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Coronavirus: "quelle constituante pour l’après-Covid?". Par Johan Rochel

Une douzaine de personnalités issues de générations, de milieux socio-professionnels différents livrent pour "Le Nouvelliste" leurs pensées sur l’impact social de l’expérience collective que nous vivons, et sur le temps d’après, quand la vie reprendra, sans doute différemment d’avant.

23 mai 2020, 08:00
Johan Rochel, Dr. en droit et éthicien.

La crise sanitaire frappe le Valais durant un moment très particulier: la révision complète de la Constitution cantonale. Alors que toutes les commissions thématiques ont terminé une première série de propositions, j’aimerais proposer trois hypothèses pour lancer un débat sur la constituante post-crise. 

Premièrement, la crise sanitaire révèle d’innombrables vulnérabilités individuelles et institutionnelles. Les droits fondamentaux doivent être à même de répondre aux situations où les libertés des individus sont menacées, de la garantie de ressources matérielles minimales à la protection contre la surveillance. La crise rappelle l’importance fondamentale de l’école comme outil de promotion de l’égalité des chances. Sans une école publique forte, c’est le creuset de la citoyenneté qui s’effondre. En matière institutionnelle, la crise met en lumière la faiblesse des contre-pouvoirs face à l’exécutif. Le Parlement doit être en mesure de siéger de manière numérique en situation de crise, et ce à tous les niveaux (fédéral, cantonal et communal).

 

Tous nos modes de fonctionnement doivent être jugés à l’aune de leur impact sur les ressources dont la société a besoin pour exister.
Johan Rochel, Dr. en droit et éthicien

 

Deuxièmement, la crise rappelle avec fracas l’importance d’un accès aux soins comme pilier d’une société prospère. Au-delà du droit d’être soigné, nous devons travailler pour diminuer les discriminations dans l’accès à ces soins, en matière d’âge, de genre mais également de ressources socio-économiques. Cette exigence d’égalité face à la santé nous amène à questionner de manière plus large les prérogatives et les hiérarchies non écrites de notre société. Vivre côte à côte tout en étant séparés par des barrières quasiment insurmontables mine peu à peu la cohérence de notre projet de société, à la fois inclusif et respectueux des libertés de chacun.

Troisièmement, le nouveau texte constitutionnel doit réussir à ancrer les activités humaines dans leur environnement naturel et politique. L’environnement naturel doit être abordé comme le lieu où nous évoluons. Tous nos modes de fonctionnement doivent être jugés à l’aune de leur impact sur les ressources dont la société a besoin pour exister. Quelle que soit l’histoire de l’origine de la pandémie, le virus rappelle l’importance de cet environnement-partenaire pour nous alimenter, nous ressourcer et garantir notre équilibre de vie. Le concept de durabilité dans cette relation avec l’environnement doit devenir un fil rouge du travail constitutionnel. 

Cette nécessaire réflexion sur le lieu de nos existences inclut également l’environnement politique du canton. La crise raconte, parfois avec douleur, la réalité d’un canton à la croisée des pays et des axes de communication. C’est à la fois une opportunité et une responsabilité pour la constituante: le Valais est au cœur d’un dense réseau de relations. Le canton doit y jouer son rôle, à la fois conscient des apports de ses voisins à sa prospérité, et soucieux de participer au bien commun par-delà les frontières.

Johan Rochel, Dr. en droit et éthicien, Monthey/Zurich

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