D’eux, on retient les débordements. Le bruit. Les violences. Les vestiges laissés au sol. D’eux, on ne s’émeut pas. Leur sort indiffère. Ils sont méchants pour les uns, écervelés pour les autres. Pour la vindicte populaire, ils sont souvent les deux.
A Sion, les groupes de supporters héritent d’une image biaisée. La faute à une poignée d’abrutis qui, épisodiquement, débordent. Saccager les toilettes bernoises ou faire exploser un pétard à côté d’un gamin, c’est franchement con. Mais c’est tout aussi con de ressusciter ces événements isolés pour justifier son aversion contre le gradin.
D’eux, on ignore les heures passées à la confection des drapeaux. D’eux, on oublie la ferveur qui résiste aux défaites. D’eux, on oublie les déplacements à l’autre bout du pays pour soutenir le club.
Quand les autorités politiques veulent leur imposer un billet nominatif, on sourit. On ricane, même. On manque de comprendre que ce ne sont pas des individualités. Que leur identité, c’est le groupe. Que si les supporters se méfient, c’est à raison. Ils sont d’ores et déjà catalogués. Leurs torches ont fait d’eux des criminels. Leurs capuches des coupables. Et, naïvement, on leur reproche de prêcher l’anonymat.
Alors oui, je les comprends. Qu’ils restent bien cachés. A quoi bon décliner son identité si tout le monde la rejette?