difficulté

Mais comment expliquer que le Grand Raid ait perdu de sa magie? «Il y a parfois des cycles. La course à pied s’est retrouvée au creux de la vague, avant de remonter la pente. Regardez Sierre-Zinal qui a battu son record de participation il y a dix jours», note Alex Moos, double vainqueur de l’épreuve, qui reconnaît que le VTT peut souffrir de la concurrence.

Le Grand Raid n’est plus la référence en termes de difficulté au mois d’août. De nombreux autres événements à quelques pas demandent des efforts encore plus importants.

Fred Pont, suiveur du Grand Raid depuis ses débuts

Un avis partagé par Jean-Pierre Fournier. «Certains sportifs m’ont dit qu’ils ne savaient plus quoi choisir», relève-t-il. «Avant, le Grand Raid était le rendez-vous à ne manquer sous aucun prétexte en août pour tous les amateurs de défis de taille. Disons que c’était la référence en termes de difficulté. Or, aujourd’hui, on trouve de nombreux autres événements à quelques pas qui demandent des efforts encore plus importants», remarque encore Fred Pont, pensant notamment à toutes les courses de l’UTMB au programme ces prochains jours ou encore au Swiss Peaks Trail qui propose une traversée du Valais sur plus de 360 kilomètres mis aussi au récent Tour des stations ou encore le Festival e-bike de Verbier.

«Or les gens ne peuvent pas tout faire. Il faut non seulement de l’entraînement mais surtout de la récupération après une épreuve difficile.» «Il y a énormément de choses, oui. Mais en Suisse alémanique, le VTT cartonne. Ici, on est resté vieillots», lance encore Alex Moos.

S’adapter aux demandes

Certains participants nous ont avoué avoir participé à l’épreuve mais que les contrôles techniques, la veille de la course, sont une charge trop importante. Un avis que comprend Alex Moos.

«Quelle autre course fait ça? Même en Coupe du monde ou aux championnats du monde ça ne se fait pas.» «C’est devenu compliqué depuis que la course a été avancée du dimanche au samedi», note Christian Bénet. «Mais ce changement avait été fait pour avoir un jour de réservation en cas de conditions météo compliquées le samedi.»

Il faut vivre avec son temps et évoluer. Cela implique de la volonté.

Alex Moos, double vainqueur du Grand Raid

Alors, quelles solutions pour la mythique épreuve de VTT? «Il faut trouver des courses qui attirent du monde. C’est pour cela qu’on a aussi admis l’e-bike entre Verbier et Grimentz ou qu’on propose aussi des itinéraires gourmands. Il faut que l’on s’adapte aux demandes», note Jean-Pierre Fournier. «Cela passe peut-être par une meilleure communication. Il faut vivre avec son temps et évoluer. Cela implique de la volonté», ajoute encore Alex Moos.

Bref. Le mythique rendez-vous de VTT valaisan n’est de loin pas encore mort. Mais il voudra certainement redevenir grand. «On reste une course de grande renommée. Et pas toutes les épreuves peuvent se targuer de vivre une 32e édition. C’est la preuve que ça marche quand même», rappelle Jean-Pierre Fournier, concluant: «Pour l’instant on tient la route. Il ne faudrait pas que l’on tombe sous les 1800 participants ces prochaines années. Financièrement, on ne s’en sortirait pas. Les inscriptions représentent le tiers des recettes.»

Après les grandes années, le Grand Raid souffre mais s’accroche

L’Allemand Andreas Seewald et l’Italienne Claudia Peretti se sont imposés lors de la 32e édition du Grand Raid. Un Grand Raid qui semble chercher un nouveau souffle. Eclairage.