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Entre la vie et la dépendance

Ce n'est pas toujours facile pour une femme d'abandonner un comportement de dépendance lorsqu'elle attend un enfant.

11 déc. 2014, 00:01
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"Bien sûr que l'absorption de toxiques a des répercussions sur le foetus et la santé de la femme, tout comme dans ce cas, un mauvais suivi de grossesse peut entraîner de graves complications obstétricales. Personnellement, je ne m'aventure pas à décrire les conséquences de substances toxiques sur la grossesse à une femme enceinte. Ce sont les professionnels de la santé qui vont s'en charger comme le gynécologue, la sage-femme ou le pédiatre. Ce sont eux qui vont également informer et rassurer quant à l'évolution de la grossesse" , explique Laurence Rochel-Rippa, assistante sociale en périnatalité au centre SIPE (sexualité, information, prévention et éducation) de Monthey. Dans son bureau, elle reçoit des couples, des femmes enceintes, des futurs pères pour les renseigner sur les plans pratiques, socio-économiques, affectifs ou relationnels, les soutenir, les aider ou simplement pour leur offrir une oreille attentive.

Accueil et attention

"Je n'ai encore jamais reçu de femme dont la première demande portait sur sa consommation et les dangers que cela pouvait représenter pour le bébé" , précise-t-elle. Elles viennent prendre des informations et selon le climat de confiance qui s'instaure, certaines femmes se livrent sur leur dépendance ou sur leur consommation occasionnelle. "Je les écoute avec beaucoup d'empathie. Je les considère d'abord comme des femmes enceintes qui souffrent de toxicomanie et non comme des toxicomanes enceintes." Laurence Rochel-Rippa l'avoue, les professionnels sont mis à mal émotionnellement face à une situation de ce type. Ils aident le couple ou la femme enceinte avec d'autres professionnels dans un cadre sécurisant. "Souvent, la femme est ouverte aux solutions que nous proposons" , continue-t-elle. Les professionnels doivent partager leur ressenti et leurs inquiétudes avec les futurs parents. "Cela leur permettra de faire comprendre aux parents le pourquoi de nos actions futures." Si le couple est d'accord, un réseau de professionnels (gynécologue, sage-femme, pédiatre) se met ensuite en marche pour aider la femme dans une démarche qui vise à "prendre soin d'elle et du bébé". "De mon côté, j'invite notamment la maman à se représenter son futur bébé. Je lui demande ce qu'il dirait s'il la voyait tirer sur un joint, par exemple. Cela permet de centrer son attention sur les besoins de ce petit être en devenir. " Dans ces situations, les parents ont toujours la crainte de se voir retirer leur enfant à un moment donné. Ils peuvent se rassurer car les intervenants vont tous oeuvrer à accompagner les parents dans leur nouveau rôle.

Retour à la maison

"Il est toujours important dans les situations où il y a une dépendance aux toxiques d'aborder cette problématique avant la naissance. Cela permet aux parents de trouver des réponses à leurs questions. Ils vont également être informés sur la manière dont se déroulera le séjour à la maternité" , précise-t-elle. De son côté, elle prépare les futurs parents à la réalité de l'arrivée d'un enfant dans leur foyer. "J'anticipe et je les amène à réfléchir à différentes situations. Je leur demande d'imaginer leurs réactions et leurs actions si le bébé pleure et que ça les exaspère. Et je les aide à trouver des solutions concrètes" , explique Laurence Rochel-Rippa. Tout cet encadrement pluridisciplinaire pendant la grossesse ou après va permettre à la jeune maman et au couple de redécouvrir des ressources personnelles qui avaient été laissées de côté.

Banalisation

Certaines fois, la grossesse va donner la force à certaines femmes d'en finir avec leur dépendance. C'est une belle victoire. Malgré tout, dans certains cas, le conjoint continue à consommer certains toxiques et il banalise sa consommation. "Le cannabis, par exemple, modifie la perception des relations et la personne banalise les émotions ressenties par son entourage. Cela ne permet pas au fumeur d'avoir une réaction empathique. Du coup, monsieur continue de dire tout baigne lorsque l'enfant pleure et demande de l'attention. Cela peut mener le couple à avoir des conflits et cela engendre une souffrance pour le couple et pour l'enfant" , note la professionnelle. Elle conseille aux personnes qui traversent ce type de difficultés de se replonger dans leur propre histoire. "La fragilité des parents trouve souvent son origine dans des traumatismes vécus dans l'enfance. Ils peuvent ressortir au moment de la grossesse. Devenir parents amène à revisiter sa propre histoire" , termine-t-elle.

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