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Turquie: manif réprimée après la mise sous tutelle d'un grand quotidien hostile à Erdogan

Vendredi soir en Turquie, la police a utilisé les gros moyens pour disperser la foule qui manifestait devant le grand quotidien Zaman après la saisie demandée par un procureur d'Istanbul. Les Etats-Unis ont appelé la Turquie à respecter la liberté de la presse et les valeurs démocratiques.

05 mars 2016, 12:56
La police a fait usage de gaz lacrymogène et d'un canon à eau contre les manifestants.

La police turque a fait usage de gaz lacrymogène et d'un canon à eau vendredi soir pour disperser la foule. Celle-ci cherchait à l'empêcher de pénétrer dans les locaux du quotidien Zaman après la saisie demandée par un procureur d'Istanbul.

Un tribunal de la ville a ordonné le placement sous tutelle judiciaire du journal, a rapporté dans la journée l'agence de presse progouvernementale Anatolie. Zaman est un farouche adversaire du président islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan.

Le groupe Zaman, qui possède aussi l'agence de presse Cihan, est réputé proche de l'imam Fethullah Gülen, devenu l'ennemi numéro 1 de M. Erdogan depuis un retentissant scandale de corruption qui a éclaboussé le plus haut sommet de l'Etat fin 2013.

Les raisons de cette mise sous tutelle, qui doit se traduire par la nomination de nouveaux administrateurs à la tête du groupe, n'ont pas été immédiatement précisées par Anatolie.

Des dizaines de journalistes et de salariés se sont rassemblés devant le quartier général stambouliote du groupe Zaman en brandissant des pancartes en faveur de la liberté de la presse, selon des images diffusées en direct sur le site internet du groupe de presse.

Le chef de l'Etat accuse M. Gülen, 74 ans, d'être à l'origine des accusations de corruption qui l'ont visé il y a deux ans et d'avoir mis en place un "Etat parallèle" destiné à le renverser, ce que les "gülenistes" nient.

Purges et poursuites judiciaires

Depuis ce scandale, les autorités turques ont multiplié les purges, notamment dans la police et le monde judiciaire, et les poursuites judiciaires contre les proches de la nébuleuse Gülen et ses intérêts financiers.

Au total, quelque 1800 personnes soupçonnées d'appartenir aux réseaux gülenistes ont été arrêtées depuis, selon les médias proches du gouvernement. L'annonce de la saisie de Zaman intervient alors que les détracteurs de M. Erdogan dénoncent ses pressions croissantes sur la presse d'opposition.

Deux journalistes du quotidien d'opposition Cumhuriyet, Can Dündar et Erdem Gül, doivent être jugés à la fin du mois pour avoir fait état de livraisons d'armes d'Ankara à des rebelles islamistes en Syrie. Incarcérés pendant trois mois, ils ont été libérés il y a une semaine mais risquent la prison à vie.

 

Réaction à Washington

Les Etats-Unis ont appelé vendredi la Turquie à respecter la liberté de la presse et les valeurs démocratiques, dénonçant la mise sous tutelle du quotidien d'opposition Zaman.

"Nous percevons cela comme la dernière d'une série d'inquiétantes actions judiciaires et policières prises par le gouvernement turc pour cibler des médias et ceux qui le critiquent", a regretté le porte-parole du département d'Etat John Kirby.

La diplomatie américaine, par la voix de ce porte-parole, a appelé les autorités turques à "s'assurer que leurs actions maintiennent les valeurs démocratiques universelles inscrites dans leur propre Constitution, dont la liberté d'expression et en particulier la liberté de la presse".

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