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Croire en la jeunesse

Un état des lieux en Valais.

31 mai 2012, 07:00
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En Valais, il y a moins de réserve à avouer ses comportements, notamment en matière de consommation d'alcool. DR

Connaître les comportements de consommation des jeunes est impératif pour trouver les bons messages de prévention et réaliser des bonnes actions de sensibilisation, et aussi pour en évaluer l'impact.

"Il s'agit de recueillir des informations pour mieux connaître le public cible et améliorer nos prestations" précise Mme Annick Clerc Bérod, collaboratrice scientifique à Addiction Valais.

"Tous les quatre 4 ans, l'enquête Health Behaviour in School-aged Children (HBSC) est réalisée en Suisse par Addiction Suisse avec le soutien de l'Office fédéral de la santé et des cantons. C'est une enquête internationale conduite sous l'égide de l'Organisation mondiale de la santé qui examine tous les comportements "santé" des jeunes écoliers entre 11 et 15 ans. Les questions comprennent un volet sur la consommation de tabac, d'alcool et de cannabis" Le Service valaisan de la santé publique commande un sur-échantillon, financé par Addiction Valais et Promotion Santé Valais, afin de pouvoir obtenir des chiffres fiables au niveau du canton. Sous la responsabilité de l'Observatoire valaisan de la santé, 1198 élèves, soit 583 garçons et 615 filles ont participé à l'enquête en 2010.

Qu'avez-vous constaté en matière de tabagisme?

Chez les jeunes, c'est la consommation régulière qui est importante, à savoir fumer au moins une fois par semaine. On a constaté jusqu'en 2006 une baisse de cette consommation régulière, avec 5% chez les garçons valaisans et 6% chez les filles valaisannes. En 2010, elle a légèrement augmenté chez les garçons. Les 14-15 ans sont les plus exposés. Cette tranche d'âge correspond à un passage difficile pour la jeunesse. Les spécialistes de la prévention du tabac, le Cipret Valais, interviennent donc précocement, avec des campagnes d'information sur les dangers du tabac à l'école primaire déjà.

Quelle est la situation sur le plan de l'alcool?

La difficulté est que, lorsqu'ils boivent, les jeunes Valaisannes et Valaisans ont tendance à boire plus que leurs homologues romands ou suisses.

Dans quelle proportion?

Par exemple, à 15 ans, un garçon valaisan sur 5 admet avoir bu 5 boissons alcoolisées ou plus dans un même épisode de consommation, au moins 3 fois au cours des trente derniers jours. Sur le plan romand c'est 1 sur 8 et sur le plan suisse, 1 sur 10. Pour les filles valaisannes du même âge, la part est de 14% contre 6% au niveau romand et 7% sur le plan suisse. Une hypothèse est que, socialement, il y a en Valais une certaine fierté à dire que l'on boit et que l'on "tient" l'alcool. Il y a moins de réserves à avouer ses comportements.

Comment réagir?

Les actions préventives doivent cibler ces jeunes pour leur faire prendre conscience des risques encourus. Des dangers existent, d'accident, d'incivilité, de mise en danger de soi et des autres par des comportements inadéquats. Pour un jeune, il faut aussi du temps pour connaître ses limites et les consommateurs ne sont pas égaux devant l'alcool.

En Valais, il y a en matière d'alcool un côté culturel très fort. A quoi s'ajoutent aussi les pressions fortes du groupe. Les jeunes doivent apprendre à se gérer et à avoir conscience que certains de leurs comportements sont dangereux.

Tous les partenaires qui sont en contact avec des jeunes doivent être intégrés dans la prévention. On a par exemple constaté qu'en dépit de la législation en vigueur, 24% des jeunes de 15 ans se sont procuré leurs boissons alcooliques dans des magasins et des kiosques. Il convient de mieux sensibiliser au respect de la loi le personnel des points de vente.

Dans ce sens, Addiction Valais mène par exemple des campagnes d'achat-tests.

Et le cannabis?

La discussion sur la révision de la loi sur les stupéfiants visant entre autres à dépénaliser l'usage du cannabis a permis de resserrer les rangs face à la substance.

Ici, seuls les 14-15 ans ont été questionnés. Chez les 14 ans, 18% des interrogés ont déjà consommé du cannabis; chez les 15 ans, c'est 35%. Il y a certes la part de l'expérimentation.

Est considéré comme consommateur régulier quelqu'un qui a pris du cannabis 40 fois et plus durant les douze mois écoulés. Entre 2002 et 2006, la consommation régulière a diminué et entre 2006 et 2010, elle s'est stabilisée.

En Valais, 2% des garçons et 1% des filles sont des consommateurs réguliers, des chiffres similaires à ceux de la Romandie et de la Suisse.

Que faut-il faire maintenant?

Ne pas relâcher les efforts et rester vigilants, être créatifs pour toucher de près les jeunes. Par exemple, Addiction Valais et Promotion Santé Valais ont mis au point un quiz interactif pour intervenir au cycle d'orientation.

L'interdiction de fumer dans les lieux publics a eu des effets positifs. Les prix des cigarettes ont aussi joué un rôle dissuasif.

Pour l'alcool, surveiller de près la précocité, la consommation régulière et surtout la consommation massive. Quand on voit que certains souhaitent réintroduire la publicité liée à l'alcool...

Les politiciens doivent aussi avoir un message clair pour protéger au mieux la jeunesse.

En conclusion le Valais a une belle jeunesse?

Oui bien sûr! Près de 90% des jeunes de 11 à 15 ans disent ne pas boire d'alcool, en tout cas pas de manière régulière. Neuf jeunes sur dix ne fument pas. Et les trois-quarts déclarent n'avoir jamais consommé de cannabis dans leur vie.

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