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Coronavirus: comment les médias valaisans s'adaptent à la situation

Crise sanitaire mondiale, répercussions locales, événements culturels ou sportifs annulés, vie sociale en berne, chute des recettes publicitaires... les médias cantonaux - dont "Le Nouvelliste" forcément - vivent une situation inédite et ajustent leurs contenus au contexte.

31 mars 2020, 18:30
Les pages spéciales conçues par "Le Nouvelliste".

Comme toutes les entreprises qui composent le tissu économique, les médias accusent le coup du coronavirus et subissent de très lourdes pertes causées par l’effondrement des recettes publicitaires. Mais leur devoir de service public importe d’autant plus et presse écrite, radios, télévisions poursuivent leur mission d’information en adaptant leurs contenus pour répondre aux questions et préoccupations du public.

Preuve de cette utlité, la courbe des abonnements a connu une très nette hausse et la fréquentation numérique a explosé. A titre d’exemple, lorsque «Le Nouvelliste» a mis en ligne son sujet sur la demande de mise en quarantaine de Verbier par les médecins locaux, le quotidien online a connu un record d’audience avec plus d’1,5 million de pages vues en une journée et près de 210’000 visiteurs uniques, «ce qui représente près du double de visiteurs d’une excellente journée avant la crise du coronavirus», explique Olivier Hugon, membre de la rédaction en chef.

Nouveaux rendez-vous

«Le Nouvelliste» a, dans ce contexte, créé de nouveaux rendez-vous d’information, de service et de divertissement pour rendre la complexité de la situation intelligible et aussi amener une respiration dans un climat anxiogène. «Très vite, nous avons décidé d’offrir la gratuité pour toutes les informations qui relèvent du service public en lien avec le coronavirus. Cela représente entre 70 et 80% de notre production sur ce sujet», explique le rédacteur en chef Vincent Fragnière.

Nous avons choisi la gratuité pour toutes les informations qui relèvent du service public
Vincent Fragnière, rédacteur en chef

La solidarité dans la proximité

«La première mesure prise a été de transformer la page «Près de chez vous», étant donné la disparition de toutes les manifestations de proximité.» La page «Près de chez vous – Solidarité Covid-19» propose la belle histoire du jour, «une bulle de positivité bienvenue», un sujet secondaire «très serviciel» et quantité de brèves qui relayent toutes les initiatives de solidarité qui naissent dans les régions.  

Le rendez-vous quotidien avec Eric Bonvin

Tous les jours, Vincent Fragnière reçoit «entre 10 et 25 questions» que les lecteurs du «Nouvelliste» souhaitent poser à Eric Bonvin, directeur général de l’Hôpital du Valais. Et il se charge ensuite de rédiger une interview qui synthétise les réponses apportées par celui qui est au cœur de la lutte contre la propagation du virus en Valais. «On fait sur notre site un point quotidien, également le samedi et le dimanche, sur la situation sanitaire du canton. Cela permet au public d’avoir un lien direct avec la personne qui gère tout le système hospitalier valaisan.»

Des mots pour se croiser chaque jour

«Cette crise a révélé dans le public un immense besoin d’écrire pour être en lien, dans un moment ou les habitudes relationnelles des gens ont été bouleversées.» D’une page hebdomadaire en début de crise, ce rendez-vous est vite devenu quotidien. «Peut-être que cela va se tarir quelque peu avec le temps, mais pour l’heure, les contributions sont très nombreuses et de très bonne qualité.» Un espace de réflexion et de civisme ou tout un chacun peut extérioriser ce qu’il vit et le partager avec autrui.

La lettre quotidienne aux aînés

«Le Nouvelliste» est à la base d’une initiative à laquelle collaborent aujourd’hui une dizaine de médias romands, née d’une idée simple, celle d’écrire à nos aînés, «qui sont les plus touchés par la situation. Les risques encourus au niveau de la santé et les mesures prises occasionnent de la solitude et de l’isolement.»

En Valais, le projet est mené en lien avec la Société des écrivains valaisans et le festival de la correspondance Lettres de Soie. «ArcInfo», «Le Quotidien Jurassien», «Le Journal du Jura», «La Liberté» et «Vigousse» ont emboîté le pas. Et puis le mensuel «Générations» publiera les meilleures lettres chaque mois. «La RTS a également créé en quelques jours l’émission «Porte Plume», où des lettres sont lues à l’antenne par Manuella Maury. Cela montre la solidarité de la presse et sa vitesse de réaction dans une situation de crise.»

A noter encore que, dans les EMS où la situation sanitaire le permet, des lettres sont lues chaque matin aux résidentes et aux résidents.

