Les composantes de l'opposition syrienne vont constituer une coalition forte et unie pour accélérer la chute du régime de Bachar al-Assad. Un accord signé tôt lundi matin a été salué par les Etats-Unis et la France qui promettent leur soutien à ce projet.
Cet accord a été conclu après d'épuisantes négociations menées depuis jeudi sous l'égide du Qatar et de la Ligue arabe. Il répond aux voeux de pays arabes et occidentaux qui souhaitent une opposition unie au sein d'une instance exécutive susceptible de traiter avec la communauté internationale et de canaliser les aides.
Le nouvel organe est constitué des mouvements en exil et de ceux qui opèrent en Syrie. Sa principale composante est le Conseil National Syrien (CNS) présidé par Georges Sabra, nouvellement élu.
Cette coalition devrait s'appeler officiellement "Coalition nationale syrienne de l'opposition et des forces révolutionnaires". Elle sera présidée par un religieux modéré: cheikh Ahmad Moaz Al-Khatib.
Les vice-présidents en seront Riad Seif, ancien député à l'origine de l'initiative d'unification de l'opposition, et Souheir Atassi, qui a joué un rôle dans la coordination du soulèvement à l'intérieur de la Syrie.
La signature de cet accord est "un pas important sur la voie de la chute du régime", a affirmé Riad Hijab, ancien Premier ministre syrien ayant fait défection en août. Le Premier ministre et ministre des Affaires étrangères du Qatar, cheikh Hamad ben Jassem Al Thani, ainsi que le ministre turc des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, assistaient à cet événement.
"Besoin d'armes"
Dans un discours, cheikh Al-Khatib, a affirmé que le peuple syrien fait l'objet "d'une extermination systématique". Il a appelé la communauté internationale à l'aider pour parvenir à la chute du régime.
Quant à Georges Sabra, il s'est demandé pourquoi les Syriens ont le sentiment d'être abandonnés par la communauté internationale. "Nous n'avons pas seulement besoin d'argent et de pain, nous avons besoin d'armes pour nous défendre", a-t-il ajouté.
Soutien américain
Peu après la signature de l'accord, les Etats-Unis ont annoncé apporter leur soutien. "Nous avons hâte de soutenir la Coalition nationale qui ouvre la voie à la fin du régime sanglant d'Assad et à l'avenir de paix, de justice et de démocratie que mérite le peuple entier de la Syrie", a déclaré le porte-parole adjoint du Département d'Etat Mark Toner. Ce dernier est cité dans un communiqué.
Cette nouvelle instance a également reçu le soutien de la France. Le chef de la diplomatie française Laurent Fabius a qualifié cet accord d'"étape majeure".
Combats meurtriers
En Syrie, le régime qualifie de "terroristes" les opposants et les rebelles qui luttent contre le régime. Sur le terrain, les combats ont fait rage dimanche entre rebelles et soldats pour le contrôle de villes clés notamment près de la frontière turque. L'aviation syrienne a mené des frappes contre plusieurs secteurs du Nord-Est près de l'Irak.
Les combats ont débordé au sud du pays, où un obus de mortier syrien est tombé dans la partie du Golan occupée par Israël, poussant l'armée israélienne à tirer des coups de semonce en direction de la Syrie. Il s'agit du premier incident du genre depuis près de 40 ans, selon des sources militaires israéliennes.
Au total, au moins 64 personnes, dont 25 civils, ont péri dimanche à travers la Syrie, selon un bilan provisoire de l'Observatoire syrien des droits de l'homme. Au total, les violences ont fait plus de 37'000 morts depuis le début de la crise en mars 2011, selon la même source.