Deux ans de pandémie: Crisologie
L’amour dure trois ans. Les pandémies cinq. C’est ce qu’on dit, mais c’est faux. Pour le premier qu’on rêve tous éternel comme pour les secondes qu’on espère franchement écourtées depuis le siècle passé où l’on soignait à l’eau bénite.
Mais depuis quelques semaines, une crise en a chassé une autre. On se pensait en guerre deux ans durant, on apprend depuis deux semaines avec l’invasion de l’Ukraine le vrai sens des mots.
On fait avec les crises et il faudra toujours plus souvent savoir le faire si l’on en croit les prédictions climatiques dramatiques que personne ne veut entendre en ce moment.
On fait avec et, nous expliquent aujourd’hui Gabriel Bender et Johan Rochel qui pensent les événements et leurs répercussions, on aurait tendance à faire assez pareil à chaque fois que la normalité est éclipsée par un ennemi, fût-il humain ou viral.
Les cycles se suivent et se ressemblent. D’abord la panique qui nous transforme en être solidaire et empathique. Ensuite la recherche de coupable, la surveillance et la délation. Les invectives, la violence, le ras-le bol. Et, finalement, la réflexion et l’oubli.
Bref, on est bien prévisible d’autant plus lorsque l’on vit les choses en masse et en direct. Si l’on sait donc plus ou moins comment l’on réagit en temps de crise, nous reste à apprendre comment vivre après elle. Tirer les leçons, faire mieux, moins mal, différemment pour qu’elle ne nous remette pas trop rapidement dans les cordes et qu’on puisse en sortir davantage grandi qu’anéanti.
Le temps n’a pas duré suffisamment longtemps entre le Covid et la guerre. Cette année, on ne devrait donc pas être beaucoup mieux préparé que durant ces deux dernières années pour gérer l’impensable ou l’inimaginable.
Alors, dans le doute, soyons outrageusement généreux maintenant avec le peuple ukrainien. Car la phase deux de la crisologie – la moins noble – arrivera forcément, même si on ne sait pas encore quand.
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