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Les réflexes à adopter pour que vos enfants ne deviennent pas accros aux écrans

En plein confinement, ils sont vos meilleurs alliés... et vos pires ennemis. Comme une oasis en plein désert, vos écrans - de télévision, de tablette ou de smartphone - vous promettent de précieuses minutes de silence et de solitude. Mais attention aux effets néfastes sur le développement des enfants.

15 avr. 2020, 10:40
/ Màj. le 22 avr. 2020 à 20:00
Les écrans perturbent le sommeil, la concentration et l’apprentissage du langage chez les enfants.

Hypnotisés par d’attractives couleurs, alléchés par des jeux faciles, vos enfants demandent sans cesse à tripoter l’écran tactile d’une tablette ou d’un smartphone. Vous, parents acquis à ces outils modernes, tentez tant bien que mal d’en raisonner l’usage. 

Sauf que ni vous ni vos enfants n'avez pas mis le nez dehors depuis une semaine, que vous avez passé la journée en visio-conférence en essayant de maintenir votre fils hors du champ de votre caméra et que vous sentez que vos nerfs ne vont pas tenir longtemps.

 La tentation est grande de lui prêter votre téléphone, juste le temps d'aller boire un verre de vin pour décompresser. Ou de le laisser regarder un dessin animé pour - enfin - appeler une amie et retrouver le plaisir de discuter avec une adulte.

Des effets négatifs

Mais cette exposition des enfants aux écrans n'est pas sans risque. En 2016, l'Académie de médecine de pédiatrie américaine (AAP) alertait: les écrans remplacent ou empiètent sur d’autres occupations primordiales pour les plus jeunes: discuter, jouer, étudier ou dormir. La psychologue et thérapeute familiale Sabine Duflo , auteure de «Quand les écrans deviennent neurotoxiques: protégeons le cerveau de nos enfants » est catégorique : «J'observe des effets sur le sommeil, la mémoire, les relations à l’autre, ainsi que des retards dans l’apprentissage du langage».

Comment éviter aux plus jeunes de prendre de mauvaises habitudes lorsqu’on est parent, que l’on travaille une grande partie de la journée, et que l’on est soi-même accro aux écrans ?

Dans la journée

Acteurs extérieurs et parents doivent réguler la consommation d’écrans des plus petits. iStock

Les écrans sont particulièrement nuisibles à certains moments de la journée. «Consultés le matin, ils perturbent la concentration pour le reste de la journée, explique Sabine Duflo, habituée à recevoir des familles en consultation autour de ces sujets. «Autre temps où la déconnexion est conseillée: les repas. C’est l’un des instants où l’enfant est en principe le plus écouté. N’oublions pas que la qualité du langage est déterminée par les échanges entre parents et enfants.»

Le soir

Enfin, être exposé à la lumière bleue d’un écran avant de dormir empêche de trouver facilement le sommeil. «Dans un milieu naturel, le cycle du sommeil est déterminé par la luminosité. Le soir, on envoie un message au cerveau lorsqu’on l’expose à une lumière de ce type : on lui indique qu’il est plus tôt qu’il ne l’est réellement. Par conséquent, il vaut mieux éviter que l'enfant navigue sur une tablette ou un smartphone dans sa chambre.»

Même si, à presque 20 heures, vous savez que c'est la promesse d'une petite heure de tranquillité après une nouvelle journée à jongler entre votre ordinateur et un cahier d'écriture.

«il vaut mieux éviter que l'enfant navigue sur une tablette ou un smartphone dans sa chambre.»

Contrats signés

Mais garder la main peut s'avérer compliqué quand on travaille et qu'on rentre tard - en temps normal, donc. Ceux qui font surveiller leurs bambins peuvent donner des directives à la nounou: nombre de minutes/d’heures autorisées, interdiction formelle à l’heure des devoirs, etc. Dans la Silicon Valley, les pourvoyeurs de logiciels, applications, réseaux sociaux et autres sont les premiers à interdire strictement à leur nounou d’exposer leur progéniture aux écrans. Certains vont jusqu’à faire signer un contrat pour s’assurer du bon respect de cette règle.