En savoir plus : Le sujet consacré par le 12H45 de la RTS à cette initiative du "Nouvelliste"

Un espace de réflexion hebdomadaire

La semaine prochaine sera inauguré un nouveau rendez-vous, où des personnalités valaisannes issues de divers milieux proposeront des textes de réflexion sur la crise actuelle et sur le temps d’après le coronavirus.

 

A Canal 9: «Acculé, on est très inventif»
Dans le contexte actuel, la chaîne a fait de Skype son meilleur allié. Les magazines ayant passé à la trappe, tous les journalistes ont été rapatriés à l’actu. Si le journal de 18 heures n’a pas été rallongé, l’accent a été mis sur de nouvelles capsules vidéo solidaires. Comme «On pense à vous» où les enfants s’adressent chaque jour à leurs grands-parents, «concept qui sera étendu aux EMS du canton», détaille Frédéric Filippin, rédacteur en chef. Autre nouveauté: «Service à domicile» qui propose depuis lundi les conseils de coiffeurs, libraires, coachs sportifs, etc. «Parenthèse» offre une lecture d’extraits de romans. Et dès le lundi 6 avril, des capsules quotidiennes à destination des écoliers seront diffusées en partenariat avec le Service de la formation. «On réussit à faire en deux semaines ce qui prend généralement six mois. Acculés, on est très inventifs», s’étonne en bien Frédéric Filippin, rédacteur en chef.

 

A Rhône FM: «On veut communiquer du positif»
«On veut communiquer du positif.» Directeur de Rhône FM, Sébastien Rey a, comme tous les médias du canton, dû adapter sa stratégie face à la pandémie. Pas de chamboulement dans la grille des programmes, mais un temps d’antenne quotidien prolongé de deux heures. Avec notamment le retour des fameuses «dédicaces» qui avaient fait les beaux jours de la radio valaisanne le dimanche soir. «Un coucou à grand-papa, des remerciements aux soignants ou juste un petit salut, l’idée, c’est vraiment d’accompagner les auditeurs dans cette période très spéciale.» Les Whats’App et les messages FB ont (un peu) remplacé les coups de fil, mais l’intention est la même: créer du lien. Quant à la matinale «Good Morning Valais», si elle garde son ton «déconneur», elle s’efforce de relayer les faits sans tricher. Depuis le 30mars s’est ajouté un appel à une personnalité évoquant son confinement; l’ancien conseiller fédéral Pascal Couchepin fut le premier à se prêter au jeu lundi. «Ce qui est réjouissant, c’est que le public se tourne de nouveau vers les médias historiques, gages de fiabilité. Pourvu qu’il s’en souvienne une fois la crise passée», conclut l’animateur directeur.

 

Au Walliser Bote:  «Nous avons réduit la voilure»
«Au niveau de la pagination, on oscille entre 20 et 24 pages,alors que normalement, on est plutôt aux alentours de 28 voire 32 pages», précise Herold Bieler, rédacteur en chef du «Walliser Bote». « Nous avons réduit la voilure et nous en sommes à 7 ou 8 pages régionales et entre 3 et 4 pages de sports. Il n’y a plus de conférences de presse, de rencontres, de spectacles, mais il faut tout de même produire un journal. Par exemple, demain, le «Walliser Bote» va proposer seize pages dont une large majorité consacrée au coronavirus, que ce soit au niveau de l’actualité, du sport ou encore de la culture car il ne se passe plus grand chose en Valais aujourd’hui. La situation est compliquée.»

 

A Radio Chablais: «Enlever la contrainte temporelle»
«Nous avons «dégradé» notre programme, c’est-à-dire que nous avons supprimé ce qui était un peu récurrent, comme les interviews ou la présence de personnalités sur le plateau», explique Florian Jeanneret, directeur de Radio Chablais. «Nous avons aussi supprimé, depuis le 13mars, toutes les présences de journalistes aux conférences de presse et sur le terrain. Nous avons obligé les collaborateurs à tout faire par téléphone ou à ne pas le faire. En ce qui concerne les programmes, nous n’avons plus imposé d’horaire. Avant la pandémie, un journal de midi durait quinze minutes au minimum et maintenant, nous émettons les informations comme elles arrivent, sans contraintes temporelles. Si nous avons plus d’infos, nous enlevons des plages musicales et, dans le cas contraire, nous en rajoutons. Finalement, nous n’avons pas dû modifier beaucoup de choses au niveau antenne et notre rédaction, en télétravail, a trouvé des systèmes qui fonctionnent bien.»

 

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