Un bref instant d'inattention et c'est le drame. Bébé bascule dans les escaliers qu'il dévale en hurlant. Un parent affolé qui se précipite, prêt au pire... Ouf! on en sera quitte pour la peur et quelques pleurs, l'ange gardien du gosse a su être efficace! Etouffements, noyades, chutes, intoxications, brûlures, électrocutions... les menaces semblent s'accumuler. Mais un adulte averti saura prendre les mesures qui s'imposent. Le devoir de vigilance existe, qu'une bonne prévention permet d'exercer avec un maximum d'efficacité.
"Les parents peuvent s'adresser aux centres de consultation mis à disposition par les Centres médico-sociaux", explique Mme Marie-Madeleine Balet, infirmière puéricultrice au Centre médico-social régional de Monthey.
"Nous pesons l'enfant, nous le mesurons, nous abordons avec les parents les progrès du petit et répondons à leurs interrogations du moment..."
Et à titre de prévention?
A titre de prévention, nous disposons d'un canevas sur les principaux risques potentiels d'accidents de la naissance au moment de l'entrée à l'école. Nous abordons toutes ces questions en lien avec l'âge et les acquisitions de l'enfant.
Concrètement?
Il s'agit de mettre les parents en alerte sur les risques possibles. Nous disposons d'une documentation rédigée en français et en allemand mais aussi disponible en anglais, en albanais, en arabe, en croate, en espagnol, en italien, en portugais, en serbe, en tamoul et en turc, dont le but est de prévenir les accidents.
Le danger peut se cacher n'importe où. Par exemple, il y a quelques années, les parents mettaient volontiers au cou des bébés un collier "d'ambre", en fait souvent en plastique, censé calmer les maux de dents. Il s'agissait surtout d'un danger permanent de strangulation et il y a eu de nombreux accidents. Mais grâce à une information systématique, relayée par tous les professionnels de la petite enfance, aujourd'hui il est rare de voir un enfant en bas âge avec ce type de collier.
Autre exemple, les spécialistes mettent en cause des objets aussi "anodins" que les youpalas ou trotteurs. Un accessoire largement répandu qui est responsable de plus des 40% des traumatismes crâniens chez l'enfant de moins de 12 mois. Certains vont même jusqu'à dire qu'il devrait être interdit...
Pourquoi?
Les enfants l'aiment bien, mais dans un trotteur, ils sont prématurément placés dans une position verticale. Ils passent sans transition de la posture assise à debout. Ce qui donne aux bambins une autonomie qui les confronte à des menaces qu'ils ne rencontreraient pas en restant à se déplacer à quatre pattes. Le youpala est inutile pour apprendre à marcher mais il est un moyen efficace pour l'enfant d'accéder à une nappe, qui, tirée fera choir un lourd compotier, un vase, ou un autre objet normalement posé sur une table... ou, bien plus grave, une théière entraînant des brûlures dramatiques. Sans compter qu'avec un trotteur, un enfant peut aussi plus facilement chuter dans les escaliers.
Quels sont, dans l'environnement de l'enfant, les endroits les plus critiques?
60% des accidents surviennent au domicile et au moins 70% des accidents ont lieu en présence d'un adulte. Beaucoup de gens ne se rendent pas compte des menaces. Ils ont l'illusion de croire que la maison est un endroit sûr. Or elle est potentiellement dangereuse pour l'enfant.
On peut faire l'essai suivant: s'asseoir par terre et regarder ce qu'on peut voir de cette position. Qu'est-ce qui est atteignable? Vers quoi l'enfant aura-t-il envie d'aller? Qu'est-ce qui peut être une menace? Les petits enfants mettent tout en bouche. Il conviendra d'écarter notamment les plantes potentiellement toxiques, mais aussi les alcools en fond de verre après un apéritif, le cendrier plein de mégots ou, plus tentant, le bol de cacahuètes!
Mais encore?
Les enfants sont curieux. En ce qui concerne les risques d'intoxication, il faut éviter de laisser libre accès aux médicaments et aux produits de nettoyage. Pour éviter les risques d'étouffement, éliminer les sacs en plastique dont les enfants vont se coiffer. On peut prévenir les problèmes d'électrocution en équipant les prises de cache-prises et en éliminant les rallonges qui courent de pièce en pièce. Pour prévenir la noyade, on ne laisse jamais un enfant seul dans son bain. Et il faut veiller à ce que les fenêtres soient inaccessibles et les balcons libres de tout objet ou meuble sur lequel grimper pour éviter les chutes.
Que faire avec les animaux?
Il existe des documents de prévention qui expliquent aux enfants plus grands comment se comporter face au chien. Mais quel que soit l'âge de l'enfant et même si on pense que l'animal est gentil, il est susceptible d'être jaloux et il faut éviter de les laisser seuls. Quant au chat, il aime l'odeur du lait et apprécie les endroits chauds. Un bébé ne peut pas se défendre contre un matou qui viendrait envahir son lit.
Quelle précaution prendre en voiture?
Encore trop de parents n'utilisent pas de sièges homologués ou n'attachent pas les enfants dans la voiture. C'est pourtant une obligation. Même si les enfants refusent, les parents doivent rester fermes, car c'est la santé, voire la vie de l'enfant qui est en péril.
C'est une vigilance de tous les instants...
Les parents comprennent dès la naissance que pour plusieurs années ils sont responsables de leur bout de chou, que c'est un travail à plein temps, qu'ils sont toujours sur le pont!
Plus l'enfant devient actif, plus il se trouve potentiellement en danger, mais plus il devient apte à percevoir les risques et à tenir compte des recommandations de ses parents qui ont fort à faire!
Quels conseils donneriez-vous aux parents?
Il faut observer l'enfant et suivre son évolution. Il est impossible de tout prévenir mais il convient d'anticiper, d'avoir en permanence une longueur d'avance. Si les adultes sont les garants de la sécurité, ils doivent aussi accompagner, aider leur enfant à devenir responsable, garant de lui-même.