Les jeux sans écran: une alternative salutaire

Des entreprises proposent désormais des alternatives aux écrans, tout en permettant aux petits d’utiliser des outils électroniques. Exemple à succès: Lunii, un site qui permet de choisir un héros, un univers, un personnage, un objet, et d’écouter en 100 % audio sur un petit boîtier les histoires que les jeunes utilisateurs participent eux-mêmes à confectionner. Selon Jeanne Siaud-Facchin, psychologue et psychothérapeute, «il est très important que les acteurs extérieurs et les parents fassent des propositions pour aider à réguler la consommation d’écrans. Ce qui peut être efficace, outre ces jeux sans écran, c’est de mettre les applications en gris et blanc. C’est une option présente sur les smartphones. Elles deviennent bien moins addictives».

Contrôle parental

D’autres acteurs encouragent le contrôle, plutôt que l’éradication des écrans. L’application Xooloo, taillée sur mesure pour des parents qui souhaitent réguler à distance les activités de leur(s) enfant(s), permet de visualiser le temps passé par ces derniers sur un écran ou de bloquer certains sites (à caractère violent par exemple). Grégory Véret, son cofondateur, défend un outil créé pour apprendre aux enfants à maîtriser l'accès aux écrans, afin qu'ils ne soient pas esclaves des nouvelles technologies. «Quand un parent veut limiter l’utilisation d’un site, il peut le faire en quelques clics. L’appli sera bloquée à l’issue de la durée indiquée. Xooloo va aussi lui dire combien de temps passent les autres enfants sur ce même site, afin de savoir si le sien est dans l’excès, ou plutôt dans la moyenne. L’appareil de l’enfant peut aussi être mis en pause, au moment de passer à table par exemple.»

La déconnexion des enfants passe par celle des parents

Comment expliquer à sa descendance qu’il est préférable pour eux de décrocher… lorsque l’on a soi-même le smartphone greffé à la main ? La psychologue et psychothérapeute Jeanne Siaud-Facchin considère «essentiel que les parents ne soient pas sur leur smartphone quand ils sont avec leurs enfants. Sinon, il deviendra presque impossible de les freiner». Ceux-ci, souvent fins négociateurs lorsqu'ils souhaitent se connecter, ne comprendront pas de se voir poser des limites tout en voyant leurs parents pianoter sur leur smartphone.

Consacrer du temps

La difficulté : les parents qui travaillent doivent parfois répondre à des e-mails, des messages d’un collègue ou de leur patron… «Il faut dégager des moments consacrés. Il vaut mieux s’enfermer dans sa chambre et répondre à tous ses messages, puis passer du temps avec sa famille.

Trente minutes de réelle présence valent mieux que deux heures ensemble en ayant d’autres préoccupations. Aujourd'hui, certains parents se servent de la télévision pour occuper un enfant. Ils profitent de ce moment pour travailler, ou s'occuper de la maison.

«Trente minutes de réelle présence valent mieux que deux heures ensemble en ayant d’autres préoccupations»

Avec les tablettes, on a atteint un stade supérieur d'envahissement. Celles-ci occupent beaucoup plus l’espace de vie et l'espace mental car elles sont mobiles.»

La clinicienne conseille de faire jouer son rôle à la pédagogie. Elle plaide pour que «les parents essaient de comprendre pourquoi un jeune a besoin de cette surconnexion. Un enfant que l'on ne blâme pas, mais à qui on explique les méfaits des écrans se montrera bien plus ouvert».

Inciter ses enfants

Mais surtout, martèle-t-elle, les parents doivent élargir les domaines d’intérêt des plus jeunes. «Il faut leur donner le goût de lire, de faire du sport, de voir des amis, d’aller à des spectacles. Mais aussi multiplier les sollicitations, avoir des relais d’éducation (amis, famille).

Plus on les incite à varier les activités, moins ils ont besoin de s’enfermer dans un écran.» Pour la période de confinement, les jeux de construction, arts plastiques et livres sont nos alliés !

Maïlys Khider/le Figaro

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