Le ministre de la défense Ueli Maurer, venu ce mardi présenter le rapport annuel du service de renseignement, s'est refusé à donner des détails. Le dossier est actuellement en consultation interne. Il reste à déterminer jusqu'où aller et dans quelles conditions.
Une piste pourrait passer par une instance de contrôle. Le sujet reste délicat. Et lié à l'actualité, a rappelé le conseiller fédéral Ueli Maurer: après un attentat la pression est plus forte.
En 2007, le Conseil fédéral a voulu autoriser les agents fédéraux à surveiller des communications (courrier, téléphone, courriel), observer des faits dans des lieux privés, si nécessaire en installant des micros, ou perquisitionner secrètement des systèmes informatiques. Malgré les garde-fous prévus, le Parlement lui a retourné sa copie.
A cela est venu s'ajouter le scandale des milliers de données collectées abusivement par les services secrets. Le dossier devrait être clos d'ici la fin de l'année, selon Ueli Maurer. De 114'000 cas pendants, il n'y en a plus que 16'000. Deux tiers des données ont été effacées.
D'après le ministre de la défense, la nouvelle loi visera d'abord la «sécurité des citoyens». Dans l'avant-propos du rapport, il affirme qu'il est possible de concilier gain en efficacité et protection des droits fondamentaux.
Jihadistes
Le document reprend la formation au jihadisme comme thème sensible. Selon le directeur du service de renseignement Markus Seiler, une dizaine de départs depuis la Suisse vers des camps ont été constatés et il existe de premiers indices non confirmés de retour.
La surveillance préventive des réseaux de radicalisation et de recrutement islamistes reste un défi, note-t-il. Les services secrets ne peuvent pas procéder à des écoutes téléphoniques ni surveiller des locaux privés.
En attendant, le rapport annuel trace les perspectives sécuritaires pour la Suisse. Il n'y a pas de risque direct et dominant, selon Markus Seiler. La menace s'internationalise et Internet joue un rôle toujours plus important.
Avec le printemps arabe, la Suisse doit s'attendre à une migration constante et assez forte. Des risques pour les citoyens et les ambassades helvétiques dans les pays concernés ne sont pas à écarter. Dans d'autres domaines, comme l'approvisionnement en énergie, les conséquences sont jugées assez faibles. Plus que le pétrole, c'est le gaz (qui vient de Russie) qui pourrait poser problème.
Extrémistes
Rayon terrorisme, la Suisse n'est toujours pas une cible prioritaire. Mais les enlèvements restent un risque pour les touristes helvétiques. La disposition à la violence des extrémistes suisses est jugée plus faible qu'à l'étranger (tuerie en Norvège, attentats d'anarchistes italiens à la lettre piégée, cellule néonazie en Allemagne).
Ni l'extrême droite ni l'extrême gauche ne mettent l'Etat en danger, selon Ueli Maurer. A noter que le service de renseignement ne peut surveiller des mouvements politiques. Pour qu'il intervienne, il faut qu'il y ait un rapport concret à la violence. Mais il y a toujours une zone grise, a reconnu le conseiller fédéral.
Cyberattaques
La prolifération d'armes présente quant à elle de multiples risques. La haute technologie helvétique suscite les envies. La Suisse peut être utilisée pour contourner des difficultés d'acquérir des composants sensibles dans l'UE. Dans certains cas, des sanctions contre des entreprises suisses pourraient faire mal à toute l'économie. Certaines délocalisations peuvent saper le efforts de l'Etat.
Enfin, la Suisse n'est pas à l'abri des espions, qu'ils s'attaquent à ses institutions, à son économie, aux organismes internationaux ou aux étrangers vivant sur territoire helvétique. Le problème majeur restera la menace des cyberattaques.