Roger Federer qui s’en va, sur la pointe des pieds, loin du faste qu’on prédisait et qu’on lui souhaitait, presque en s’excusant, avouez que l’annonce, au-delà du choc ressenti ici et partout dans le monde sportif, colle mal avec la carrière du plus grand athlète suisse de tous les temps.
Non, le Bâlois ne méritait pas ça. Lui qui a tout gagné, qui nous a fait rêver durant tant d’années, qui a biberonné toute une génération de joueurs soudain orphelins, qui savait si bien orchestrer son image, ses événements médiatiques, qui faisait lever les foules sur un court, nous tenir éveillés des heures durant en pleine nuit, il ne méritait pas de quitter la scène sportive sur un tel malentendu. Quand on a marqué l’histoire du tennis, du sport, durant plus de vingt ans, atteint un tel niveau d’excellence, une telle popularité sur tous les continents et entretenu une image iconique bien au-delà de son domaine d’activité, c’est sur un court, une raquette entre les mains, idéalement après une ultime balle de match gagnée, qu’il aurait dû prendre congé de son sport et de son public. Dommage. Parce que l’histoire, la seule qu’il n’aura pas véritablement maîtrisée, la faute à ce fichu genou qui a définitivement gâché ses dernières années sur le circuit, retiendra qu’il aura disputé son tout dernier match dans son jardin de Wimbledon et concédé, comble de l’ignominie pour un joueur de son rang, un 6-0 face à Hubert Hurkacz.
Reste désormais le souvenir d’un joueur qui, au-delà de ses titres et de son palmarès, restera comme le plus élégant, le plus adulé et le plus brillant de ces dernières décennies. Le souvenir d’un homme, Mr Perfect, qui, bien qu’un peu lisse, très soucieux de son image, plutôt discret sur les réseaux sociaux, provoquait une véritable hystérie collective dans certains pays là où, en Suisse et ailleurs, il est avant tout le gendre idéal.
L’Angleterre, une semaine plus tôt, quasiment à la même heure, a perdu sa reine après plus de 70 ans de règne. La Suisse, aujourd’hui, prend congé sportivement de son roi. Merci à lui de nous avoir procuré quelques-unes de nos plus grandes émotions et d’avoir été, durant vingt ans, le plus bel ambassadeur de notre pays.
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